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SAGESSE. DOCTRINE


par le mouvement du cœur, lequel feu « s'éteint » de lui-même, oS oêsaOsv-oç, quand, à la mort, le corps se dissout, et dont les particules composantes, qui le faisaient « souille vital », tcvo/] sv ôiaiv, et « esprit agissant », 7rveGu.a, « se dissipent » et disparaissent comme « fumée », xcct^voç, ou « air vide », ^aûvoç àvjp, ii, 2-3 : ce qui est une « fin » absolue, « sans retour », 5b : oùvt è'emv àva7To8(.3 ! i.6ç tyiq tsXsutîjç yjjjiwv.

3. Corps (oâ> ; i.a) et âme (^u/r ;) suffisent à constituer dans sa nature le composé humain ; l'âme ne vient à l’existence qu’au moment de la conception, comme élément principal de la personne humaine.

a) Bien qu’elle entende pénétrer l’homme en tout son être, il est dit que :

Sagesse n’entre point en cime méchante,

Ni n’habite en corps asservi au péché. i, 1.

Salomon, se proclamant « enfant bien conçu ». dit de son côté :

.le fus doté d’une dme bonne…

.le vins en corps immaculé. viii, 19 b, 20 b.

Point d’autre élément constitutif que ces deux-là. S’il est parlé en quelques passages d’un voûç, « esprit », ou d’un tt-jsJ[i.<x, « souffle », opposé en quelque manière à 1' « âme », <fyuy’r), ix, 15 ; xv, 11 ; xvi, 14, ces deux éléments nouveaux s’identifient d’eux-mêmes à la ^u/rj, en vertu de l'étroit parallélisme des stiques ; comme dans deux autres passages, xv, 8 et xv, 16, les deux vocables tyï/T„ 8d et Ttveû|i.a, 166 expriment le même élément vital « reçu en prêt » <y_ç>?oç, « dette », « prêt » &E80tve'.<î[xévo ;, « prêté » ). Cf. Gen., ii, 7. Point donc de trichotomie platonicienne (Timée) en cette occurrence. (Comp. pourtant Phédon, xxvi, dichotomie.)

b) Voulant montrer que la sagesse ne peut s’acquérir par d’autre moyen que par la prière, viii, 21 : ojx àXXco ; ëaou.ou iyy.pot.-r^c, èàv u.ï) ô Œôç 8<j>, Salomon, ne tirera pas, à rencontre, argument de sa bonté native, qui pourtant fut des plus grandes :

'/yyf, : -.i i/ayov iva&fjç.

fiàXXov oi x- ; afjfj ; <, '<L

riXOov es ; T(ô[ia ijjuavxov. Je fus un enfant bien conçu. Et je fus doté d'âme bonne ; Ou plutôt, étant (àme) bon(ne), Je vins en corps immaculé. viii, 19-20.

C’est de ce quatrain, particulièrement travaillé, que des exégètes ont voulu conclure que l’auteur du livre admettait la préexistence des âmes, déjà déterminées avant d’entrer dans ce monde, soit pour le bien, soit pour le mal. Grimm, Commentaire, p. 176-17 !). (Cf. Platon, Phédon, xxi (xviii-xxiv), xli, xliv ; Phèdre, xxx. trad. franc., Garnier, Paris.) Cette opinion se base en réalité sur une interprétation forcée du passage en question. L’auteur ne songe nullement à se prononcer doctrinalement sur une préexistence ; su pensée s’arrête, de toute évidence, au parallèle du corps et de l'âme, également < bons » dans l'œuvre de la conception de 1' « enfant », Salomon, a-b et il ne se reprend, en 20a-b, que pour accorder « plutôt » dans cette bonté native le premier pas, la précellence ou primauté, à l'âme, de nature en soi supérieure. Voir Cornély, Inlroductio, t. n £>, p. 234-235 ; Lagrange, Rev. biblique, 1907, p. 85 sq. ; 1919, p. 269 ; Porter, p. 53-95 ; Cornély, Commentaire, p. 327 sq. ; Heinisch, Commentaire, p. 170-177 ; Schûtz, p. 26, -33.

3° L’homme et sa destinée. - Dieu avait « créé l’homme pour l’immortalité » en le faisant < à l’image de sa propre nature », ii, 23 ; mais une circonstance est survenue qui a compromis la réalisation complète de ce dessein providentiel : par sa « faute » l’homme a encouru le châtiment de la mort corporelle inévitable, x, 1° : ii, Ic-d, et le péril d’une seconde mort, celle de

l'âme, mort spirituelle, introduite comme la première, dans le monde, par « l’envie du diable » et qui atteint « ceux qui sont du parti » du tentateur (Gen., iii), se rangeant à ses côtés par leur impiété et leur vie licencieuse, ii, 24 ; i, 12-16 ; iv, 19-20. Ni Dieu ni le Hadès (Seol) n’ont donc fait la mort sinon le premier comme juge et le second comme exécuteur de la sentence de condamnation, i, 13-15.

Par la mort corporelle, l'âme, immortelle par nature, entre dans une autre vie où son sort est différent selon qu’elle se trouve avoir été âme de « juste », ou âme d' « impie » ; l'âme du juste jouit « dans la main de Dieu », « auprès de lui », et immédiatement après la mort, d’une vie heureuse dans 1' « amour, la grâce, la miséricorde » divines, iii, 1-3 ; 4-6 ; 7-9 ; celle de l’impie, également dès son arrivée dans l’autre monde, est « châtiée » dans le « déshonneur » et la « douleur », au Seol souterrain, reconnu désormais comme le séjour des impies uniquement, iii, 10-11 ; iv, 17-19 (Seol : i, 14 ; xvii, 14 et 21).

In jugement final, universel, où comparaissent pour une confrontation suprême pécheurs, iv, 20. et justes, v, 1, doit cependant établir une discrimination définitive entre ces deux groupes de mortels à la fin du monde et sceller pour eux, « éternellement », un renforcement de peine afflictive ou un surcroît de récompense. L’attitude des uns et des autres, confusion ou assurance devant le Juge est longuement décrite iv, 20-v, 23, en même temps que le double dénouement auquel aboutit la scène par la particulière récompense des justes : union avec Dieu dans un éclat nouveau de leur bonheur acquis depuis la mort, v, 15-16, et par une terrifiante exécution des impies dans un déchaînement des éléments et des forces de la nature dans quoi ils sont comme engloutis, v, 17-23.

Une résurrection préliminaire au jugement dernier n’est nulle part expressément indiquée dans le livre de la Sagesse. Il est probable toutefois que l’auteur admettait implicitement cette résurrection universelle précédant, ou accompagnant ce jugement. Car pour lui, qui accorde que Dieu soit capable de ressusciter les morts, xvi, 13-14 (en communauté d’opinion avec les écrivains de l’Ancien Testament : Deut., xxxii, 59 ; I Reg., ii, 6 ; Tob., xiii, 2 et III Reg., xvii, 20 ; IV Reg., iv, 33 et xiii, 20), l'éclat dont brillent les justes au temps de leur récompense peut naturellement s’entendre d’une « brillance » corporelle surajoutée en manière de récompense à la glorification intérieure de l'âme, iii, 7, taudis que le châtiment final des pécheurs, v, 17-23, s’exerce pour une part au moyen d'éléments physiques dont l’action doit avoir pour objectif des êtres corporels.

Le livre de Daniel, xii, 2-3, prévoit, du reste, poulies temps du jugement définitif « résurrection de la poussière pour la vie ou l’opprobre éternels ».

On ne peut mieux étudier ces questions de l’origine, de la nature et de la destinée de l’homme en ce monde et dans l’autre, que dans la thèse de M. 11. SciaitL, Les idées eschatologiques du livre de la Sagesse, Strasbourg, 1935.

IX. Commentateurs. - 1° Dans l’antiquité chrétienne. — Les Pères et écrivains ecclésiastiques, bien qu’ils citent très souvent le livre de la Sagesse, n’en ont écrit aucun commentaire complet. Saint Ambroise et saint Augustin, selon Cassiodore, Instit. div. litt., c. v, P. L., t. lxx, col. 1117, auraient prononcé cependant sur ce livre quelques homélies perdues. Saint Patère n’a lait que colliger des œuvres de son maître, saint Grégoire le Grand, un petit nombre d’explications sur les livres de la Sagesse et de l’Ecclésiastique, Testimonia in lib. Sapieidix et Ecclesiastici, P. L., t. i.xxix, col. 917-910. Le prêtre Bellator, au vr siècle, aurait composé le premier commentaire digne de ce nom : une < exposition de la Sagesse en huit livres », Cassio-