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5. Les Machabées.

Le IIe livre des Machabées atteste, d’une façon peut-être plus ferme encore que Daniel, la croyance en une résurrection future de la chair, commune aux bons comme aux méchants, résurrection de félicité pour ceux-là, d’opprobre pour ceux-ci.

Tout d’abord, cette foi est consignée, avec la plus grande précision, dans le récit du martyre des sept frères et de leur mère, sous Antiochus Épiphane. Plusieurs de ces jeunes héros se consolent en évoquant la certitude de leur résurrection et, s’adressant au tyran, ils lui en font une menace : « Scélérat que tu es, lu nous ôtes la vie présente, mais le Roi de l’univers nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mouions pour être fidèles à ses lois. » II Mac, vii, 9. « Je liens ces membres du ciel, mais, à cause de ses lois, je les dédaigne et c’est de lui que j’espère les recouvrer un jour. » II Mac, vii, 11. « Heureux ceux qui meurent de la main des hommes, en espérant de Dieu qu’ils seront ressuscites par lui I Quant à toi, ta résurrection ne sera pas pour la vie. » II Mac, vii, 14. On peut se demander si, dans ce dernier texte, la finale ne signifierait pas simplement qu’Antiochus ne reviendrait pas du tout à la vie. Mais il semble beaucoup plus conforme à la pensée générale du discours, d’admettre que l’àvâaTamç de, Çmtjv dont il est ici question répond à la résurrection elç Çcùyjv àio’mov que Daniel oppose à la résurrection pour l’opprobre éternel. Dan., xii, 2. Voir ci-dessus. Enfin, c’est la mère elle-même qui soutient le courage de ses fils en leur disant : « Le créateur du monde vous rendra dans sa miséricorde et l’esprit et la vie, parce que maintenant vous vous méprisez vous-mêmes pour l’amour de sa loi. » II Mac, vii, 23.

Ensuite, le passage invoqué en faveur du purgatoire, voir ce mot, t. xiii, col. 1166, contient un enseignement direct concernant la résurrection. La récompense apparaît, ici encore, liée à la résurrection qui doit permettre au ressuscité de prendre sa part au bonheur messianique. On sait dans quelles conditions étaient tombés les soldats pour qui Judas Machabée faisait offrir un sacrifice. Nonobstant ces conditions défectueuses, Judas n’hésite pas : « Une collecte ayant été faite, il envoya à Jérusalem 12 000 drachmes d’argent, afin qu’un sacrifice fût offert pour les péchés des morts, pensant bien et religieusement touchant la résurrection (car s’il n’avait pas espéré que ceux qui avaient succombé devaient ressusciter, il (lui) aurait semblé superflu et vain de prier pour les morts)… » On le voit, Judas Machabée a en vue, avant tout, la résurrection de ses soldats pécheurs. Mais il subordonne cette lésurrrection à l’expiation, dans l’autre vie, du péché commis dans le pillage de Jamnia. Ressuscites, les soldats auront part à la récompense réservée à ceux qui s’endorment dans le Seigneur.

6. Le livre de la Sagesse est rempli d’enseignements touchant l’état des bons et des méchants après la mort. L’immortalité de l’âme est nettement enseignée. Sap., m, 21 ; iii, 1-iv, 20. Après la mort, le sort des justes est opposé à celui des méchants : le jugement les attend, les uns et les autres, iv, 20. Mais ensuite, les méchants regretteront leur erreur et envieront les justes qu’ils ont méprisés sur terre, v, 1-13. Les justes vivront éternellement, id., ꝟ. 16. Dans ces enseignements, il n’est pas question directement de la résurrection des corps. Mais, en rapprochant Sap., IV, 20, de Dan., xii, 1-3, où les justes sont dits venir au jugement en corps et en âme, on ne peut s’empêcher de considérer les affirmations du livre de la Sagesse comme une nouvelle confirmation des croyances relatives à la vie, dans l’au-delà, de l’âme et du corps.

II. LA THÉOLOGIE JUIVE PALESTINIENNE.

Il est Indispensable d’indiquer, au moins sommairement, les enseignements de la théologie juive immédiatement antérieure à la prédication de l’évangile : ils éclairent, en effet, à la fois et la continuité de la tradition juive, et la portée de la prédication chrétienne. Nous suivons ici le P. Bonsirven dans son étude : Le judaïsme palestinien au temps de Jésus-Christ. Sa théologie, t. i, p. 168 sq. (quelques références ont été corrigées). On peut se référer aussi au P. Lagrange, Le judaïsme avant Jésus-Christ, Paris, 1931, p. 353 sq.

1 ° La foi en la résurrection des corps chez les Juifs. —

Cette foi ne doit pas être confondue avec la simple croyance en l’immortalité de l’âme. Car la résurrection des corps en général institue la vie de l’au-delà dans un cadre social, collectif, et fait participer le corps et la matière aux sanctions éternelles. Une telle foi en la résurrection des corps marquait dans les croyances juives une véritable révolution doctrinale et religieuse qui ne pouvait manquer de susciter des opposants. Entre les pharisiens et les sadducéens, la question de la résurrection des corps provoquait une telle divergence de vues que leur haine commune du Christ ne la pouvait réduire. Cf. Marc, xii, 18-27 ; Matth., xxii, 23-33 ; Luc, xx, 27-38 ; Act., xxiii, 6-10 ; xxvi, 5-8. La résurrection des morts est, pour les pharisiens, un dogme incontestable que seuls nient tous les adversaires du judaïsme officiel, hérétiques, gentils, samaritains. Le Talmud est explicite sur tous ces points. Talmud (de Babylone), Wilna, 1896, Sanhédrin, x, 1, commenté en 90 b. Les sadducéens étaient parmi les plus farouches négateurs et Rabbi Nathan explique même par là leur origine. Abolh, i, 11. Cette rigidité doctrinale des pharisiens est de beaucoup postérieure à l’acceptation universelle de la croyance. On peut donc se demander dans quelle mesure, à l’époque du Christ, la foi en la résurrection générale des corps était partagée par le peuple. Nous venons de voir, que l’auteur du deuxième livre des Machabées et plusieurs de ses héros attestent leur foi sur ce point. Cf. II Mac, xii, 43-46 ; vii, 9, 11, 14, 23, 29. L’auteur du premier livre ne se préoccupe pas de cette perspective. On ne peut cependant de ce silence faire un argument positif contre la croyance des contemporains à la résurrection des corps.

Les apocryphes fournissent quelques indications précieuses. Dans le Livre d’Hénoch, la résurrection est nettement affirmée dans la dernière partie, Hen., xci, 10 ; xcii, 3 ; ciii, 4. Le livre des Paraboles est moins explicite, li, 1 ; lxi, 3. Le texte A’Hen., xxii, 4, 11, 13, annonce que les âmes sortiront de leurs réceptacles pour le jugement ; mais il peut y avoir jugement sans résurrection. Voir M.-.I. Lagrange, op. cit., p. 330. Le livre des Jubilés semble nier la résurrection, puisque « les os des justes restent dans la terre ». xxiii, 31. A l’opposé, les Testaments des Patriarches mentionnent la résurrection comme un grand motif de consolation et d’espérance, si toutefois nous ne sommes pas ici en face de remaniements qui auraient développé et accentué la notion de résurrection. Cf. R. Eppel, Le piétismejuij dans les Testaments des douze Patriarches, Paris, 1930, p. 107. La croyance en une résurrection des corps se retrouve dans l’Apocalypse de Moïse, xiii, 3 ; xxviii, 4 ; xli, 2. Croyance inexistante dans l’Assomption de Moïse, xiii, 3 ; xxviii, 4 ; xli, 2, qui montre Israël allant directement au ciel, x, 9 ; et dans VHénoch slave. Les Psaumes de Salomon, tout en affirmant que les « craignant Dieu » se lèveront pour la vie éternelle, iii, 1 1-16, mais pas les impies, laissent cependant dans l’ombre une croyance explicite en la résurrection ; et cette croyance est pratiquement exclue ou ne vient pas en ligne de compte dans IV Esdras, vii, 31-32 ; v, 45 ; xiii, 136. Cf. Vaganay, Le problème eschalologique dans le IV livre d’Esdras, Paris, 1906, p. 83. Le P. Bonsirven exclut pareillement la perspective de la résurrection des grands textes messianiques de l’Apocalypse