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RIMINI (CONCILE DE ;


comptait environ quatre-vingts évêques, dépêcha, elle aussi, plusieurs de ses membres vers l’empereur. Ursace et Valens étaient à leur tête. Les deux délégations rencontrèrent Constance aux environs de Constantinople. Il reçut immédiatement les membres de la minorité que Valens lui amenait et refusa de voir Restitutus et ses compagnons. Il leur enjoignit d’attendre sa décision à Andrinople d’abord, ensuite dans une station postale de Thrace, nommée Niké. Ursace et Valens y vinrent les visiter et les chapitrèrent si bien qu’ils se prêtèrent à signer le formulaire de Sirmium, aggravé du fait que le Fils n’était plus dit « semblable au Père en toutes choses », mais seulement « semblable selon les Écritures ». La formule signée par Restitutus et ses compagnons est appelée le symbole de Niké. Voir cette formule dans Théodoret, Hist. eccl., t. II, c. xvi, P. G., t. lxxxii, col. 1049 ; Athanass, De synodis, c. xxx, P. G., t. xxvi, col. 745 ; Hahn, op. cit., p. 205. Il n’est pas invraisemblable qu’Ursace et Valens, qui ne dédaignaient pas les petites habiletés, se soient promis de profiter de la similitude des noms de Niké et de Nicée pour faire passer leur formule comme le symbole de l’illustre concile de Nicée.

Après avoir donné leur signature, Restitutus et ses collègues annulèrent les décisions prises à Rimini, le 21 juillet précédent ; ils levèrent l’excommunication portée contre Ursace, Valens, Germinius et Gains et certifièrent que ceux-ci n’avaient jamais été hérétiques (10 octobre 359). Ensuite, les deux délégations revinrent ensemble à Rimini. Voir la décision de Restitutus dans Fragmenta historica, viii, P. L., col. 702, Corpus de Vienne, p. 85 sq.

La grande majorité des Pères qui se morfondaient à Rimini depuis des mois ne fit pas trop de difficulté pour suivre Restitutus dans sa palinodie. Une vingtaine de récalcitrants, groupés autour de Phébade d’Agen et de Servais de Tongres, vinrent à résipiscence quand Valens les eut autorisés à ajouter au formulaire de Niké des anathématismes dans lesquels ils condamnaient ceux qui enseignent : 1. que le Christ-Dieu n’a pas été engendré avant tous les siècles ; 2. que le Fils n’est p ;.s semblable au Père selon les Écritures ; 3. que le Fils n’est pas éternel comme le Père ; 4. que le Fils est une créature comme les autres créatures ; 5. que le Fils est du non-être (ex non exstantibus) et non du Père ; 6. qu’il fut un temps où le Fils n’était pas. Voir ces anathématismes dans saint Jérôme, Adversus Luciferianos, c. xviii, P.L., t. xxiii, col. 171, qui les donne comme proférés par Valens lui-même en plein concile, avec l’assentiment général ; mais ceci est inconciliable avec l’attitude de la majorité des Pères vis-à-vis de Valens, telle qu’elle ressort des pièces authentiques citées plus haut, et avec le récit de Sulpice-Sévère dans Chronica sacra, t. II, c. xlv, P. L., t. xx, col. 154.

La pièce Fragmenta historica, appendix, sur laquelle s’appuie J. Lciller ( Les origines chrétiennes dans les provinces danubiennes, p. 287, n. 1), pour avancer que le quatrième anathématisme ne contenait pas les termes « comme les autres créatures » n’estpas de saintHilaire, comme l’éditeur de P. L. le fait remarquer en note. Le Corpus de Vienne ne l’a pas insérée parmi les Fragmenta historica. Du reste, Sulpice-Sévère est formel pour l’addition des termes « comme les autres créatures » dans le quatrième anathématisme ; et il ajoute que Phébade ne s’est aperçu que plus tard des conséquences que les ariens pouvaient en tirer.

Le concile fut clos après que tous les évêques eurent signé le formulaire et adressé à l’empereur une lettre pour le remercier de son zèle pour la foi. Voir cette lettre dans Fragmenta historica, ix, col. 703 et p. 87. Une délégation, conduite par l’inévitable Valens, se rendit à Constantinople, pour annoncer à l’empereur la réussite de son entreprise. Arrivée à Constantinople,

elle entra en relation avec les homéîns, groupés autour d’Acace le Borgne, malgré les objurgations de saint Hilaire et nonobstant une lettre pressante qui leur fut adressée par les évêques homéousiens. Cette lettre se trouve dans Fragmenta historica, x.col. 705 et p. 174. Enfin, le 1 er janvier 360, la pacification religieuse de l’empire fut proclamée, tous les évêques d’Orient et d’Occident présents aux deux conciles convoqués par l’empereur ayant donné leur assentiment à la formule de Niké-Rimini. Voir Séleucie d’Isaurie (Concile de). Mais, dans le courant de cette même année 360, les évêques des Gaules, réunis à Paris, cassèrent ce qui avait été décidé à Rimini. Les évêques d’Italie en firent autant trois ans plus tard. Voir la lettre des évêques de Gaule dans Fragmenta historica, xr, col. 710 et p. 43 sq. ; la lettre des évêques d’Italie, Fragmenta historica, xiii, col. 716 et p. 158.

La formule de Rimini ayant été dans les siècles suivants la règle de foi des Églises barbares appelées communément ariennes, il est utile d’en donner ici la traduction complète. « Nous croyons en un seul vrai Dieu, le Père tout-puissant, de qui tout est, et au Iils unique de Dieu, engendré de Dieu avant tous les siècles et tout commencement, par lequel tout a été fait, ce qui est visible comme ce qui est invisible, lequel est seul engendré, lui seul du Père seul. Dieu de Dieu, semblable à celui qui l’a engendré, selon les Écritures, sa génération étant inconnue de tous, hormis du Père qui l’a engendré. Nous savons que ce Fils unique de Dieu, envoyé par le l’ère, est venu du ciel comme il est écrit, pour la destruction du péché et de la mort, qu’il est né selon la chair, du Saint-Esprit et de la vierge Marie, comme il est écrit, qu’il a vécu avec ses disciples et que, après l’accomplissement de toute l’économie selon la volonté du l’ère, il a été crucifié, est mort, et a été enseveli ; qu’il est descendu aux enfers, mais l’enfer a tremblé devant lui ; qu’il est ressuscité des morts le troisième jour ; qu’il conversa avec ses disciples et qu’après quarante jours il a été élevé au ciel ; qu’il siège à la droite du l’ère ; qu’il viendra au dernier jour de la résurrection dans la gloire du l’ère pour rendre à chacun selon ses œuvres. Nous croyons au Saint-Esprit, que le Fils unique de Dieu, Jésus-Christ, Dieu et Seigneur, a promis d’envoyer au genre humain, le Paraclet, l’Esprit de vérité, comme il est écrit, que le Fils a envoyé après son ascension au ciel, quand il se fut assis à la droite du Père, pour venir de là juger les vivants et les morts. Le terme d’ousie qui a été employé par les Pères avec simplicité, mais qui cause du scandale aux fidèles auxquels il est inconnu, les Écritures ne le contenant pas, doit être supprimé et dorénavant, on ne devra plus parler d’ousie, principalement parce que les Écritures ne mentionnent jamais Vousie par rapport au Père et au Fils. On ne doit pas non plus parler d’une seule substance (Û7r6ffraatç), par rapport à la personne du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Nous disons que le Fils est semblable au Père, comme le disent et l’enseignent les Écritures. Toutes les hérésies condamnées précédemment, ainsi que celles qui ont surgi dans ces derniers temps, en opposition à la présente formule, doivent être frappées d’anathème. »

Notons pour terminer que saint Jérôme estime cette formule susceptible d’une interprétation bénigne, même la raison qui y est donnée pour prohiber le terme ousie lui semble plausible, verisimilis ratio pnvbebatur. Adversus Luci/erianos, c. xviii, col. 171. C’est quand il parle plus loin de la perfide interprétation donnée par Valens de Mursa aux décisions conciliaires qu’il écrit les mots célèbres : Tune usia> nomen abotitum est ; tune Nicasnse jidci damnai io eonclamala est. Ingemuil lotus orbis et arianum se esse miratus est, c. xix, col. 172 C. Il semble aussi que la formule de

DICT. DE THEOL. CATHOL.

IV.

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