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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/707

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ROIS (LIVRES III ET IV DES). VALEUR HISTORIQUE


le meurtre avait été perpétré dans cette ville, mais un texte des Annales d’Assurbanipal (Cylindre de. Rassam, iv, 70 sq.) indique pour le lieu du crime Babylonc et probablement l’entrée du temple, qui doit être celui de Mardouk, devenu dans la Bible, Nesroch (cf. l’écriture hébraïque des deux noms "]"T*10 et "]"1ÛJ). D’après l’opinion du P. Condamin, longuement exposée dans Recherches de science relig., 1918, p. 18-24, le m : urtre de Sennachérib aurait eu lieu à Ninive. 1’n nouveau texte cunéiforme publié en 1920 confirmerait, d’après l’interprétation d’Ungnad, cette opinion. Cf. Zeitschr. fiir Assyriologie, t. xxxv, p. 50-51. Quant aux noms eux-mêmes des meurtriers, des cinq fils de Sennachérib un seul pourrait être rapproché de celui d’Adramélech. Les prismes d’Asarhaddon et d’Assurbanipal, trouvés à Ninive en 1927-1928, et récemment publiés par Thomson : The Prisms of Esarhaddon and of Ashu.rbem.ipai jound ai Nineveh 1927-1928, 1931, racontent longuement les événements qui amenèrent Asarhaddon à recueillir la succession de Sennachérib ; on n’y trouve pas la moindre allusion à la fin tragique de ce dernier, assassiné par ses fils, d’où le soupçon déjà précédemment formulé qu’Asarhaddon lui-même pourrait bien être le parricide. Cf. Revue biblique, 1932, p. 469-470.

Parmi les nombreux rois tributaires d’Asarhaddon (680-069), figure Manassé, roi de Juda. Prisme B. III Rawlinson, 15-16. Il est encore sur une liste des tributaires d’Assurbanipal (668 625). A la mort de ce roi qui avait porté à son apogée la puissance et la civilisation assyriennes, la décadence de l’empire fut extrêmement rapide, Ninive succombant en 612 sous les coups des Babyloniens, des Mèdes et des Perses coalisés. Les pays bibliques, assujettis jadis à l’Egypte puis à l’Assyrie, ne vont pas pour autant jouir de l’indépendance. La suprématie de Babylone ne tardera pas à prendre la place de celle de Ninive, et Nabuchodonosor (605-562) portera le dernier coup au royaume de Juda en prenant Jérusalem et en emmenant captifs ses habitants, ainsi que l’avaient prédit les oracles vainement répétés du prophète Jérémie. Sur un événement de cette importance les documents babyloniens n’ont jusqu’alors apporté aucune confirmation ou précision.

3. Palestiniens.

Parallèle au récit biblique des démêlés des rois d’Israël et de Juda avec Mésa, le roi de Moab, IV Reg., iii, 4-27, une inscription de Mésa lui-même, découverte en 18°>8, à Diban (Dibon), 20 kilomètres environ à l’est de la mer Morte, décrit le règne de ce roi et particulièrement sa lutte contre Israël. « J’ai fait, dit Mésa, ce sanctuaire a Camos de Qorkha en signe de salut, car il m’a sauvé de toutes mes chutes et il m’a fait triompher de tons mes ennemis. Amri, roi d’Israël, fut l’oppresseur de Moab durant de longs jours, car Camos était irrité contre son pays. Et son fils lui succéda et il dit lui aussi, j’opprimerai Moab. C’est de mon temps qu’il parla ainsi et j’ai triomphé de lui el de sa maison et Israël a péri pour toujours… » A en croire l’inscription moabite, Mésa n’aurait connu que des victoires sur Israël, mais ce qu’elle laisse entendre discrètement par ces mots du roi d’Israël : « J’opprimerai Moab. fait précisément l’objet du récit biblique de la campagne de Joram et de ses alliés les rois de Juda et d’Édom. De même ce que dit encore l’inscription de la reconstruction des villes de Beth Bamoth et de Beçer qui étaient en ruines ainsi que de la mise en état de défense de Qorkha, Qir Charoseth de la Bible, IV Reg., iii, .25, laisse supposer une campagne parfois malheureuse. Une telle discrétion n’est pas étrangère au récil biblique lui-même, qui termine une campagne victorieuse par la simple ment Ion <

retour dans le pays

des rois coalisés : i Prenant alors son lits premier-né, Mésa l’offrit en holocauste sur la muraille. Et une grande Indignation s’empara d’Israël et ils s’éloignèrent du roi de Moab et ils retournèrent dans leur pays… o

IV Reg., iii, 27. Que se passa-t-il exactement ? « Le point demeure obscur. Peut-être les Moabites combattirent-ils dès lors avec l’énergie du désespoir, peut-être les Israélites redoutèrent-ils l’efficacité de l’horrible sacrifice ; élevés depuis le règne d’Achab dans des idées à moitié païennes, ils ont pu craindre, non point que Chamos se mît en colère contre eux, mais que Jéhovah, auquel ils ne pouvaient offrir de victimes humai les, se trouvât dans cet état d’infériorité que les anciens coloraient publiquement en disant que leur dieu était en colère. Si l’on admet que le roi de Juda était Ochozias, le plus simple est de supposer que dès lors les Syriens étaient en campagne. Les deux rois, Joram et Ochozias, furent vaincus dans la première année du règne d’Ochozias à Ramoth Galaad et peu après tous deux périssaient de la main de Jéhu. Le triomphe de.Mésa était complet et il a pu croire, au moment où sombrait la dynastie d’Amri et où Jéhu reconnaissait la suzeraineté du roi d’Assyrie, qu’Israël était perdu, perdu pour toujours. » Lagrange, art. Mésa, dais le Dictionnaire de la Bible, t. iv, col. 1020 ; traduction et reproduction de la stèle dans l’article, col. 1014-1021.

Plus récemment ont été exhumés du sol de la Palestine maints vestiges dupasse, dont quelques-uns ne sont pas sans intérêt pour l’histoire des Livres des Rois. C’est ainsi que les fouilles de Tell-Djezer, à l’emplacement du Gézer biblique, ont mis à jour, entre autres précieuses découvertes, des traces de la reconstruction de la ville par Salomon. Gézer, en elfet, après avoir été incendiée par le pharaon, puis donnée en dot à Salomon, avait été reconstruite par ce roi. III Reg., ix, 15-17. Si les fouilles n’ont pas révélé une destruction radicale de Gézer, elles ont permis de relever la trace de vastes foyers d’incendie, ainsi que des vestiges de tours carrées et d’une partie du mur d’enceinte qui pourraient bien remonter à l’œuvre de restauration entreprise par le monarque israélite. Cf. Macalister, The excavation of Gezer, 1902-1905 and 1907-1909, t. i, p. 255.

Mageddo ou Megiddo fut également une des cités pour les travaux desquelles Salomon leva des hommes de corvée. III Reg., ix, 15. Or les fouilles, entreprises sur son emplacement par une mission américaine en 1928-1929, ont mis à jour des restes de bâtiments à usagj d’écuries, cornai ; le prouvent les détails d’une installation remarquable par son ampleur et l’ingéniosité de sa disposition. « Chacune des salles a son passage central pavé d’un dallage de lin calcaire bien conservé en certains endroits. De part et d’autre se développe parallèlement laplace réservée aux chevaux, recouverte de pierres brutes, destinées à prévenir le glissement des sabots et bordée de piliers vaguement carrés entre lesquels se trouvaient les nnugeoires en pierre. Ces piliers servaient en partie a supporter une toiture plate, en partie à séparer les chevaux l’un de l’autre et a les attacher, comme on peut en juger par les trous visibles à travers l’angle des montants et où passait le licou. L’ensemble de la construction mesure 55 mètres de long sur 22 m. 50 de large et pouvait abriter 120 chevaux. Une telle découverte, si intéressante en soi, présente de plus l’avantage de fournir la clef pour l’interprétation de monuments similaires, exhumés ailleurs comme à Tell el-IIezy, Gézer, Ta’annach, et dont la véritable signification avait échappé jusqu’ici. M. Guy (directeur des fouilles) la met en relation avec le maquignonnage auquel se livra Salomon d’après III Reg., x, 26 29. Revue biblique, 1932. p. 152. Un ouvrage hydraulique comprenant puits, tunnel, réservoir, de l’époque cananéenne, niais modifié partiellement au temps de Salomon, a été également découvert à Mageddo. Cf. Guy, New lighi from Armageddon (The Oriental Institiile <>/ the Uni vers ity oj Chicago, n. 9), 1931. A Jéricho, détruite par les armi es de Josué, a une date