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    1. SCOLASTIQUE OCCIDENTALE##


SCOLASTIQUE OCCIDENTALE, LA DÉCADENCE

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Duns Seol, Paris, 1924 (extrait des Études franciscaines, 1922-1924). Scot organise sa conception gêné raie de tout l’ordre des choses du point de vue de l’amour. Il s’agit bien ici d’une spéculation métaphj sii|iuqui permet d’organiser toute la pensée franciscaine (en philosophie, théologie et mystique) du point de vue de l’amour. L’idée du bien commande toute cette spéculation, marquant ainsi nettement la distinction de cette synthèse par rapport à la synthèse thomiste qui n’a d’autre préoccupation que d’exposer objectivement la vérité : l’intellectualisme du Docteur angélique peut ainsi être opposé au volontarisme du Docteur subtil. Sur ce volontarisme, voir ici t. iv, col. issu S q.

La synthèse de Duns Scol est théologique avant tout, comme celle « le saint Thomas. La large part faite à la spéculation vient de la confiance que Scot a en la philosophie, laquelle est capable de montrer l’harmonie de la raison et de la foi. Cꝟ. 1'. Minges, Dus Verhâltniss zwischen Glauben and Wissen, Paderborn, 1908. Mais eela d’une tout autre façon que dans la synthèse thomiste, car les principes philosophiques sont eux-mêmes différents. Avec M. De Wulf on peut ramener à quatre les doctrines capitales de Scot : le formalisme métaphysique, l’uriivocité de l'être, l’intuitionnisme, le volontarisme. Op. cit., t. ii, p. 70 sq. ; cf. É. Longpré, op. cit.. p. 270 sq. C’est en raison de ces principes que la scolastique scotiste se présente avec une incontestable originalité : Elle s’inspire sans doute de la spéculation augustinienne du xiir siècle, mais elle la dépasse par nombre de théories nouvelles qu’elle y introduit pour la lixer, par l’utilisation même de l’aristotélisme, qui a définitivement acquis droit de cite dans les écoles. Mais l’aristotélisme est assez mitigé chez Scot par ces préoccupations mêmes ; il est moins strict que chez saint Thomas, qui cherchait simplement à constituer une philosophie universelle. sur la base fondamentale du réel et du vrai. Celle de Scot, orientée plutôt vers le bien, n’en paraît pas moins solidement coordonnée et montre que son auteur était de taille à être un chef d'école. F. Cayré, "p. cit.. p. <> 18.

La décadence.

1. Coup d’oeil générât sur la scolastique du xiv siècle : le nominalisme. — Le xrve siècle

peut encore se rattacher au Moyen Age : il indique nettement le déclin de la scolastique. La multiplication des universités est loin de marquer un progrès : mais du seul fait de ces créations (Prague, Vienne, I leidelberg, Cologne, Erfurt, Cracovie), Paris et Oxford sont détrônés intellectuellement et la décadence de leurs études s’en accentue davantage'. Cf. M. De Wulf, op. cit., t. iii, p. 150-153.

Ce siècle se distingue par le profond désordre qui règne dans les esprits, par la négligence des hauts principes qui commandent la philosophie et par une défiance incurable a l'égard des données métaphysiques les plus élémentaires. Si l’on a pu dire que la philosophie du xiv siècle est manifestement une étape vers la philosophie dite moderne qu’elle prépare et annonce, cf. É. Gilson, L'/ philosophie nu Moyen ige, t. ii, p. 83 sq., il ne s’ensuit pas que ce soit un progrès, c’est, en réalité, une véritable régression.

La scolastique est en réelle décadence. 'Tout, d’ailleurs, contribue a lui enlever cette force de pensée que le thomisme et l’augustinisme avaient puissamment contribué a lui communiquer : dissolution de la chrétienté sous la poussée des nationalismes naissants ; esprit d’indépendance a l'égard de l’autorité même spirituelle, esprit que le schisme d’Occident ne fera qu’entretenir et développer ; goût excessif pour les sciences positives. !.. Salembier n’hésite pas a dénon cer, au xrv siècle, l’ignorance, la témérité, l’inconséquence, le chaos des opinions. l.v grand schisme dd'., , l, i, L V edit., l’aris, 1921, p. 114-115.

Une nouvelle forme de scolastique se rait jour, connue sous le nom de nominalisme, qui dilapide tout ce qui a fait la grandeur et la Force de la spéculation médiévale. Ce nominalisme se distingue de celui du

siècle, pour lesquels l’universel n'était qu’un mol vide, flatus vocis. oir ici Nomin vlisme, t. xi, col. 717733. C’est un système « le philosophie qui, tout en cou servant cette solution sur l’universel, brise dans son fondement même l’harmonie de la raison et de la loi et propage a l'égard de la raison une défiance qui louche au scepl ici sine. oir t. XI, col. 733-78 1.

2. Œcam. Sur la vie d’Occam et l’action Funeste qu’il exerça dans le différend de Jean ll et de Louis de Bavière, voir Occam, t. xi. col. 864-872. La philosophie d’Occam est une réaction violente contre l’ancienne scolastique et elle eut sur la théologie une repercussion profonde. Sans doute, en sa qualité de franciscain, Occam a dû se former dans les principes de Duns Scol, mais il se sépare nettement du Docteur subtil et les points qu’il en relient sont poussés à l’excès et déformés.

L'étude des sciences physiques ou mathématiques parait avoir suggéré à Occam sa défiance a l'égard de la spéculation métaphysique. L’originalité philosophique et théologique d’Occam a été'étudiée ici. t. x, col. 876-889, avec la comparaison — autant qu’elle peut être faite — des doctrines oecamistes avec celles de Scot, de Durand de Saint-Pourçain, de Pierre Auriol et d’Henri de Ilarclay. On a exposé également les articles philosophiques et théologiques d’Occam qui furent l’objet d’un procès en cour d’Avignon, col. 889 sq. La tendance d’Occam à rejeter en métaphysique la plupart des distinctions non seulement formelles (de l'école scotiste). mais encore réelles (de l'école thomiste) l’accule, au point de vue théologique, notamment pour l’eucharistie et la justification, à de véritables impasses. Mais, si le philosophe se trouve ainsi réduit à une sorte d’impuissance, le théologien n’est pas embarrassé pour autant : le volontarisme divin, dont Scot avait posé le principe, est poussé ici à ses conséquences extrêmes. La puissance de Dieu explique tout et ce que la raison est incapable même simplement d’entrevoir, la foi en donne la certitude, sinon l’explication.- Ainsi Occam n’abandonne la métaphysique et ne stérilise la scolastique que pour verser Finalement dans une sorte de fldéisme.

L’influence d’Occam, bien qu’assez difficile à préciser, fut considérable. P. Auriol avait, encore assez vaguement, posé les principes dont devait s’inspirer Occam ; ces principes, poussés à leur extrême logique, devaient aboutir aux théories outrancières de Jean de Mirecourt, Nicolas d’Autrecourt et Richard de Lincoln, dont les difficultés avec l'Église ont été relatées ici, t. XI, col. 561 et 898. On trouvera à l’article Occam, Ténumération des auteurs qui ont subi l’influence de ce théologien, t. xi, col. 888. Chez les augustins, la tendance occamisle seretrouve chez Grégoire de Rimini et quelques auteurs de moindre renom. Parmi les séculiers, il faut citer Jean de Jandun, favorable' a l’averroïsme et Marsile de Padoue, compromis avec Occam dans la lutte de Louis de Bavière contre Jean XXII.

A Paris, l’occamisme exerçait une influence presque exclusive. Jean Buridan († 1358) et Marsile d’Inghem (t vers 1395) firent tout pour l’implanter. Le premier poussait le volontarisme jusqu’au déterminisme. La même erreur se retrouve a Oxford avec Thomas Bradwardine († 1349). Ci. L. Mahieu, François Su se/ philosopha-. Paris. 1921, p. 12. Et si l’on ne peut

rendre responsable l’occamisme des erreurs de Wiclef et de Jean Huss, on doit cependant reconnaître que la diffusion de ces erreurs a été ducen grande partieau désordre causepar lenominalisme. I >es maîtres comme