d’erreurs morales, par le Saint-Office, le 7 décembre 1690, n. 4). Les infidèles eux-mêmes peuvent recevoir la grâce suffisante, comme il résulte de la condamnation de la proposition suivante : Pagani, Judsei, hæretici aliique luijus generis nullum omnino accipiunt a Jesu Christo influxum ideoque hinc recte infères, in illis esse voluntaiem nudam et inermem sine omni gralia sujjicienti. (Erreurs condamnées le 7 décembre 1690, n. 5.) Denz.-Bannw., n. 1096, 1294, 1295.
Et cette « influence du Christ s’est fait sentir avant comme après la rédemption (quoi qu’en aient dit les augustiniens de stricte observance), moins abondante sans doute, mais assez pour que nul n’ait été privé des avances divines ; et ces avances, s’il y voulait répondre, devaient avoir pour effet de le conduire à la justification et au salut ». J.-V. Bainvel, Nature et surnaturel, 5e éd., Paris, 1920, p. 270. Far conséquent, là même où la révélation positive et extérieure n’est pas parvenue, la grâce divine agissant à l’intérieur peut créer la religion ou aider sa création par l'âme.
Sans doute ces données de la foi ne s’imposent pas du point de vue scientifique ou même philosophique, du moins en ce qui concerne la révélation primitive. Mais d’abord cette dernière concorde avec l’idée de la Providence qu’inculque la simple métaphysique. Puis l’incompétence de l’ethnologie et de la psychologie empirique sur les origines les empêche d’y contredire.
Enfin plusieurs faits s’expliquent fort bien par cette révélation primitive.
a) L’universalité dans le temps et l’espace du fait religieux, très généralement reconnue aujourd’hui, ce que l’on pourrait aussi appeler son universalité psychologique, c’est-à-dire son emprise sur toute l’activité psychique, étant donné le dynamisme profond qu’un Boutroux et un Bergson y ont décelé, tout cela s'éclaire au mieux par l’impulsion première donnée par Dieu à la religion en vertu d’une intervention se surajoutant ou plutôt se mêlant intimement aux tendances naturelles de l’homme.
b) La religion revêt spontanément une forme traditionnelle. Ses éléments constitutifs sont transmis par la société à l’individu non comme résultant d’une initiative de cette société, mais comme un héritage reçu par elle et dont elle doit garder fidèlement le dépôt, comme le patrimoine remontant aux origines du clan, de la tribu ou de la cité. Et c’est ce caractère traditionnel, ce mas majorum que l’on invoque pour justifier le caractère obligatoire des croyances et des pratiques. Si la religion en question est une réforme datée, cette réforme est rattachée à une révélation qui se transmet ensuite par voie de tradition.
c) Cette forme traditionnelle de la religion tient au caractère transcendant de l’objet de la religion qui fait que pratiquement celle-ci doit être représentée comme une révélation. « On ne peut, sans méconnaître l'élément original et spécifique de la religion dans la conscience de l’homme religieux la ramener soit à une institution sociale, soit à un système individuel de sentiments, de croyances et de rites, soit même à un composé d’initiatives personnelles et de réactions collectives « ayant Dieu pour objet ». Car ce à quoi le fidèle s’attache comme a l’essentiel de sa foi, ce n’est pas à un objet, idée ou force dont il disposerait pour l’avoir formée ou captée, c’est à un sujet, à un être non seulement doué de vie, de volonté, mais encore mystérieux, inaccessible aux prises naturelles de notre pensée cl de notre action, ne se livrant donc que par grâce, par le témoignage qu’il rend de lui-même et de sa propre transcendance, par la lettre révélée nu prescrite des dogmes et des pratiques qui mettent à notre portée son incommunicabilité même : d’où l’idée essent ici lement religieuse d’une tradit ion qui transmet la révélation et le pacte d’alliance comme un dépôl sacré.
L'élément social ou individuel n’est que subordonné comme un moyen ou une matière, ce n’est pas l'élément formel de la religion. Ainsi la religion dite « natu- « relie » n’est qu’un extrait tardif, artificiel et dénaturant de la religion qui, devant la conscience et l’histoire, apparaît toujours comme positive en tant qu’elle s’apparaît à elle-même comme pénétrée d'éléments surnaturels. Et quelles que soient les déviations ou les inconséquences qui l’infléchissent, soit vers les formes superstitieuses et la magie, soit vers un symbolisme idéologique ou vers une statolâtrie, il importe de dégager en sa pureté originelle et logique, le trait distinctif de la religion, dont les explications philosophiques (qu’elles soient psychologiques, métaphysiques ou sociologiques) ne sauraient rendre un compte suffisant. » Maurice Blonde), art. Religion, dans le Vocabulaire de philosophie d’André Lalande, t. ii, p. 704.
En définitive l’origine de la religion est une collaboration première de l’homme et de Dieu à laquelle Dieu est resté constamment fidèle malgré les multiples infidélités dé l’homme.
IV. Classification des religions.
I. d’après leurs milieux sociaux. — Voici l’application que fait le P. Schmidt de la méthode cyclo-culturelle à l’histoire de la religion.
1o « Dans la civilisation de la petite culture [civilisation primaire postérieure aux civilisations primitives étudiées col. 2229 sq. ]. — La femme, qui s’est mise à cultiver les plantes, a vu grandir son rôle économique et sa fonction sociale. Ce changement a eu pour conséquence l’apparition d’un culte de la Terre-Mère et d’une forme religieuse de la mythologie lunaire où la lune est représentée comme une femme. De bonne heure Terre-Mère et lune (féminine) sont mises en relation l’une avec l’autre. « Sous cette influence l'Être suprême se mue souvent lui-même en femme. Parfois on se contente de lui adjoindre la Terre comme fille, sœur ou femme. La Lune est censée donner le jour à deux jumeaux, la Lune claire et la Lune sombre. La Lune claire représente tout ce qui est bon et beau. Nous la voyons, dans la civilisation du boumerang, entrer en rivalité avec l'Être suprême. Tantôt elle se combine avec lui et tantôt elle le supplante. La Lune sombre représente tout ce qui est obscur, haïssable et mauvais. Elle règne sur le monde souterrain et sur les morts. Le culte des morts, qui se célèbre au sein de sociétés secrètes organisées par les hommes et pour eux seuls, donne l’essor à l’animisme, lequel se révèle encore plus préjudiciable à la religion de l'Être suprême. « Le sacrifice végétal de prémices s’offre à la TerreMère. Les offrandes d’aliments et de boissons, déposées sur la tombe des morts, donnent naissance à une nouvelle espèce de sacrifice, que conclut souvent un repas sacrificiel. La force vitale, dont le sang est le siège, est souvent utilisée pour l’accomplissement de rites magiques de fécondité. Bientôt apparaît, dans ce contexte magique, le sacrifice sanglant, en particulier celui du cœur arraché tout vif, celui de la chasse aux crânes, etc.
2o « Dans la civilisation de la grande chasse. — La conscience de leur force s’accroît chez l’individu et chez la tribu, du fait des progrès réalisés dans l’armement et dans l’art de conduire la chasse en groupe. Cette assurance donne naissance à la magie active, laquelle trouve dans la civilisation de la grande chasse, son vrai terrain de développement.
" Une liaison s'établit, en des conditions qu’il n’est pas encore possible de préciser, entre l’homme et le soleil. Toute une mythologie solaire apparaît. Le Soleil Y est représenté comme la source des énergies naturelles, de toute beauté, de vie éternelle. « Il s’agit surtout du jeune Soleil matinal, auquel