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    1. SEMI-PÉLAGIENS##


SEMI-PÉLAGIENS. REPU DES HJG USTINIENS

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bien dont parlent si volontiers les antiaugustiniens. Quant aux rites du catéchuménat, exorcismes, insufflations, ils montrent à leur manière l’emprise que le démon garde sur 1rs âmes des non baptisés.

Tout cola montre que de tous les bons désirs, œuvres, efforts, actes vertueux « lui nous mènent à Pion, depuis les tontes premières démarches, Dieu est l’auteur ; qu’ainsi la grâce prévient tout mérite et que c’est par la grâce que nous commençons à vouloir et à taire quelque bien. Ce secours divin ne supprime pas le libre arbitre ; il le délivre, l'éclairé, le redresse, le guérit. Telle est la bonté de Dieu qu’il veut que soient nôtres des mérites qui sont ses dons et qu’il nous donne la vie éternelle comme récompense de CC qu’il nous ; i donné. Il agH en nous pour que nous voulions et fassions ce qu’il veut, il ne souffre pas que demeurent oisives en nous des forces qui doivent être mises en action et non négligées, il veut que nous soyons les coopérateurs <le la grftee de Dieu et que nous recourions à celui qui guérit toutes nos langueurs.

Il est aisé de remarquer que tous les textes énumérés ne définissent rien d’autre que la nécessité absolue de la grftee dans tout le processus salvifique ; que, sur son mode d’action, on dit plutôt ce qu’elle n’est pas que ce qu’elle est : qu’enfin l’on ne touche pas le moins du monde à d’autres très graves questions. Ces omissions sont voulues, car voici comme s’exprime la conclusion.

Quant aux parties plus profondes et plus difficiles des questions soulevées, qu’ont traitées tout au large ceux qui ont résisté aux hérétiques, sans doute nous ne les méprisons pas, mais ce n’est pas notre rôle de les défendre. Aussi bien, pour confesser la grâce de Dieu, à l’emprise de laquelle il ne faut rien retirer, nous croyons que suffit ce qui nous est enseigné par les écrits du Siège apostolique, selon les règles précédentes, en sorte que nous ne pouvons réputer catholique ce qui leur est contraire.

2. Autorité du document.

Il suffit de se reporter au c. xx du Contra Collatorem, ci-dessus, col. 1825 sq., pour voir <[ue le document en question prend très exactement le contrepied de la doctrine attribuée, à tort ou a raison, à Cassien. Il le fait néanmoins avec une grande modération, bien qu’avec fermeté. Son autorité a été de bonne heure reconnue et, sans doute, son insertion dans une collection comme la Dionysana, officiellement acceptée par l'Église romaine, n’a-t-elle pas été étrangère à cette sorte de « canonisation ». Inversement. Denys le Petit n’a pu l’insérer dans sa collection que pour autant qu’il y reconnaissait un document officiel, une de ces constitutions des anciens papes » dont il avait entrepris, comme il le dit dans sa préface, de faire l’inventaire et le classement. Cf. P. L., t. lxvii, col. 231. Il est donc vraisemblable qu’il a trouvé cette pièce in scrinio ecclesiustico, aux archives de l'Église romaine, annexée à la lettre du pape Célestin à Prosper et llilaire. Nous verrons plus loin, col. 1839, qu’en 520, dans sa lettre à Possessor, le pape I lormisdas fait allusion à des capitula qui expriment la pensée de l'Église romaine sur la question du libre arbitre et de la grâce et qui se trouvent in scriniis ecclesiasticis. Ce ne peuvent guère être que nos auctoritates.

De toutes manières ces textes étaient donc regardés, au début du vr siècle, comme ayant valeur normative. Leur autorité néanmoins ne tient pas au fait de leur composition par un pape ; le document est à coup sûr d’origine privée et l’auteur la préface ne saurait laisser de doute — se distingue expressément des titulaires du Siège apostolique dont il rassemble les sentences.

3. Date et auteur du document. I.a date est antérieure à 441-4 12, car la lettre du pape Léon sur le pélagianisme, adressée a l'évêque d’Aquilée, Jaffé, n. 398, n’y est pas signalée, alors que dans ce texte tant de Choses allaient au propos de Tailleur. Quant a l’origine,

on a pense depuis longtemps déjà - cela remonte à Quesnel que l’Indiculus devrait être attribué à

l’archidiacre Léon, qui devint pape en I 10. Voir ici art. LÉON I' r (Saint), t. îx, col. 220. Mais rien ne permet de croire que Léon se soit jamais occupé du mouvement antiaugustinien en Gaule. En 429-130. Léon était dans les meilleurs termes avec Cassien, à qui il demandait son sentiment sur Nestorius. Il est assez, difficile de penser qu'à quelques années d’intervalle il se soit montré sévère pour l’abbé de Saint-Vie tor et son groupe.

Dont Cappuyns nous paraît bien avoir démontré, dans la Revue bénédictine, t. xi.i, 1929, p. 156-170, que l’auteur de l’Indiculus n’est pas autre que Prosper, comme l’avaient déjà soupçonné les premiers éditeurs. Le Brun des Marottes et Mangeant : cf. P. L., t. i.i. col. 201-205.

Au fait, si l’on cherche un nom parmi les gens mélos entre 135 et 1 10 à cette querelle, c’est celui do Prosper qui vient immédiatement à l’esprit. Le genre littéraire est exactement le mémo qui se retrouve dans plusieurs ouvrages de Prosper : le Liber sententiarum, P. L., t. li, col. 427-496, le Liber contra Collatorem, dans son résumé final, les diverses Réponses dont il a été qucs tion plus haut. La marche de ces divers documents est sensiblement la même : une petite préface, les textes accumulés, une brève conclusion. La parenté entre le Contra Collatorem et notre Indiculus se marque d’une manière frappante dans le choix des auctorilates opposées aux antiaugustiniens ; ces auctorilates sont apportées de part et d’autre dans le même ordre et en faisant état des mêmes particularités. A ce point de vue la comparaison entre le c. v du Contra Collatorem (col. 227-228) et V Indiculus, qui sont tissés très exactement de la même manière, est de nature à emporter la conviction. On en dirait tout autant de la parenté de langue et de style.

Reste cependant une question à résoudre : « Comment un texte de Prosper a-t-il pu passer aux archives romaines ? » Le fait n’a rien de surprenant si l’on accepte une donnée de Gennade, à la fin de sa notice sur Prosper : De vir. ill., n. 84 : Epistolx quoque papse Leonis adversus Eulychen de vera Christi incarnatione ad diversos dalæ ab isto (Prospero) dictalæ dicuntur. Prosper aurait donc été l’un des secrétaires de la chancellerie du pape saint Léon. Ceci aide à comprendre comment une pièce rédigée par lui a pu entrer dans le scrinium Ecclesiæ romanæ.

Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, de cette dernière explication qui vaut ce qu’elle vaut, mais la composition de VIndiculus par Prosper étant admise, il faut reconnaître que ce document atteste un recul considérable de cet auteur par rapport à ses premières positions. Seule la question de la gratuité parfaite du secours divin est mise en évidence et elle est entièrement dégagée de ces profundiores quæsliones, entendons celles de la répartition dos grâces et de la prédestination, avec lesquelles, de part et d’autre, on l’avait jusqu'à présent compromise. On est en marche vers l’apaisement.

2° Le « De vocatione omnium gentium ». — La chose est plus sensible encore dans un ouvrage du milieu du v siècle qui porte pour titre De vocatione omnium tien lium, P. L., t. li, col. 647-722 et sur les tenants et aboutissants duquel l’accord est encore loin d'être fait entre les critiques. Cf. M. Cappuyns, L’auteur du

!)< vocatione omnium gentium. dans Revue bénédii Une, t. xxxix, 1927, p. 198-226, qui renverra a la litté rat unantérieure.

1. Description. L’objel du traiteest indique dès

les premières lignes : i n grand débat s’est ému, entre les défenseurs du libre arbitre et les tenants de la

gràre de Mien, sur le point précis de la volonté saisi

lique universelle. Col. 648. On ne saurait nier quc