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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/546

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    1. RESURRECTION##


RESURRECTION. L’ANCIEN TESTAMENT

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lution religieuse d’Israël. L’individualisme, qui commence avec l’exil, et le problème de la sanction portaient puissamment à rechercher une communauté éternelle avec Dieu et, pour être parfaite, cette communauté exige la résurrection. Cf. Notscher, Altorientalischer und alltestamentlicher Auferstehungsglau.be, Wurtzbourg, 1926, p. 241. Voir aussi Dictionnaire de la Bible, art. Résurrection des morts, t. v, col. 1066-1067. 1° Le livre de Job.

Selon Notscher, un premier

rayon de cette espérance en la résurrection future brille déjà dans le livre de Job. A première vue, il semblerait même que le texte classique, emprunté à Job, xix, 25-27, par la liturgie des morts (3e nocturne. 8e leçon), soit une affirmation explicite de la croyance en la résurrection. Le texte de la Vulgate exprime très nettement cette croyance. Mais il s’en faut que l’hébreu soit aussi clair. Voici la traduction de l’hébreu :

Qui donnera que soient écrites mes paroles !

Qui donnera que sur l’airain elles soient gravées,

Qu’avec un burin de fer et de plomb

Pour toujours sur le roc elles soient sculptées !

Moi, je sais que mon défenseur (goël) est vivant

Et que, le dernier, sur terre il se lèvera

l’t derrière ma peau je nie tiendrai debout,

Et de ma chair, je verrai 1 loah lia lumière de Dieu),

Lui que, moi, je verrai, moi.

Et que mes yeux regarderont, et non un autre :

Mes reins languissent dans mon sein !

(Traduction P. DUorme, Le livre île./ « />, Paris, 1920, p. 257.)

On se reportera à l’art. Job, t. viii, col. 1 173-1474, pour l’interprétation de ce passage, où il est difficile de voir une attestation explicite en faveur de la résurrection future. Tout au plus peut-on dire « que celui sur qui pèse si lourdement le fardeau de la nonespérance aspire, au fond, à se survivre ; que celui pour qui s’est réalisé un commerce si personnel avec Dieu possède en germe la foi à l’éternelle destinée de l’àme : et que celui en qui habite le sentiment d’une si haute responsabilité morale soupçonne l’impérissable valeur de l’homme, supérieure à celle de l’ « arbre » dont la vie paraît indestructible ». Art. cit., col. 1474. Cn devra également consulter le commentaire littéral de P. Dhorme sur ce difficile passage.

2° L’idée de la résurrection future dans la résurrection du peuple d’Israël. —

Un argument indirect, mais non négligeable, peut être pris chez les prophètes qui prédisent la résurrection d’Israël comme peuple, mais en empruntant un vocabulaire propre à la résurrection individuelle des hommes.

1. Ainsi, le prophète Osée décrit la restauration d’Israël, purifié de ses fautes (vi, l-’_) :

Venez ! retournons à Jahvé !

Car c’est lui qui a déchiré et qui guérira ;

Il frappe et il nous mettra des bandages.

Il nous rendra la vie après deux jours ;

Le troisième jour, il nous relèvera

Et nous vivrons devant lui…

Ce sont les anciens commentateurs surtout qui ont vu dans ce passage une prophétie littérale et directe de la résurrection du Christ ou de notre résurrection dans le Christ. Il n’y a dans cette interprétation qu’une simple accommodation. Voir Osée, t. xi, col. 1650. Toutefois on remarquera que I Cor., xv, 54 et Heb., ii, 14, où saint Paul parle de notre résurrection finale dans et par le Christ sont une allusion certaine aux expressions dont Osée se sert, xiii, 1. Il ne semble pas cependant que ce dernier passage d’Osée puisse s’entendre d’une promesse de salut et de résurrection. Voir Van Hoonacker, Les douze petits prophètes, Paris, 1908, p. 125.

2. Le prophète Isaïe considère le peuple tout entier d’Israël comme un individu : de nouveau Israël sera sauvé de la mort et de l’anéantissement, c’est-à-dire de l’exil, et se relèvera pour être conduit par Dieu vers une nouvelle vie politique et religieuse. Le c. xxvi est expressif à cet égard : c’est le cantique qui sera chante dans la terre de Juda. Les ennemis d’Israël seront anéantis, leurs morts ne revivront point et leur mémoire même disparaîtra (v. 13-14). Puis, s’adressant au peuple régénéré :

Ils vivront, vos morts ;

Ceux qui m’ont été tués ressusciteront ; Réveillez-vous et chantez,

(Vous) qui habitez dans la poussière ; [mière

Parce que votre rosée. Seigneur, est une rosée de lul’. t la terre Tera renaître les ombres (les trépassés).

(Is., xxvi, 19.)

3. L’idée de cette résurrection du peuple d’Israël éclate surtout dans la grandiose vision d’Ezéchiel, xxxvii, 1 sq. Dans cet te vision, le prophète a sous les yeux des ossements desséchés épais dans une vaste plaine. Sur l’ordre de Jahvé, il voit ces ossements se revêtir de muscles, de chair et de peau. L’esprit revient cn eux. ils revivent, se redressent et forment une grande armée. On croirait la scène de la résurrection des morts. Mais cette résurrection n’est, cn réalité, qu’une figure de la résurrection du peuple d’Israël. Faut-il supposer qu’Ézéchiel entendait prendre la résurrection générale comme le terme de comparaison dont ses auditeurs devaient se servir pour mieux comprendre la promesse de la restauration d’Israël ? Ce sens, adopté par un cei tain nombre de commentateurs, semble forcé et ne ressort pas du texte. Sur les Pères qui ont interprète ce passage en faveur de la résurrection, voir Knabenbauer, In Ezechielem, Paris, 1890, p. 379-380.

4. Plus significatif, à coup sûr, du point de vue qui nous occupe, est le livre de Daniel. Ici, en effet, quoique la résurrection de la chair ne soit pas expressément mentionnée, il est question d’un réveil individuel et général des hommes à la fin des temps :

Dan., xii : (1) En ce temps-là se lèvera Michel, le grand prince qui protège les fils de ton peuple, et ce sera un temps d’angoisse comme il n’y en a pas eu depuis que des nations existent jusqu’alors. Mais en ce temps ton peuple sera sauvé (c’est-à-dire i quiconque sera trouvé inscrit dans le livre. (21 Et beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et l’opprobre éternels. (3) Et les sn^es brilleront comme l’éclat du firmament, et ceux qui auront conduit beaucoup à la justice, comme les étoiles à jamais et pour toujours.

De toute évidence. Daniel prophétise le réveil du peuple juif sous Antiochus Épiphane. Néanmoins ce réveil est. dans la lumière prophétique, relié au réveil final du dernier jour. Comme dans Is., xxvi, 19, il est prévu que les défunts ressusciteront pour prendre part au bonheur définitif des élus. « Beaucoup se lèveront de la poussière » : beaucoup, c’est-à-dire tous ; cf. Esther, iv, 3. Il n’avait été précédemment question que des Israélites, c’est pourquoi la résurrection ne semble ici prévue que pour eux. Toutefois, on ne saurait dire que les païens soient exclus. Daniel se propose pour but de consoler la communauté juive : aussi ne parle-t il du salut qu’en tant qu’il les concerne. Ceux qui vivront au moment où se réalise le bonheur messianique y prendront part dans la mesure où ils cn sont dignes. Les défunts ressusciteront dans ce but ; mais ceux-là seulement qui ont vécu dans la sainteté reverront la lumière pour s’en réjouir éternellement ; les autres sont voués à une honte éternelle. Daniel ne nous dit pas en quoi consistera la honte des pécheurs : quant aux justes ils seront comme des étoiles, brillant de l’éclat du firmament. On retrouvera ces affirmations et ces comparaisons dans Joa., v, 29 et I Cor., xv, 41 ; cf. Sap., ni, 7.

Ce rapport étroit qui s’affirme chez Daniel entre la résurrection et les perspectives messianiques se retrouvera désormais fréquemment dans la pensée juive.