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    1. SEMI-PÉLAGIENS##


SEMI-PÉLAGIENS. REPLI DES A.UGUSTINIENS

ISJS

marseillais aux sévérités de l'Église, appuyée au besoin du bras séculier. La même Providence qui armait jadis contre l’erreur les papes Zosime, Boniface, Célestin, opérerail encore en leur successeur Xyste III (432-4 10). De même que ses prédécesseurs avaient vu écarter du troupeau les loups venant à visage découvert, le pape actuel saurait bien repousser les i loups devi nus bergers ».

Malgré l’appel final à la charité et à la compréhension mutuelle on se rend compte du diapason auquel était montée la querelle, sur les rivages provençaux, entre les deux tendances opposées.

2. Les Responsiones ad Capitula Galtorum et ad objedioncs Vincentianas > (P. L., t. li, col. 155-186). — Chose curieuse, quand il se défend au lieu d’attaquer, Prosper n’arrive pas à retrouver cette même véhémence. Il est. trop visible, à suivre les réponses qu’il oppose aux libelles lancés contre lui, qu’il a été quelque peu ébranlé. Nous avons dit comment, dans la lettre à Kufin et dans le De inqratis, il avait pris si lestement son parti de la volonté salvifique restreinte, de quelle ironie il poursuivait les partisans de la volonté salvifique universelle.

Sans doute, dans les Responsiones, il maintient le point de vue augustinien et l’interprétation si étroite — oserait-on dire, si sophistique ? — qu’avait donnée du texte de I Tim., H, 4, le docteur d’Hippone. Mais il y a, comme l’on dit, la manière : « Comment, écrit maintenant Prosper, comment est-il possible que Dieu ne veuille pas sauver certains hommes, qui peut-être voudraient eux-mêmes se sauver ? C’est qu’il doit exister des raisons, encore qu’elles nous échappent, pour lesquelles Dieu juge fort équitablement qu’il en doit être ainsi, car on ne peut pas dire qu’il doive faire autrement qu’il ne fait. » Mis de côté ce discernement, il faut croire et professer que Dieu veut que tous se sauvent. C’est le mot de l’Apôtre et que l'Église exécute à la lettre, puisqu’elle prie Dieu pour tous les hommes ; si pai mi ceux-ci beaucoup péi issent, c’est leur faute : pcreiinlium meritum, si beaucoup se sauvent, c’est le don de celui qui les sauve : salvantis est donum. Dans le cas de celui qui est damné, la justice de Dieu est inattaquable : c’est sa grâce au contraire qui éclate en la justification du coupable. Obj. Vinc, 2, ibid., col. 179.

De même, pour ce qui est de la valeur universelle de la rédemption, Prosper distingue cidre la valeur en droit de la mort rédemptrice et son application en fait. La mort du Christ est la rédemption de tout le genre humain, elle est offerte pour tous ; mais, dans l’application, il se trouve que certains en profitent, que d’autres n’en profitent pas : tous ont été rachetés et donc Dieu pourrait arracher au diable tous les hommes ; tous, en fait, ne lui sont pas arrachés, mais ceux-là seulement dont a été expulsé le prince des démons ; les autres non pertinent ad ejus redemptianem. Obj. Vinc, 1, col. 178.

En vérité il est bien difficile de mettre quelque chose de très précis sous ce balancement d’antithèses. Il est un point cependant où l’auteur du De ingratis fait à ses adversaires une concession qui n’est pas purement verbale, c’est quand, à propos de la grâce de la perse véranee, il reconnaît que, si la grâce est nécessaire pour persévérer, Dieu cependant n’abandonne personne qu’il n’ait d’abord élé lui-même abandonne : ncmuiiin deserii prias quant deseratur et multos desertt tes sse.pt convertit, obj. Vint-., 7, col. 182 A.

Y. Le repu des mjgustiniens. C’est vers 135 que doit se situer le plus fort de cette lutte entre augustinisme et antlaugustinisme dont le ('.entra Collatorem d’une part, le Commenitorium de l’autre marquent le

paroxysme, Peul être la rédaction même de ces p : iin phlets a i (lie amené, comme il arrive assez souvent.

huis auteurs respectifs à réfléchir sur les énormités qu’ils prêtaient à l’adverse partie, à songer pour un avenir proche aux liens de charité qui auraient dû les unir. Toujours est-il qu’en divers documents postelieurs à cette date se laisse entrevoir un désir de serrer de plus près un problème dont il est impossible que des chrétiens n’aient pas perçu la difficulté. Un apaisement devait inévitablement s’ensuivre.

1° La pièce « Prxteritorum Sedis apostoliese episcoporum auctorilates » (P. L., t. li, col. 205-212 ; voir aussi dans la Dionysiana, ibid., t. LXVTI, col. 270-271 : cf. Dcnzinger-Bannwart, Ene.hiridion, n. 129-142). — 1. Contenu.

Comme on l’a expliqué ci dessus, col. 1818, à la lettre du pape Célestin à Prosper et Hilaire est annexé, dans la Dionysiana, un recueil d’auctoritates, ou si l’on veut de capitula, relatifs aux questions de la grâce, et empruntés à des décisions antérieures de divers papes.

Le tout s’ouvre par une petite préface : Quia nonnulli. « Soit déformation intellectuelle, y dit-on, soit impéritic. certaines gens qui veulent être catholiques demeurent dans les idées des hérétiques et s'élèvent contre les docteurs (disputatores) les plus pieux. Ils anathématisent Pelage et Célestius, mais contredisent nos maîtres qu’ils accusent d’avoir dépassé la mesure. Pour eux. déclarent-ils, ils veulent s’en tenir exclusivement aux doctrines promulguées par le Siège apostolique. Voyons donc ce que l'Église romaine a prononcé en la matière, et joignons aussi les définitions de conciles africains approuvés par les papes. Cet index permettra aux adversaires de voir ce qu’il leur reste à faire s’ils veulent demeurer catholiques. »

Suivent les textes annoncés, introduits chacun par un lemme, qui en donne l’idée majeure. Et d’abord ceux qui proviennent du pape Innocent dans ses réponses au double concile de Carthage et de Milève (410). Ils affirment : 1. La perte pour tous les hommes de l’innocence et de la possibilitas naturalis. De l'état où il est tombé, le libre arbitre est incapable de retirer l’homme : il y faut la grâce de Dieu. — 2. L’impossibilité pour quiconque d'être bon par soi-même ; on ne le peut être que par une « participation à Dieu, le seul être bon. — 3. L’insuffisance de la rénovation baptismale pour vaincre le démon et la concupiscence, et donc la nécessité, pour la persévérance, du secours continu de Dieu. — 4. L’impossibilité d’user bien du libre arbitre sinon per Christum.

A la Tractoria (perdue aujourd’hui) du pape Zosime sont empruntées deux affirmations complémentaires. — 5. Tout ce que nous faisons de bien doit être rapporté à la louange de Dieu, car nul ne plaît à Dieu sinon par cela même que Dieu lui a donné (sanctorum coronando mérita coronai Deus dona sua). — 6. Toutes les bonnes pensées, tous les mouvements de la bonne volonté sont vraiment de Dieu.

A ces textes pontificaux doivent s’ajouter les canons portés par le concile de Carthege et approuvés par le Siège apostolique (il s’agit du concile de 418 passé dans les collections sous le nom de concile de Milève : voir Ici, t. x, col. 1753 sq.). Les canons 1 (3), 5(1), 6(5) de cette assemblée condamnent respectivement : l’idée que la grâce est simple rémission du péché, que la grâce est une simple connaissance, que la grâce donne simplement plus de facilité pour faire le bien (mais qu'à la rigueur on pourrai ! le faire sans elle).

Ces textes doctrinaux sont suivis d’un développement qui ne répond que de manière assez Imparfaite au litre, lequel promettait des auctoritates. Il s’agit d’y montrer que, de la « prière de l'Église » faite pour les infidèles, les idolâtres, les juifs, de même que pour les

hérétiques et schismatiques, il faut conclure que la foi

est vraiment un don de Dieu et (puces diverses calé gories d’hommes n’ont pas encore cette science du