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    1. RUSSIE##


RUSSIE. LES ACADÉMIES ECCLÉSIASTIQUES

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Dans les toutes premières années du xixe siècle, avant 1808, on comptait en Russie 4 académies ecclésiastiques (à Kiev. Moscou. Saint-Pétersbourg et Kazan) : 35 séminaires : Arkhangel, Astrakhan, Vladimir, Vologda, Voronej, Jitomir, Vjatka, Ekaterinoslav, Irkutsk, Kaluga, Kostroma, Kursk, Minsk, Mogilev, Moscou (3 séminaires). Niznij Novgorod, Novgorod, Orel, Penza, Perm, Kamenetz, Poltava, Riazan (Kharkov), Smolensk, Tver, Tambov, Tulos, Tobolsk, Cernigov, Jaroslav, Orenburg ; et 76 collèges préparatoires. 7 à Novgorod, 3 a Moscou. 1 à Saint-Pétersbourg, 2 à Kazan. 5 à Tobolsk, 2 à Jaroslav, 5 à Tver, 2 à Mogilev, 9 à Kursk, 1 à Riazan. 2 à Vladimir, 1 à Vologda, 2 à Tula, 2 à Voronej, 2 à Irkutsk. 1 à Kostroma, 1 à Orenbourg, 18 à Kharkov, avec un ensemble de 29 000 élèves. B.-V. Titlinov, Dukhovnaja ëkola pered rejormi 1808 g., dans Khr. Cten., 1908, t. i, p. 110-111. I.e nombre d’élèves continue à augmenter jusqu’à arriver, en 1825, à 43 971 : en 18 : 58. à 62 143 ; en 1856, 4 à 50 574 : en 1853 à 52 963 ; en 1855, à 51 015 ; en 1*859, à 53 910 ; en 1860, à 54 374. B.-V. Titlinov, Dukhovnaja Skola v Rossii v.vLv stolcic. t. i. Vilna, 1908, p. 104 ; t. ii, Vilna, 10(19, p. 73. Il suffit de comparer ces statistiques aux plus récentes d’avant la Grande Guerre, pour cous tater qu’elles représentent la moyenne des centres de l’enseignement ecclésiastique et du nombre des étudiants qui les Fréquentaient. Ainsi, par exemple, en 1906, la Russie comptait un total de 48 987 étudiants qui se préparaient au ministère sacrédans 58 séminaires, avec 19 386 élèves, et 185 collèges ecclésiastiques, avec 29 601 élèves. A. Palmieri.Ln Chiesa russa. Le sue odierne condizionie il suo riformismo dottrinale. Florence, 1908, p. 557. Si nous voulons avoir un tableau complet de l’enseignement religieux dans l’empire russe, en plus de ces centres de formation pour le clergé, nous devrions tenir compte des écoles religieuses pour les laïques. En 1800, il y en avait 7 907 avec un total de 13 : 5 000 élèves ; en 1902. le nombre de ces centres dépassait les 30 000 avec plus d’un million d’élèves et 49 829 professeurs de religion. V. Davydenko, Cerkovngja ëkoli Rossiiskoi Imperii, dans Vêra i rczum, t. ii, 1904, p. 9 sq. Mais dans ces derniers centres, l’enseignement religieux était primaire et loin de l’étude approfondie de la théologie dont nous nous occuperons. Nous pouvons donc les passer sous silence et considérer seulement les centres de haute culture ecclésiastique.

II. LES ACADÉMIES ECCLÉSIASTIQUES. —

NOUS pouvons distinguer dans la formation du haut clergé russe les étapes suivantes : premièrement le collège où, en même temps que les premiers rudiments de religion, les élèves étudient les humanités ; le séminaire avec des classes de philosophie, de théologie et d’autres sciences ecclésiastiques : les académies ecclésiastiques ou instituts supérieurs de culture théologique, avec faculté de conférer des litres académiques ; c’est de ces académies que nous avons à traiter.

Les académies ecclésiastiques sont de vraies facultés de théologie. Aulant par leur litre d’ « académies a que par le genre et l’organisation de l’enseignement, elles trahissent clairement l’influence occidentale. Cf. Th.-I. Petrov, Preobrazovanie dukhovnikh akademii v Rossii, dans Trudꝟ. 1906. t. i. p. 622 sq. Leur nombre ne fut pas toujours Bxe. Généralement on en compte quatre : celles de Kiev, de Moscou, de Saint-Pétersbourg et celle de Kazan ; mais seules celles de Kiev et de Moscou conservèrent toujours le titre d’académie qu’elles eurent dès 1701.

L’académie de Kiev.

I.e métropolite Macairc. dans son llisluire de l’académie de Kiev, signale quatre périodes nettement différentes, quant a la vie et l’organisation de celle institution : l’école de Kiev (1589-1631) ; le collège Kiévo-moghilien (1631-1701) ; l’académie Kiévo-moghiliano-javorskienne (1701-1819) et l’académie ecclésiastique de Kiev (1819-1917).

Nous ne nous arrêterons pas à la première période, c’est-à-dire à l’école orthodoxe fondée par l’archiconfrérie de l’Epiphanie de Kiev en 1589. Cf. S. Golubev, Istorija Kievskoi dukhovnoi akademii, t. i, Perind do-Mogilanskii, Kiev, 1886 ; S. Golubev, O pervijkh vrcmenakh Kievo-bogojavlenskago bralstva i Skoli pri mm. dans Trudꝟ. 1882. t. i. p. 233-254 ; K.-V. Kharlatnoviè. Zapadno-Russkija cerkovnyja bralstva i ikh prosvëtitelnaja dêjatelnost v kontsê xvi i v natale Al n v., dans Khr. Cten., 1899. t. i, p. 372-390. Cette école se contentait d’un nombre restreint d’élèves, auxquels elle donnait une instruction élémentaire comprenant la grammaire, la rhétorique et quelque* fois les premières notions de logique, selon la Dialectique de saint Jean Damascène, traduite par Kurbikon. M. Linceskij, Pedagogija drevnikh bratskikh

Skol dans Trudy de Kiev, 1870, t. iii, p. 115 sq.,

133. Quand, au mois de novembre de 1627, Pierre Moghila fut nommé archimandrite de la Pecerskaja lavra, commença pour les études ecclésiastiques des orthodoxes à Kiev, une période de grande prospérité. Cette laure renommée exerça une influence considérable sur la culture ecclésiastique slave, surtout quand l’archimandrite Elisée Pletenetski y fonda, en 1606, une typographie. Th. Titov, Tipogra/ija Kievopecerskoi lavri, t. i, Kiev. 1916. p. 63 sq. Le caractère entreprenant de Moghila se manifesta bientôt dans l’édition des livres slaves qui sortirent des imprimeries de Kiev, à partir de 1627 jusqu’à 1646. Th. Titov, op. cit., p. 169-312. et surtout dans la fondation d’un collège en 1631. L’année suivante, ce collège absorbait le collège de l’archiconfrérie de l’Epiphanie et, en 1635, Moghila, déjà métropolite de Kiev, obtenait de Ladislas IV le « privilège royal ». A. Jablonowski, Akademia Kijowsko-Mohilanska, Cracovie, 1899-1900, p. 85 sq.

Le collège de Moghila se limita tout d’abord aux règlements propres des gymnases, comme les autres collèges latins qui existaient en Pologne, dirigés par les Pères de la Compagnie de Jésus, dont on imitait les manuels. À la fin du xviie siècle, la Poétique du P. Sarbicwski et la Rhétorique du P. Thomas Mlodzianovski continuaient à former les élèves de Kiev, ainsi que ks opuscules de Joasaph Krokovski et d’autres professeurs du collège moghilien. A. Jablonowski. o/>. cit., p. 170 sq. En 1672. pendant le rectorat de Barlaam Jasienskij, on commença à enseigner la philosophie aristotélicienne selon les manuels courants dans les écoles catholiques, spécialement d’après le Cursus philosophicus du P. Sébastien Kleczanski, professeur du collège de la Compagnie de Jésus de Lvov. Ce n’est qu’à partir de 1685-1686, que les professeurs de Kic : Joasaph Krokovskij, Silvan Ozierskij, Stéphane Javorskij, Procope Kolaczynski, Jérôme Sima rovskij. Innocent Popovskij, commencèrent à lire leurs propres cours (1080-1761). Cf. A. Jablonowski, op. cit., p. 177 sq. En 1690 fut inauguré l’enseignement de la théologie : cet le chaire fut successivement occupée par Joasaph Krokovskij. Stéphane Javorskij et Innocent Popovskij, lesquels, par imitation des établissements voisins, expliquaient la théologie scolastique cl les controverses, selon la méthode de saint Thomas d’Aquin et des grands controversistes catholiques.

Doté de ces nouvelles chaires d’enseignement, le collège de Kiev pouvait aspirer à occuper la première place parmi les écoles ecclésiastiques russes. En effet, grâce aux démarches de Stéphane Javorskij, Pierre le Grand lui conférait, le 26 septembre 1701, le titre d’académie : cf. Macairc. Istorija Kievskoi akademii,