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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/377

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SAGESSE. DOCTRINE


par l’inexorable s[u, %puiv7]. Platon, du reste, l’entendait tout à fait au sens biblique et chrétien dans le Timée, 30 C : îtpovoia toû 8eoû ; 4 4 C : 7tp6voia twv Œwv.

La « Parole toute-puissante », ô 7Mwro8ôvau, oç aou (Osoô) X6yoç, xviii, 15, qui fait mourir les premiers-nés des Égyptiens, loin d’être le logos philonien, être personnel intermédiaire entre Dieu et le monde, ou même un ange véritable à qui ne peut être attribuée la toute-puissance, n’est que la personnification rhétorique et poétique de l’attribut divin de l’omnipotence, qui réalise d’un « mot » l’objet de la volonté divine, ou créatrice, ix, 16 : ô 7ro17)aaç rà ttovtix èv Xôyco cou ; ou exterminatrice, xir, 196 : àasftzïç… X6yç> à7TOT6p.G> bL-Tpï <J>ai ; ou guérisseuse, xvi, 126 : ô aôç, Kùpts, X6yoç ô toxvtx îwævoç ; ou conservatrice, xvi, 20 c : to pî)|xà aou… StaTvjpeï.

D’autres attributs divins, tels que la beauté, xxX-Xoyr ], la force, 80vau, iç, Êvépyeia, la grandeur, ii, sysQoç, en tant que manifestées dans l’œuvre de la création, ont été apportées en preuve de l’existence de Dieu. xiii, 1-9. Voir plus haut.

Le monde créé.

1. Dieu créateur. — Dieu a tout

créé (tcoieïv, xaTaaxsùxÇei.v, xtIÇew), c’est-à-dire amené tous les êtres, xà roivTa, à l’existence, s^mssv sic t6 eïvai ià toxvtoc, i, 14 a ; Ta ôvtcc Ttàvra… kiioit]aaç, xi, 25, sans peine aucune, où rjTCopst., xi, 17, car il peut tout dans sa sagesse, roivTa Sùvaxai (0091a), vu, 27a — par un acte de sa toute-puissante volonté figurée par une émission de parole, èv Xôyoj cou, ix, 16 ; ô 7TKVToSûva(jLoç aou Xoyoç, xviii, 15a, ou par un geste de sa main, rj TCavroSûvajxoç cou y.elp… xTioaax tov xôap.ov, xi, 17a, les créant d’un seul trait dans leur être et leurs qualités, vii, 17-20 et xiii, 3-5 : ô toû xàXXooç YSVZOi<i.pyje, ; èx ii, eyéOouç (xal) xaXXovîjç XTiafiaTtov …ô yeveaioupyoç.

2. Les créatures.

Elles sont de deux sortes : d’une part les créatures dépourvues de raison, x-da|i.aTa, ix, 26 : comp. Gen., 1, 16-28 ; Ps., viii, 0-9 ; EccIL, xvii, 2-4, dont l’ensemble bien ordonné constitue le x60(AOÇ, ix, 3a, et d’autre part l’homme, ix, 3. L’auteur fait l’énumération (inexhaustive) des premières et en esquisse le tableau objectif et esthétique aux passages vu, 17-22 et xiii, 1-9.

3. La création.

Elle est réalisée par Dieu ex nihilo. C’est ce qui ressort de tous les passages du livre qui se trouvent sur ce point en conformité de doctrine avec tout l’Ancien Testament, doctrine expressément formulée dans II Mac, vii, 28 : Dieu a créé toutes choses, dans le ciel et sur la terre, de rien qui préexistât, ainsi que le genre humain : yvwvai cm èZ, oùx Svtov zKopazv aura (rcâv-a) 6 ©eoç, xal tô tcôv àvOpwTccov yévoç…

Le seul texte de la Sagesse qui paraisse contredire cette doctrine en supposant la préexistence à l’acte créateur d’une « matière » première — donc éternelle est xi, 17a-6 déjà cité partiellement : « Sans peine, la main toute-puissante, qui de matière informe a fait le monde… » où yàp 7)7t6pe(. t 7rxvToo’ùvao.oç aou yeîp y.tX xTÎaaaaTÔv xôau, ov èZ, à[j.6pepou ùXyjç… L’expression est assurément empruntée au vocabulaire de la philosophie grecque, pour une part à Platon, celui-ci proclamait « mère conceptive du visible et de huit le sensible, tt)V toû yeyovciTOç ôpaxoû xal tcxvtôç kIoOtjtoû u/yjTépa xal Ù7îoSoyy)v… Xsywjxev, c’est-à-dire substrat du xoa-LtOÇ, non pas la 5Xî] dans le sens de masse de matière

particulée, atomistique, comme voulurent l’entendre le i écrivains platonisants des premiers siècles de notre ère (Philon, Dr l’ictunis. 11. 201 ; Plutarquc, Def, orne, c. x ; Diogène Lærce, Vitte, m. Il), mais l’eïSoç, figure invisible et Informe de toul ce qui avait capacité de naître et d’exister : (à6paxov ziùoc, ti xal &u.op 90V 71avSexÉÇ. Timée, r >l) ; c’était équivalemment r Idée 1 de toute chose naturelle située en quelque

lieu du xôajjtoç (-/wpa), non créée, non produite ex nihilo, mais, suivant la pensée constante de toute la philosophie grecque, naissant d’elle-même par une force génératrice à elle propre, et mue désormais par l’âme du monde. Cf. Heraclite, Fragm., 30 : « outs tiç Œcov ours àv6po’)7T6)v èttol^oev (tov xôaixov), àXX’" ?jv àsL Ni dieu ni homme n’a fait le monde : il est de toujours. » Pour l’autre part, le terme indécis de ûXv) n’a pris sa valeur bien déterminée que chez Aristote, qui voit la cause de tout être inhérent au cosmos en perpétuel changement dans la GXy) qui lui est spéciale : forme déjà réalisée ayant son substrat insaisissable dans la 0X7] première, l’être éternel du devenir, l’<5q.iopepoç ûXr). Cette ûXy] primitive n’est pas une réalité : il n’y eut et il n’y a en fait que des ûXai, des matières informées. Le néant, si fécond fùt-il dans la philosophie grecque, restait le néant pour la création, idée spécifiquement juive (et chrétienne) ; et l’auteur de la Sagesse put bien adapter à cette idée l’expression hellénisante êÇ àu.ôpepou ÔXirjç, « de rien qui eût forme ».

Pour une interprétation plus rationnelle de la doctrine de la « matière » dans Platon et dans Aristote (en progrès sur les interprétations modernes de Bassfreund, Zellcr, Bàumker, Natory, et Brochard), voir A. Rivaud, Le problème du Devenir et lu notion de la matière dans la philosophie grecque depuis les origines jusqu’à Théopliraste, Paris, 1906, et le compte rendu de cet ouvrage par A. Diès dans Revue d’histoire et de littérature religieuses, t. xii (1907), p. 347-360. Voir aussi dans ce même périodique, t. xi (1906), p. 1 sq., 1 16 sq., 320 sq., l’étude du même auteur : L’évolution de la théologie dans les philosophes i/recs.

111. L’HOMME. SON ORIGINE, SA NATURE ET SA

destinée. — 1° Origine de l’homme. — Comme le monde visible, l’homme a été créé par Dieu :

Toi (Oîe) qui fis tout par ta parole,

Et formas l’homme avec sagesse… ix, 1 b-2 a.

Ici la « formation » est une véritable « création », xaTacxE’jà^Eiv, 2a, étant le parallèle et comme l’extensif de tco’.eîv, 16 ; comp. vii, 27 « -6 ; xi, 24 ; xiii, 4 ; et 1’ « homme », avOpcoTtov, doit s’entendre de 1’ « humanité », et non du seul Adam. Celui-ci du reste, figurait l’humanité « quand il fut d’abord créé seul » en qualité de « père du monde », x, la : rrarépa xôau, ou p.ôvov XTia-GÉvra. cf. Gen., 11, 7 et 18 (où xaX6v slvai t6v àv6pa>tïov p.ôvov), c’est-à-dire de tous les vivants, dans l’espèce dont il fut à la fois le type et le premier : TTfWTÔTcXaoTOÇ, ix, la. Comp. vii, 1. Consciemment, et intentionnellement peut-être, l’auteur de la Sagesse prend ainsi position contre les « impies » qui, professant la doctrine d’Épicure, nient l’existence de Dieu créateur, 11, 13, 16d et se proclament « nés du hasard », ’la. aÙT00/7j’^(, )r èy£vy]07]ji.Ev… c’est-à-dire par une réunion fortuite d’atomes de nature toute matérielle. Noir ci-après.

Suture de l’homme.

 L’homme est composé de

corps et d’dme substantiellement unis pour une oie à la lois sensible, intellectuelle et morale.

1. L’homme, quel qu’il soit, est tel d’abord par son corps qu’il tient, par « descendance » de 1’ « homme de terre formé le premier », vii, la : yvjysvoùç a7î6yovoç 7tptûT07rXâaTOu, et, par « génération », d’une » chair formée en sein maternel au moyen de semence virile ». vu. l/i 2 : Èvx’H>ix[Ar, Tpôç…ffâp :  ; …sx7TCp|jiaT0çàv8p6ç. Nulle différence sous ce rapport entre les hommes du point de vue de leur destinée en général et, ici particulièrement, de leur situation non privilégiée pour l’obtention de la sagesse nécessaire à la réalisation de celle destinée, vii, 1-7.

2. L’âme humaine est un principe simple, immatériel, immortel, contrairement aux « opinions erronées. XoyioàjJiEvoi.'>I. ôpOôJç, des libertins, païens ou juifs apostats, qui supposent celle âme pensante (Xôyoç) constituée par un feu étineelant », a-ivOrjp, produit