Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


DICTIONNAIRE

DE

THÉOLOGIE CATHOLIQUE

Séparateur

Q


QUADRATUS, premier apologiste chrétien au premier quart du ir siècle. — Quadratus est la transcription latine du nom de Ko^pà-roç qui revient à plusieuisrepiises dans Y Histoire ecclésiastique d’Eusèbe. Ce nom se lit en effet, t. III, c. xxxvii. n. l, où il est question d’un « prophète » asiate, mentionné comme contemporain des filles du diacre Philippe ; c’est certainement le même personnage signalé 1. Y, c. xvii, n. 2-4, où on le voit figurer dans la meme compagnie : les filles de Philippe et Ammiade de Philadelphie. Il est fait mention d’autre part, t. IV, c. xxiii, n. 2, 3, d’un KoSpàxoç, évêque d’Athènes, qu’Kusèbe connaît par une lettre (non conservée) de Denys de Corinthe, et qui paraît bien avoir vêtu sous le règne d’Antonin le l’ieux (138161). Enfin, au t. IV, c. iii, n. 1, 2, Eusèbe raconte d’un certain Ko ?pâxoç qu’il adressa et remit à l’empereur Hadiien « une apologie qu’il avait composée pour la religion chrétienne, parce qu’alors des hommes malfaisants essayaient de tracasser les nôtres ». L’historien ajoute que cet écrit eut, parmi les chrétiens, une grande diflusion, qu’il l’a eu lui-même entre les mains. De cette apologie il cite quelques lignes, où il est question du caractère durable des miracles accomplis par Jésus-Christ. Plusieurs des personnes guéiies ou même ressuscitées par le Sauveur ont vécu, au dire de l’apologiste, jusqu’à une époque toute récente.

Ces données de VHistoire ecclésiastique, relatives à l’apologiste, se trouvaient déjà dans la Chronique. On y lit, à la IXe année d’Hadrien (au moins suivant la version hiérom mienne), que « Qucdratus, disciple de :, apôtres (auditeur des apôtres, dit l’arménien), et Aristide, philosophe athénien, l’un des nôtres ». remirent à cet empereur des et i it s apologétiques. Cette information ient d’ailleurs après une autre où il est dit qu’en cette année Hadrien vint se faire initier aux mystères d’Eleusis.

Les renseignements fournis par saint Jérôme soit dans le De viris, n. 19, soit dans la lettre a Magnus, Epist., lxx, 4, P. L., t. xxii, col. (Î67, proviennent tous d Lusèbe. Seulement Jéième les a fusionnés, sans aucun droit. Il arrive ainsi à faire de Quadratus un évêque d’Athènes qui, lors du passage d’Hadrien dans cette ville — l’empereur voulait se faire initier aux mystères d’Eleusis — remit à ee ! ui-ei une apologie en faveur de la religion chrétienne. Les critiques modernes

DICT. DE ThÉOL. CATIK I..

sont plus réservés : ils sont à peu près d’accord pour rejeter l’identification laite par Jérôme entre l’évêque d’Athènes et l’auteur de l’apologie. Quelques-uns se montrent enclins à identifier l’apologiste avec le prophète asiate ; mais ce n’est point le sentiment général. Mieux vaut laisser la question ouverte. La date de la composition de l’apologie a donné lieu également à débats. Jusqu’à la découverte du texte syriaque de l’apologie d’Aristide (voir ici, t. i, col. 18tiô), on mettait la composition des deux ouvrages de Quadratus et d’Aristide en 125-126, date fournie par la Chronique d’Eusèbe. II semble bien eiu’il faille aujourd’hui elescendre jusqu’au règne d’Antonin le Pieux la composition de l’apologie d’Aristide, qu’Eusèbe, par erreur, a reportée un peu plus haut. Il aura pu, dès lors, commettre pour Quadratus la même bévue. Mais est-il certain qu’il ait commis cette dernière ? On n’ose l’affirmer. Eusèbe n’a parlé que par ouï-dire du travail d’Aristide, tandis qu’il avait en main celui de Quadratus. La phrase qu’il en cite et qui parle de la longue survivance des miraculés de l’Évangile serait tout à fait surprenante si le livre de Quadratus était du milieu du iie siècle ! Tout compte fait, il vaut mieux s’en tenir aux données chronologiques fournies par la Chronique et, avec moins de précision, par l’Histoire ecclésiastique, et laisser dans la première moitié du règne d’Hadrien la composition de l’apologie en question. Cela a quelque intérêt, comme le lait remarquer A. Harnack, au point de vue de l’histoire de la littérature apologétique.

Son. me toute, néanmoins, tout le travail fait autour de Quadratus et de son œuvre laisse une impression quelque peu décevante si l’on tient compte du peu qui nous est resté de cette première apologie. Récemment, .1. Rendel Harris, encouragé par les brillants résultats des recherches autour du texte d’Aristide, s’est efforcé de montrer que des fragments importants de l’œuvre de Quadratus se sont incorporés à des d livres postérieures. De même que le roman de Barlaam et Joasaph a gardé de longs extraits d’Aristide, de même se retrouveraient des morceaux plus ou moins considérables de Quadratus, soit dans les Hcmélies clémentines, soit dans l’apologie que, dans les Actes de son martyre (attribués à Métaphraste), présente sainte Catherine (P. G., t. cxvi, col. 276 sq.), soit dans une apologie analogue incorporée aux actes de saint Eus T.

XIII

46.