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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/256

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RÉDEMPTION. DONNÉES DE L’ANCIEN TESTAMENT


et de la sorte préparé les voies a l'Évangile… Bref, sans supprimer les facteurs humains, il les aurait utilisés et dirigés, conformément à un plan dont les grandes lignes se laissent entrevoir. »

2. Principaux cas d’espèce.

Une idée multiforme comme l’est celle de rédemption rend l’usage de ces préceptes d’une saine méthode particulièrement nécessaire et bienfaisant. De ce chef, tous les faits de la première catégorie doivent être exclus d’emblée comme n'étant pas ad rem. La rédemption chrétienne, en effet, est autre chose que le concept d’une Providence bienveillante ou vaguement libératrice, et cela non seulement parce qu’elle se réfère à la personne du Christ, mais parce qu’elle porte sur un objet tout différent. îl ne s’agit pas ici d'échapper aux misères de l’existence, mais de parer au désordre introduit par les défaillances coupables du libre arbitre : la carence de l’humanité religieuse à l'égard de ceci apparaît d’autant plus sensible que croît davantage sa préoccupation de cela.

Au contraire, le sens du péché, la présence de formules ou de rites d’expiation, dans la mesure même où ils sont établis, sont l’indice normal du besoin auquel le dogme chrétien de la rédemption a précisément pour but de satisfaire. Les faits de ce genre sont donc à retenir comme une disposition psychologique plus ou moins lointaine à l'égard du christianisme, mais tout aussi incapable d’en expliquer la naissance que l’appétit de créer l’aliment ou la maladie de faire arriver le médecin. D’autant que ces parties saines où se traduisait, jusque dans le paganisme, l’action de la religio perennis restèrent elles-mêmes toujours de caractère très mêlé.

Seule donc serait proprement en relation directe avec le problème tel que la foi chrétienne le pose et le résout l’idée d’une médiation à fins expiatoires. Idée suffisamment naturelle, au demeurant, [jour qu’il n’y ait pas lieu de s'étonner que la conscience humaine en ait eu quelques soupçons.

Mais on chercherait vainement une religion où elle ait pris corps. Les victimes contraintes n’ont trop manifestement rien de commun avec l’oblation personnelle du Christ sur la croix. Bien qu’elle se meuve sur un plan supérieur et soit, dès lors, beaucoup plus rare, la notion d’après laquelle un chef devrait se vouer aux dieux infernaux pour le salut des siens relève d’un tout autre concept religieux que l’expiation du péché. Prendre pour une identité une lointaine et grossière analogie serait le pire des contre-sens.

En tout cas, le culte des dieux morts et ressuscites mérite moins que tout autre d’entrer en ligne de compte. Car « l’idée que le dieu meurt et ressuscite pour conduire ses fidèles à la vie éternelle n’existe dans aucune religion hellénique à mystères. Cette victoire du dieu sur la souffrance et la mort est bien pour l’initié… le symbole et la garantie d’une vie bienheureuse dans l’au-delà… Mais la mort du Dieu n’est pas un sacrifice expiatoire. » A. Boulanger, Orphée, Paris, 1925, p. 102. D’ailleurs, « avant l'ère chrétienne », d’après Éd. Meyer, Ursprung und Anfdnge des Christentums, t. iii, Stuttgart et Berlin, 1923, p. 393, « l'épithète de Sôler n’est nullement caractéristique de ces divinités ». Pour une discussion détaillée, voir B. Allô, Les dieux sauveurs du paganisme gréco-romain, dans Revue des sciences phil. et llie’ol., t. xv, 1926, p. 5-34 ; L. de Grandmaison, Dieux morls et ressuscites, dans Jésus-Christ, Paris, 1931, t. ii, p. 510-532 ; A. Médebielle, art. Expiation, col. 9-13 et 44-48.

Si donc il est possible de relever dans les religions païennes, particulièrement au début de notre ère, une certaine « aspiration vers le christianisme », H. Pinard de La Boullaye, op. cit., p. 479, nulle part on ne peut

y découvrir « une fermentation religieuse capable de le produire tel quel ».


II. Message chrétien. —

Tandis que, dans le paganisme, la rédemption n'était, au mieux, qu’une vague tendance ou un obscur pressentiment, la révélation chrétienne allait en faire une réalité. Voir Le dogme de la rédemption. Essai d'étude historique, p. 2999 ; Étude théologique, p. 25-71.

Données préparatoires de l’Ancien Testament.


Entre certaine théologie qui la majorait à plaisir et la critique moderne qui voudrait la réduire presque à rien, la portée religieuse de la Loi judaïque est exactement marquée par la parole de l’Apôtre : Umbram habens Lex fulurorum bonorum. Hebr., x, 1. Vue de croyant que vérifient les observations de l’historien.

1. Le peuple de Dieu.

Avec la connaissance du Dieu unique et de la loi morale qu’il devait au Décalogue, il est incontestable qu’Israël eut en mains tous les éléments pour acquérir une vraie notion du péché. Que ces principes n’aient pas toujours été mis en pratique et se soient trop souvent associés à bien des superstitions, ce n’est guère douteux : ils n’en étaient pas moins posés et ne pouvaient donc pas ne pas exercer une certaine action.

Comme remède au péché, en même temps que la pénitence que ne cessaient de recommander les prophètes, ainsi Is., i, 11-18 ; Jer., iii, 22 ; Joël, i, 12, et les bonnes œuvres, .1er., vii, , ">-7 ; Dan., iv, 24, la Loi offrait à la conscience juive diverses variétés de sacrifices. Voir A. Médebielle, art. Expiation, col. 48-81. Les critiques dirigées contre ceux-ci par quelques prophètes, Ain., v, 25 :.1er., vii, 22 ; Mal., i, 7-8, ou psalmistes, Ps., xi.ix, 8-10 et L, 17-18, visaient des abus et non pas l’institution, Non moins qu'à des impuretés purement légales ou à des manquements rituels, ils s’appliquaient aussi à des fautes morales proprement dites. En assurant le pardon divin, ils entretenaient de la sorte un sentiment de culpabilité dans les âmes religieuses et il n’est pas jusqu'à leur multiplicité même qui ne put déjà, comme devait l’observer Hebr., x, 1-4, donner l’intuition d’un déficit.

2. L’avenir messianique.

Cette paix avec Dieu, à laquelle tendait sa vie normale, Israël l’attendait surtout de l’avenir, lui effet, parmi les biens de l'époque messianique entrait la rémission des péchés, ls., iv, 3 et xxxiii, 21 ;.1er., xxxi, 34 et xxxiii, 8. Par où il faut entendre, avec l’exemption île la vindicte divine, un état intérieur de sainteté qui rendrait enfin le peuple élu digne de sa vocation. l'.z., xxxvi, 24-25 ; Os., ii, 16-21.

Au lieu de reporter l’origine de cette grâce à la seule miséricorde, Isaïe, lui, 1-12, l’attribue aux souffrances expiatoires d’un « serviteur » de Jahvé, qu’il représente comme une victime innocente broyée pour les crimes du peuple et lui obtenant le pardon par la vertu de son sacrifice. Haute et mystérieuse figure dont la critique admet de plus en plus que les traits ne peinent convenir qu’au Messie. Voir art. Messianisme, t. x, col. 1474-1476 ; A. Médebielle, art. Expiation, col. 90-101). Dès là qu’il aurait suffi de quelques justes pour préserver Sodome, Gen., xviii, 2233, cf. Ex., xxx, 11-15, rien d'étonnant à ce que le juste par excellence procure aux siens le même bienfait.

Il est vrai que la tradition judaïque ne devait pas s’ouvrir à cette révélation précoce des peines rédemptrices du Messie futur. Voir Judaïsme, t. viii, col. 16281634 ; J. Bonsirven. Les idées juives au temps de Notre-Seigneur, Paris, 1934, p. 160-162 ; Le judaïsme palestinien au temps de Jésus-Christ, Paris, 1935, t. i, p. 380-386. Ce qui s’expl ique par les préjugés nationaux d’Israël.

On y retient du moins le principe général de cette