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    1. RELIGION##


RELIGION. ORIGINE, DOCTRINE DE L’EGLISE

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sunt, in prsesenti quoque generis humani condilione ab omnibus expedite, firma certitudine, et nullo admixto errore cognosci possint. Non bac tamen de causa révélât io absolute neccssaria dicenda est, sed quia Deus ex inlinita bonitate sua ordinavit hominem ad finem supernaturalem ad participanda scilicet bona divina quæ humance mentis intelligentiam omnino superant, siquidem « oculus non vidit, nec auris audivit, nec in cor bominis ascendit, quæ prseparavit Deus iis, qui diligunt illum. » (I Cor., ii, 9).

Canon 2. Si quis dixerit, fieri non posse, aut non expedire, ut per revelationem divinam homo de Deo cultuque ei exhibendo doceatur : A. S.

Canon 3. — Si quis dixerit, hominem, ad cogniticnem et perfectionem, quae naturalem superet, divinitus evehi non posse, sed ex se ipso ad omnis tandem veri et boni possessionem jugi profectu pertingere posse et debere : A. S.

(Denz.-Banmv. n. 1765, 1806, 1786, 1807, 1808).

pas par eux-mêmes inaccessibles à la raison humaine, puissent aussi, dans la condition présente du genre humain, être connus de tous sans difficulté avec une ferme certitude et à l’exclusion de toute erreur. Ce n’est pas pourtant pour cette cause que la révélation doit être déclarée absolument nécessaire, mais parce que Dieu dans son infinie bonté a ordonné l’hommea la fin surnaturelle, c’est-à-dire à la participation de biens divins qui dépassent tout à fait l’intelligence de l’esprit humain ; « car l’oeil n’a point ui, ni l’oreille entendu, ni le coeur de l’homme conçu les choses que Dieu a préparées à ceux qu’il aime » (I Cor., ii, 9).

Canon 2. — Anathème à qui dirait qu’il ne peut se faire ou qu’il n’est pas expédient que l’homme soit instruit par la révélation divine sur Dieu et le culte à lui rendre.

Canon 3. — Anathème à qui dirait que l’homme ne peut être élevé divinement à une connaissance et à une perfection qui surpassent celle qui lui est naturelle ; mais que de lui-même il peut et doit par un progrès perpétuel parvenir enfin a la possession de tout vrai et de tout bien. Traduct. Vacant, dans Études théologiques sur les constitutions du concile du Vatican, 1. 1, p. 283 et p. 343.

C’est le traditionalisme, mais entendu au sens strict, que le concile a voulu al teindre. Dans le schéma élaboré par la Députation de la foi il est dit, en effet :

Quant à ce qui regarde le traditionalisme, il a paru suffisant de poser un principe qui l’exclut efficacement. Ce prin cipe est le suivant : dans la nature raisonnable de l’homme, se trouve la puissance de connaître Dieu au moyen des créatures. Si quelqu’un disait qu’il est complètement impossible à l’homme, alors même qu’il posséderait la puissance de raisonner sans entrave, d’arriver à une connaissance certaine de Dieu, sans un enseignement positil transmis sur Dieu, il nierait ce principe. Pour la question de savoir si une éducation est nécessaire pour que l’homme parvienne à l’usage de sa raison, elle n’est pas touchée. Vacant, ibid., p. 286.

C’est de plus la possibilité mais non le fait de la connaissance de Dieu par les lumières de notre raison que le Concile enseigne. Une note jointe au Schéma rédigé par la commission prosynodale le disait nettement :

La question n’est pas une question de fait, il n’est pas question do savoir si des indi idus I irent leur première connaissance de Dieu, de cette manifestation naturelle, OU s’ils ne sont pas plutôt p< rtés à le chercher i > : i r ta révélation i eux proposée, et s’ils n’apprennent pas son existence par l’enseignement qui tour est donné. Mais ce qui est en cause et ce que les Écritures affirment Immédiatement, c’esl le pouvoir de la raison ; c’est que la manifestation objective de Dieu par les créatures s’adapte a l’organisation de la raison humaine, ei que celle-ci possède des ressources, grflee auxquelles elle peut connaître Dieu en vertu de ici te manifestation. » Ibid, p. 288.

De plus le canon dans le projet portait les mots ab homine. Le '19e amendement demanda leur suppression : « On propose la suppression des mots ab homine, de peur que nous ne semblions définir comme, un

dogme de foi, qu’il ne saurait jamais se rencontrer d’homme adulte qui ignore Dieu invinciblement. On pourrait ajouter le mot humaine au mot rationis. » « L’observation parut juste. Mgr Casser demanda l’adoption de cet amendement, au nom de la Députation de la foi. 1211e fut votée presque unanimement. » Vacant, ibid., p. 290.

De quelle sorte de connaissance s’agit-il ? Un Père avait voulu qu’on parlât de connaissance par démonstration, proposant d’ajouter aux mots : « être connu », ceux de « être démontré », et demonstrari. Mgr Gasser demanda le rejet de cet amendement, estimant, en particulier, qu’il disait trop en affirmant « non seulement que Dieu peut être connu avec certitude par la lumière naturelle, mais encore que l’existence de Dieu peut être prouvée et démontrée avec certitude. Bien que connaître et démontrer expriment jusqu'à un certain point la même chose, cependant la Députation de la foi préfère une formule adoucie, à celle un peu dure qu’on vous propose ». Vacant, ibid., p. 198. [Le serment anti-moderniste a repris le mot demonstrari, qu’avait écarté le concile. Denz.-Bannw., n. 2145.]

Mais cette connaissance de Dieu, ne fût-elle pas acquise par voie strictement et explicitement démonstrative, est certaine. Par cette assertion le concile visait les Encyclopédistes et la philosophie critique allemande. Rapport de Mgr Gasser au nom de la Députation de la foi. Vacant, ibid, p. 301. Et cette connaissance certaine, la raison humaine a été capable de l’acquérir dès l’origine et a continué d’en être capable malgré la chute, puisque saint Paul dit que « ce qui est invisible en Dieu se découvre à la réflexion depuis la création du monde par ses œuvres ». Rom., i, 20.

Ainsi est enseignée la capacité constante de la raison humaine de connaître Dieu avec certitude ; mais, d’autre part, en ce qui concerne l’individu, rien n’interdit de penser que cette capacité dépende de l'éducation qui est nécessaire pour amener la raison à son plein exercice ; en fait cette capacité peut n’aboutir point à une démonstration véritable mais simplement aune sorte de raisonnement instinctif.

2. Rôle de la révélation.

Il est double.

a) Pour la connaissance des vérités en soi accessibles à la raison, elle n’est pas absolument mais moralement nécessaire. — Sur ce point le concile du Vatican se réfère à la doctrine de saint Thomas d’Aquin, puisque la note 10 du schéma sur la doctrine catholique contre les erreurs dérivées du rationalisme renvoie aux Questions sur la Vérité (q. xiv, a. 10), à la Somme contre les Gentils (t. I, c. rv) et à la Somme théologique (IIa-IIæ, q. ii, a. 4). Voici comment Vacant résume saint Thomas sur ce point : « Il y aurait trois inconvénients, dit le grand docteur, à ce qu’on chercha ta connaître sans autre secours que la raison, ces vérités qui lui sont accessibles. « Le premier inconvénient, c’est que peu d’hommes parviendraient ainsi à la connaissance de Dieu, soit faute d’une intelligence suffisante, soit faute de loisirs, soit faute de courage pour entreprendre et mener à bonne fin cette étude. « Le second inconvénient, c’est le petit nombre de ceux qui pourraient arriver ainsi à cette connaissance, n’y parviendraient qj’après un long temps, soit à cause de la profondeur des vérités en question, soit à cause des connaissances nombreuses que cette recherche présuppose, soit à cause que les jeunes gens n’ont pas le calme et la sagesse qu’elle exige. « Le troisième inconvénient, c’est qu’il se mêlerait des erreurs à cette connaissance, de sorte qu’elle resterail douteuse pour beaucoup d’hommes. Il était donc nécessaire que nous fussions menés à cette connaissance par le chemin de la foi, de sorte que tous pussent facilement participe] à la connaissance de Dieu, et cela