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RIGOLEUC (JEAN)

HIMIM CONCILE DE

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maître : c’est d’après les notes prises au « Troisième An » par le P. Rigoleuc que le P. Pierre Champion composa, avec des modifications et remaniements qu’il est impossible de déterminer, l’exposé de cet enseignement présenté dans le remarquable ouvrage : Vie et doctrine spirituelle du P. Louis Lallemanl, Lyon, 1694. Quelques années auparavant, le même P. Champion avait public une Biographie du P. Piigoleuc et ses Œuvres spirituelles (Traités et Lettres), Lyon, 1680, (rééditions à Avignon, 1822, à Paris, par le P. Auguste Hamon, 1931 ; traduction anglaise, 1859). Sur la haute valeur de l’auteur spirituel et de l'écrivain, ainsi que sur ses rapports doctrinaux avec le P. Lallemant, voir l’art. Lallemant Louis, t. viii, col. 2159-2461.

Nous croyons devoir signaler plus en détail deux opuscules moins connus du P. Rigoleuc, qui intéressent la théologie pastorale et la pratique pénitent ielle ; ils furent l’un et l’autre composés au cours de ses missions, afin d’aider les prêtres de paroisse danleur ministère.

Le premier est intitulé : Instruction sur les principaux devoirs des confesseurs et catéchistes, avec une conduite pour une retraite de trois jours et des avis pour la direction des paroisses et pour ceux qui prétendent à la prêtrise ; « dressé suivant l’ordre et le commandement » de Mgr Sébastien de Rosmadec, évêque de Vannes, il fut approuvé par ce prélat, en 1646, « avec injonction aux prêtres et confesseurs de le lire diligemment… » Le second opuscule : Conduite des confesseurs au fait de l’absolution, fut, d’après le P. Champion, imprimé sur l’ordre de Mgr Charles de Rosmadec, neveu et successeur du précédent. Après la mort du P. Rigoleuc, les supérieurs du séminaire de Vannes réunirent les deux opuscules et les publièrent de nouveau sous le titre : Instructions ecclésiastiques sur les principaux devoirs des confesseurs et des catéchistes et sur les exercices de piété propres de leur état, avec une conduite pour la retraite de trois jours, Vannes, 1680, 278 p. : réédition Cæn, 1749, 199 p. Ces Instructions ecclésiastiques constituent un document intéressant sur la théologie pastorale du xviie siècle et sur l'état du ministère pénitentiel dans les diocèses bretons à la même époque. En particulier les premiers chapitres (cas où l’on doit donner l’absolution, cas où l’on doit la refuser, cas où l’on peut douter qu’on doive la donner) montrent qu’une pratique pénitentielle de caractère nettement probabiliste, et en somme à peu près semblable à la nôtre, existait en Bretagne avant la réaction rigoriste des Provinciales et de l’Assemblée du clergé de 1700. Signalons aussi les pages qui exposent « une méthode pour l'étude des cas de conscience ». A plusieurs reprises le P. Rigoleuc fait de cette étude une obligation grave pour les confesseurs. Comme premier livre d'étude il recommande aux prêtres peu instruits le Directeur des confesseurs de Bcrtaut. Il s’agit du Directeur des confesseurs en forme de catéchisme contenant une méthode nouvelle, brève et facile pour entendre les confessions, par M. Bertin Bertaut, prêtre du diocèse de Coutauces, l re édition vers 1634 ; A. Degert, La réaction des Provinciales sur la théologie morale en France, dans Bulletin de littérature ecclés., Toulouse, 1913, p. 404, a noté le très grand succès et la propagation très étendue de ce petit livre, qui atteignait en 1668 sa 25e édition. A Bertaut, le P. Rigoleuc invite de joindre le Manuale de Navarrus, l’Inslitutio de Tolet, les Medullæ casuum de Fcrnandez et de Binsfeld ; de tous ces ouvrages il existait des traductions françaises. Il conseille en outre de compléter celle élude personnelle par des a conférences et disputes publiques et privées (de cas), dont l’exercice éclaire et instruit beaucoup les esprits ».

Sommervogel, Whl. de lu Comp. de Jésus, t. vii, col. 18.">01851 ; Henri Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux…, t. v, Paris, 1920 ; Auguste I tamon, S. J., Jean Rigoleuc, Œuvres spirituelles, dans la collection Maîtres spirituels.

Paris, 1931 ; A. Pottier, La doctrine spirituelle du P. Louis Lallemant. Texte primilij, Paris 1936. Préface.

R. Brouillard.

RIM INI (CONCILE DE).— Ce concile des évêques d’Occident fut convoqué par l’empereur Constance dans le but de mettre fin aux controverses trinitaires par l’acceptation de la quatrième formule de Sirmium, que le souverain estimait susceptible de concilier toutes les divergences. Le concile devait ensuite résoudre les difficultés d’ordre personnel et local qui avaient surgi en diverses Églises d’Occident au cours de la controverse dogmatique. Un concile des évêques orientaux, réunis à Séleucie d’Isaurie devait réaliser ! c même programme pour l’Orient. Voir la lettre de l’empereur Constance au concile de Rimini, dans saint Hilaire, Fragmenta historica, vii, P. L., t. x, col. 695 sq. ; ou mieux Corpus de Vienne, t. lxv, p. 93 sq. ; Sulpice-Sévère, Chronica sacra, t. II, c. xli, P. L., t. xx, col. 152 sq.

Au printemps de l’année 359, quatre cents évêques se trouvaient réunis à Rimini. L'Église romaine n'était pas représentée. Il se peut que le gouvernement impérial qui, à cette époque, reconnaissait deux papes, Libère et Félix, voir l’art. Libère, t. ix, col. 635 sq., ne jugea pas possible de les convoquer tous les deux, ni d’en inviter un en ignorant l’autre. A défaut du pape, il semble que la présidence du concile fut dévolue à Restitutus de Carthage. Ursace de Singidunum, Valens de Mursa, Germinius de Sirmium et Gaius, dont le siège épiscopal est inconnu, présentèrent à l’agrément des Pères le symbole de foi rédigé à Sirmium le 22 mai 358, qui proclamait « le Fils semblable au Père, selon les Écritures », et qui ajoutait : « Quant au terme d’ousie, que les Pères ont employé avec simplicité, mais qui cause du scandale aux fidèles auxquels il est inconnu, les Écritures ne le contenant pas, il a paru bon de le supprimer et de ne plus parler d’oi/s/'e à propos de Dieu et du Fils. Mais nous croyons que le Fils est semblable au Père en toutes choses, comme le disent et l’enseignent les Écritures. » Voir cette formule dans Athanase, De synodis, c. viii, P. G., t. xxvi, col. 692 sq. ; Socrates, Hisl. ecd., l.II, c.xxxvii, P. G., t. lxvii, col. 305 sq. ; Hahn, Bibliolhek der Symbole, Breslau, 1897, p. 204. Mais la grande majorité du concile, estimant que la formule de Sirmium était « une nouveauté » qui contenait « beaucoup de points de doctrine perverse », décida « ne pas devoir abandonner le symbole reçu…, ni s'éloigner de la foi reçue de Dieu par les prophètes et par le Christ, le Saint-Esprit l’enseignant dans les évangiles et dans tous les apôtres ; laquelle foi parvint par la tradition des Pères, selon la succession apostolique, jusqu'à ce qui fut traité à Nicée contre l’hérésie de ce temps et dure jusqu'à maintenant. Nous ne croyons pas pouvoir lui ajouter quelque chose et il est clair que rien n’en peut être retranché. Quant au terme et à la réalité (rem) de substance, un grand nombre de textes scripturaires l’ayant insinué à nos esprits, on ne doit pas y toucher, l'Église catholique ayant toujours accoutumé de les confesser et de les enseigner avec la doctrine divine ». Voir la définition du concile de Rimini dans Hilaire, Fragmenta historica, vu, 3, P. L., t. x, col. 697, Corpus de Vienne, t. lxv, p. 95 ; voir aussi la lettre du concile à Constance, Fragmenta historica, viii, 1, col. 699 et p. 78 sq.

Ensuite le concile excommunia Ursace, Valens, Germinius et Gaius pour avoir « essayé de renverser ce qui avait été décidé à Nicée », et pour avoir présenté une profession de foi inadmissible (21 juillet 359). Fragmenta historica, vii, 1, col. 697 et p. 96.

Une délégation de dix membres du concile, conduite par Restitutus de Carthage, fut envoyée à l’empereur avec une lettre explicative pour lui communiquer ce que la majorité venait de décider. La minorité, qui