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    1. RUSSIE##


RUSSIE. LE TEMPS DIVAN LE TERRIBLE

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Récit sur les derniers jours de lu vie du métropolite Macaire ( i", sept.-31 ilrc 1563) (en russe : Skazanie o poslednikh…), diins /ru. OUI., I. i.iv, 1909, 1 ; X. Lebedev, Macaire, métropolite de toute la Russie, Moscou, 188t (ce travail a paru d’abord dans les Ctenija obSfestva liubitelej dukhovnago prosveScen ija, 1 88( l- 1 88 1 >.

Au jeune empire il fallait un chœur de saints nationaux. C’est ce qui décida le souverain à procéder à une canonisation en niasse des saints de Russie. C’était là d’ailleurs une idée chère au métropolite Macaire. Jusqu’alors il n’y avait que peu de saints russes célébrés dans tout le territoire soumis au prince moscovite. Jusqu’au métropolite Macaire, il n’y en avait que sept : quinze autres curent leur culte étendu à toute la Russie par ce métropolite avant le concile de 1547 : beaucoup avaient reçu un culte local. La pratique avait varié suivant les cas : quelques saints avaient obtenu un culte autorisé par suite d’une intervent ion de l’autorité suprême dans l’Église, soit de Russie (les saints Boris et Gleb), soit de Constantinople même (saint Pierre de Moscou). Plus souvent on ignore tout de l’origine du culte qui semble avoir été surtout d’inspiration populaire et approuvé par l’autorité ecclésiastique locale. Un certain nombre de ces saints anciens sont légendaires, on se demande pourquoi certains autres ont reçu les suprêmes honneurs. D’autres enfin, on l’a vu lors de la dispute entre Vassian et Joseph de Volokolamsk, étaient acceptés par les uns et rejetés par les autres.

Quoi qu’il en soit, au début du règne d’Ivan le Terrible, surtout après les grands efforts littéraires de Macaire à Novgorod, il y avait en Russie nombre de personnages dont les vies avaient été écrites, qui recevaient un culte local et jouissaient d’une réputation de thaumaturge. Macaire décida d’étendre leur culte à toute la Russie. Cinq des nouveaux saints de Macaire, d’ailleurs, n’avaient pas encore eu de culte auparavant.

La plupart des auteurs russes parlent donc d’une canonisation en masse (de fait, dans les deux synodes de 1547 et 1549 on canonisa trente-neuf personnages). Le P. Peeters, dans son étude sur les saints dans l’Église russe, a trouvé l’expression de canonisation abusive. Il suflit de s’entendre. Manifestement les synodes de 1547 et de 1549 n’ont pas « canonisé » les saints russes comme on le fait en Occident, surtout depuis les réformes qui ont introduit la pratique actuelle. Le P. Peeters écrit : « Macaire a, par ordre du tsar, élevé au rang de culte liturgique le culte populaire dont jouissaient déjà plusieurs saints personnages. Mais s’il l’a rendu obligatoire, il n’en a modifié en rien le fondement traditionnel. Les saints qu’il a canonisés ne se distinguent pas de ceux qui sont montés sur les autels par simple prescription. Comme ces derniers, ils sont invoqués par l’effet d’une persuasion qui existe dans l’âme (lu peuple fidèle et non en vertu d’une décision péremptoire et indéformable qui serait devenue proprement le titre juridique de leur culte. » Analecta bolland., t. xxxiii, p. 398-399. Il suflit de noter que Macaire et son concile rendirent « liturgique » et « obligatoire » un culte qui auparavant n’était que « populaire ».

Il y eut deux conciles. Le premier, célébré le 2 février 1547, est connu surtout par l’acte officiel qui en fut envoyé à l’archevêque de Novgorod qui, comme toujours, semble n’avoir pas élé invité au concile. On y lit vingt-trois noms : vingt et un saints devront être célébrés avec office chaulé dans toute la Russie ; deux seulement. Procopcet Jean d’Ustiug ne seront célébrés qu’à l’stiug.

En 1549 un second concile fut réuni : » Les canons des nouveaux thaumaturges, leurs légendes, leurs miracles furent exposés devant l’assemblée, on produisit des témoignages de tous les saints conciles et il fut ordonné aux Églises de Dieu de chanter les offices liturgiques en l’honneur de ces saints. » C’est la la seule indication historique que nous ayons sur ce second concile. Une Vie de « saint » Jonas, le hiérarque moscovite rebelle aux décisions de Florence, contient les noms de ceux qui furent canonisés dans les conciles de Macaire. Lu soustrayant les noms de ceux qui lurent canonisés en 1547, ou obtiendrait la liste de ceux qui le furent en 1519. Le procédé ne nous autorise pas à des conclusions certaines sur les noms de ceux qui furent canonisés au second concile. Il y a des variantes notables dans les différentes listes qui nous sont parvenues des saints canonisés en 1547.

Il ne faut pas attacher d’importance juridique a ces conciles. L’un et l’autre restèrent pratiquement sans effet. On continua à éciire les livres liturgiques comme auparavant, sans trop tenir compte des nouvelles recommandations, tant et si bien que plusieurs saints, même des « grands thaumaturges », alors canonisés, ne se retrouvent pas dans les livres liturgiques du xvii c siècle. D’autres s’y introduisirent. Golubinskij va jusqu’à admettre que l’insertion des « saints » dans les livres liturgiques ou leur omission tout au cours du xviie siècle dépendait purement et simplement des… typographes. Le culte des saints in génère fait partie du dépôt doctrinal de l’Église russe. Mais il est manifeste que l’Église orthodoxe, durant de longs siècles, n’a pas considéré comme une chose touchant au dogme l’acceptation de tel ou tel saint in individuo dans ses listes de personnages canonisés et proposés au culte des fidèles.

Une copie authentique du décret du synode de 1517 a été découverte par <.-L. Kuntsevic, Liste authentique îles nouveaux thaumaturges (envoyée à) Théodose, archevêque de Novgorod et Pskov (Podlinnyj spisok…), dans Izv. Otd., t. XV, 1910, 1, p. 252-257. Une autre liste se trouve dans la lettre du métropolite.Macaire au clergé de Vologda et Belozero, Actes de la commission archéo graphique, t. i, n. 213, p. 203-20 1 ; cette liste a été traduite en français par le I’. Peeters (infra). La oie de saint Jonas se trouve en appendice dans V. Kliucevskij, Les anciennes’ics des saints russes considérées comme source historique (l)rcvnerusskija iilija…), Moscou, 1871. On trouvera d’autres indications dans la’ie d’Alexandre Xcvskij des Menées de Macaire (23 nov.), Moscou, 1916, col. 3225, et dans la Narration sur l’institution du pairiarcat moscovite écrite en 1629. Voir Supplément aux actes historiques (Dopolnenija k Aid. istor.), ii, p. 189. Pour les éditions du Sloglav, voir infra, col. litin.

V. Vasil’ev, Les conciles de 1547 et 1549 ( Soborg 1~>47 i 1549), dans Khr. C’.len., janv. 1889 ; du mé e. Histoire de lu canonisation îles saints russes ( Istorija Kanonizatsii…), dans ( l : ni !., IN !.-, ouvrsge trop diffus 1 1. (r ::lubinski.j, peu satisfait de ce travail, écrivit son Histoire de la canonisation des saints dans PÉglise russe ( Istorija Kanonizatsii…), dans /vie/, l’esL, juin-sept. 1894 ; une seconde édition entièrement refondue parut dans Ctenija, 1903, 1 ; c’est l’ouvrage capital sur la question ; voir les critiques de Suvorov dans iurn. Min. Sur. l’r., 1903, 7, p. 263-308, et du 1’. Peeters, dans Analecta bollandiana, t. xxxiii, 1914, p. 380-420, et noie complémentaire, ibid., I. xxxviii, 1920, p. 176.

Le concile des Cent chapitres (Sloglav) (1551).

C’est, de tous les conciles de l’ancienne Russie, le plus célèbre et le plus important, quoique, fait curieux, les chroniques contemporaines l’aient totalement passé sous silence. On en connaît les « actes » (si l’on peut appeler de ce nom les chapitres assez informes qui nous ont élé transmis) ; quelques documents contemporains font allusion à une législation conciliaire de date récente ; on a aussi les Sakaziuje spiski, trois mandements qui contiennent de larges extraits du Sloglav, parfois en reproduisant littéralement le texte de ces actes, parfois eu lui empruntant des idées exprimées sous une autre forme. Enfin, une lettre du métropolite Macaire au monastère de Simonov invite