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    1. RUSSIE##


RUSSIE. LE TEMPS D’IVAN LE TEKKIHLK

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les moines à transcrire les chapitres xi.ix-i.n (dans le recueil actuel, ce sont les chapitres ayant trait à la réforme monastique), lxvii-lxviii (sur le jugement ecclésiastique) et la xxxie question du tsar (probablement de la seconde série, où il est question des services religieux à célébrer dans les monastères), les chapitres lxxv et lxxvi (domaines monastiques et obligations de célébrer les offices pour les morts, condamnation de l’usure). On voit que ces chapitres sembleraient répondre à la division que nous avons aujourdhui. La lettre de Macaire est de juillet 1551.

On a reconnu aux actes du concile une telle importance qu’un des savants russes qui s’en est occupé le plus sérieusement, Dimitri Stefanovic, en trouva soixante et un manuscrits complets et sept fragments, nombre qu’il faudrait au moins doubler, pour ce qui est des manuscrits complets.

L’objet du Sloglav était de réformer l’Église de Russie, dépeinte dans les actes du concile sous des traits effrayants. Les décrets sont donc surtout disciplinaires. Il est malaisé de discerner l’apport des divers membres du synode, car. en dehors de trois ou peut-être de quatre prélats, les membres du concile ne se distinguaient ni par leur science, ni par leur intelligence.

Voici un court résumé du livre tel qu’il existe aujourd’hui, et tel qu’il semble avoir commencé à exister dès 1551.

Les premiers chapitres servent d’introduction : occasion du synode, membres qui y prirent part, court résumé ; une introduction plus ou moins poétique due probablement à la plume de quelque diak, un petit discours d’Ivan IV ; deux écrits du même, où le tsar fait l’historique des années précédentes et encourage les évêques au zèle.

Avec le e. v nous entrons en matière avec une liste de trente-sept questions posées par le tsar au synode. Il est cependant intéressant de noter quelques variantes : la plupart des questions sont vraiment adressées par le tsar aux évêques ; ainsi la première : Macaire, mon père, métropolite de toute la Russie, et vous archevêques et évêques, jetez les yeux… » ; les trois suivantes sont impersonnelles, mais la Ve, où il est question des incorrections dans la transcription des livres liturgiques, contient ces paroles : « Qu’est-ce que Dieu réserve, d’après les saints canons, à cette négligence et à notre grande incurie ? » On dirait que c’est le tsar qui se frappe la poitrine ? La question suivante est claire : « Les élèves apprennent négligemment à lire et a écrire, mais l’Écriture sainte contient des avertissements contre cela et nous, pasteurs, devrons répondre entièrement de cette négligence. »

Au c. vi nous avons une introduction entièrement nouvelle et le décret sur l’institution de doyens ecclésiastiques (popovskie slarosly) ; suivent une série de décrets d’ordre principalement liturgique (c. vii-xxv : puis c. xxvi-xxx), des instructions aux protopopes auxquels on confie plusieurs charges auparavant réservées aux doyens, enfin, c. xxxi-xi.. des prescriptions diverses. Plusieurs de ces chapitres répondent a quelques-unes des questions posées par le souverain au c. v.

Le c. xli contient une série de trente-deux nouvelles questions du tsar ; celles-ci sont d’ordre surtout liturgique ou encore ont trait à des superstitions. Les réponses ici suivent immédiatement les demandes. Le concile publie ensuite des instructions, des exhortatiers du tsar, des demandes d’ukazes, des décrets conciliaires ; il s’agit surtout de la répression de la simonie, c. xliv-xlviii, de la réforme des monastères, c. xlix-lii, du tribunal ecclésiastique, c. liii-lxv, du soin des pauvres, c. i.xxi-i.xxiii, des biens monastiques, c. lxxv-lxxvi, et des prêtres veufs, c. i.xxviilxxxi. Suivent d’autres décrets sur divers sujets. Reaucoup de ces décrets donnent réponse aux doutes soulevés dans la première série de questions proposées par le tsar.

Le c. xcix raconte comment les décrets du concile furent portés à l’ex-métropolite Joasaph lequel se trouvait au monastère de Sergiev Troitsa ; et le c. c contient les corrections suggérées par ce même Joasaph ; le c. ci est une addition d’importance capitale qui traite des biens d’Église.

On remarque le plus grand désordre, tant dans la distribution des chapitres, qui est arbitraire, que dans la rédaction elle-même. Parfois c’est tout le concile qui parle et tout à coup, sans transition, les paroles sont mises dans la bouche du souverain. On recommande ici au clergé, là au tsar, de prendre les sanctions nécessaires ; parfois les « doyens » et parfois les « protopopes » sont chargés de l’exécution des décrets. Les répétitions abondent et les contradictions ne manquent pas.

Le Sloglav ne contient aucune déclaration de portée dogmatique. Les historiens russes diront que sa décision sur le triple alléluia et sur la manière de faire le signe de la croix ont un intérêt doctrinal, car c’est sur ces deux points et en s’appuyant sur l’autorité du Sloglav, qu’un siècle plus tard les starovières se sépareront de l’Église nationale.

Les canonistes se disputent pour savoir quelle est la portée de ce synode. L’opinion la plus courante défend l’authenticité du livre tel que nous le possédons aujourd’hui. À titre d’exemple, voici Golubinskij : « Aujourd’hui, on ne peut en douter ni même discuter la chose, le concile n’a pas seulement écrit ses décisions, mais les a confirmées et les a publiées en code législatif et c’est précisément cette collection et ce code que nous avons dans le livre appelé le Sloglav. » Hist. de l’Église russe, t. n ii, p. 783-784. Les nakaznye spiski, et la lettre du métropolite Macaire au monastère de Simonov sont des arguments très forts en faveur de cette théorie. Il reste pourtant à déterminer quelles sont les parties qui proviennent du concile et quelles sont celles qui proviennent de sources diverses ; on pourrait apprécier avec plus de précision l’apport du souverain ; il faudrait expliquer convenablement les doublets et, l’argument est classique, donner une raison suffisante de l’immense désordre des « actes » tels que nous les possédons aujourd’hui.

Golubinskij compare le Sloglav au concile de Trente ; c’est comparer une session de semi-lettrés réunis sous la houlette d’Ivan le Terrible à la lignée des brillants théologiens qui se succédèrent à Treille durant une longue période d’années ; c’est comparer une compilation enfantine à un recueil théologique l’ait avec un beau plan et une clarté incomparable. Golubinskij admire aussi comment l’Église russe se mit « volontairement » à sa réforme tandis qu’en Occident tout se taisait par la volonté de l’autorité. Loc. cit., p. 780. Le Sloglav ne semble avoir exercé aucun effet réformateur.

La première édition du Stoglav a été faite à. Londres en 1860 el lut très critiquée ; Kozaneikov en lit une autre en 1863 ; voir Remarques xur l’édition du Stoglav, laites par M. Kozaneikov, dans Prtw. Sob., 1863, n. 2 (y.aiiièëanija…). L’édition la plus répandue en Russie est celle de Kazan, 1802 (2e éd., 1887), souvent réimprimée. N. Subbatin en fit une autre, Moscou, 1860. E. Duchesne publia une traduction française : Le -Sloglav ou les Cent chapitres, Paris, 192(1 ; mais on note chez cet auteur un manque de familiarité avec la théologie et la liturgie pravoslaves. Il n’y a pas encore de bonne édition critique du Stoglav.

Pour les Nakaznye spiski (mandements, cf. col. 2<>1), voir Iv.-D. Befjær, J.e Stoglav et les mandements île la