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SEMI-PÉLAGIENS. LE CONCILE D’ORANGE
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le bloc vient de Rome. Comment Césaire aurait-il ultérieurement demandé au Siège apostolique l’approbation d’un texte auquel il aurait fait d’importantes retouches ? Nous admettrons donc que c’est tout l’ensemble « les canons d’Orange qui a été envoyé par la Curie. Cf. M. Cappuyns, Les capitula d’Orange, dans Rech. de théol. anc. et médiév., t. vi, 1934, p. 121-142. Mais comment s’est constitué à Rome ce bloc de capitula ? Il ne l’a certainement pas été motu proprio, ce ne peut être que mit une requête de Césaire, qui, selon toute vraisemblance, a préparé le travail de la Curie. Sa part a pu consister dans la transmission a Home de l’J capitula-anathématismes, ceux-là mêmes qui, édités pour la première fois par Labbe d’après un nis. de Trêves (d’où leur nom de capitula trévirois), sont réimprimés dans Mansi, Concil., t. viii. col. 721 : Incipiunt capitula S. Augustini in urbe(m) Roma(m) transmisse. La comparaison entre cette série et les 8 premiers canons d’Orange est très instructive, surtout a cause des suppressions qui, dans l’hypothèse, auraient été faites à Home. Dans ces capitula trévirois deux groupes se discernent : 1-11 ; 15-19. Le premier groupe, restitué en positif, donne un exposé complet du système augustinien :

1. Adam a péché par sa laule, non du fait de sa nature.

2. I.a m >rt corporelle est le châtiment du péché, non un accident qui provienne ex conditione natures.

3-10. Reproduits dans 1-8 d’Orange, sauf des variantes

sans importance.

11. Les pécheurs ou les apostats qui ont reçu le baptême, ('est de Dieu, non d’eux-ni 'in, , qu’ils ont eu la urace de

croire, et il ne paraît pas messéanl a la grâce du médiateur de permettre leur perte.

12. Les péchés commis par ces mêmes personnes avant le baptême ont été effacés par le sacrement ; celles-si n’ont pas a les expier de nouveau ; si elles méritent de pires supplices que si elles n’avaient point été baptisées, ce n’est pas quc les péchés remis leur soient imputés à nouveau, mais parce qu’elles ont péché après avoir connu la vérité.

13. Les supplices de l’ente ! sont diversifiés selon la qualité et l'énormité des fautes.

1 1. Ceux que Dieu, dans sa prescience et de toute éternité, a prédestinés a devenir les Images du Christ ne pourront périr. Ceux qu’il n’a pas prédestinés à la vie éternelle ne sauraient participer au royaume des cieux. Mais la prescience de Dieu ne contraint pas le libre arbitre au péché. Toutes les choses prévues ne sont pas prédestinées, mais

toul ce qui est prédestiné est prévu.

Le deuxième groupe, 15-19, est formé de propositions qui visent le manichéisme : Dieu est le créateur de tout l’homme, ànie et corps ; les âmes ne sont pas des émanations de la substance divine, mais des créatures ; il y aura, aux derniers jours, résurrection des corps ; la métempsycose est un mythe ; il n’y a pas dans les âmes de différence de sexe.

C’est dans ces capitula qu’un travail d'élagage aura été fait par la Curie ; elle aura laissé tomber d’abord tout ce qui se rapportait au manichéisme, comme n'étant pas ad rem. On voit aussi la raison qui aura provoqué la suppression du n. l 1. lequel exposai ! d’une manière qui pouvait paraît rechoquante la doctrine de la double prédestination. Les n. 11-12, peu clairs dans leur rédaction, mettaient aussi en cause une thèse

sur la persévérance Insuffisamment élucidée. Le n. 13

('tait un truisme. Quant aux u. 1 et 2, dirigés contre le pélegianisme franc, ils n’avaient plus, dans les circonstances de temps et de lieu, une vraie raison d'être.

Ainsi dégagés, les 8 capitula subsistant visaient plus exactement les aberrations doctrinales que l’on enten

dait combat Ire.

Bien entendu tout ce travail que nous imaginons repose sur une hypothèse la transmission (par Césaire) à la Curie des capitula trévirois. Quoi qu’en dise dom Cappuyns, lac. ai., p. 129, celle supposition n’a rien d’invraisemblable et parai I tout aussi plan

sible que celle de cet auteur qui voit dans les capitulaanathémalismes envoyés de Rome un simple démarquage des anathématismes formulés dix ans plus tôt par les Scythes, cf. ci-dessus, col. 1838 sq.. et qui auraient été conserves aux archives romaines.

Quant aux capitula-sentences, leur origine exclusivement romaine paraît tout à fait vraisemblable. Les choses se [lassent comme si un théologien de la Curie. saisi des plaintes de Césaire sur la renaissance d’un pi lagl uusine larvi s itait misa parcourir pourexpri mer la doctrine catholique, le Liber sententiarurn de Prosper. Sur cet ouvrage, voir l’art. Prosper, t. XIII, col. « 18. Le Liber se présentait comme un exposé d’ensemble de la doctrine catholique fait en mettant bout à bout de brèves sentences empruntées pour la plupart à l'œuvre intégrale d’Augustin. Ce n'étaient pas, d’ailleurs, les écrits spécifiquement antipélagiens qui avaient été exploités de préférence et l’ensemble se présentait plutôt comme un exposé irénique de la doctrine augustinienne comprise dans son sens le plus général. La correspondance entre les capitula d’Orange et les sententise de Prosper est établi.' à l’art. Ou.vm.i après chacun des capitula. Sur les seize sententise empruntées à Prosper (car le canon Kl n’a pas de correspondant dans ce dernier), on remarquera qu’il n’en est que six qui soient en provenance des écrits antipélagiens d’Augustin, et le texte même qui paraît le plus rigoureux, le n. 22, vient des Tractalus in Johannem de saint Augustin.

Quoi qu’il en soit, en dernière analyse, des constatations positives faites ci-dessus et des hypothèses plus ou moins plausibles qui les relient, il demeure que les décisions tant négatives que positives du concile d’Orange ne sauraient être considérées comme des improvisations, l’ne pensée très ferme les inspire et. quelque grand qu’ait été en tout ceci le rôle de Césaire, celui de la Curie romaine a été prépondérant.

3° La doctrine du concile d’Orange. - 1. Les condamnations portées (can. 1-8). Elles sont relatives aux doctrines erronées : 1. sur les effets du péché originel (can. 1 et 2) : 2. sur les actes qui préparent la justification (can. 3-5) ; 3. sur la possibilité de faire le bien (can. ti M.

a) Effets du pèche originel. - A l’eucontre du pela gianisme, les deux premiers capitula trévirois, rappelaient que la mort corporelle avait été pour Adam et sa postérité le châtiment d’une faute où avait été engagée la volonté du premier père. Le 1 er canon d’Orange ajoute que cette mort ne fut pas seulement celle du corps ; si le corps a été soumis à la corruption, la liberté de l'âme, elle non plus, n’est pas demeurée intacte. Encore que Fauste de Hic/ eût fait profession de combattre ceux qui déclaraient, avec Pelage, que le. libre arbitre, nonobstant la chute, était demeuré intègre, il avait ouvert à la volonté humaine un trop large crédit. Il était donc nécessaire que l’on rappelât la situation misérahle où le péché originel avait mis l’humanité, au point de vue moral, et comment l'élan de l’appétit vers le bien avait été brisé. Le 2' canon marque que cette mort de l'âme est passée dans la postérité d’Adam. Il nous paraît bien viser un passage de Fauste, Epist., iv, /'. /… t. lviii, col. « 18 A, où l'évêque « le Riez dit que la mort n’est pas parvenue Jusqu'à l'âme, parce que Dieu y avait mis son image cl sa ressemblance ».

b) Actes (/ni préparent à la justification. La série des canons 3-5 combat, de manier.- fort claire, la théorie de i’inilium fidei, élaborée par Cassien. reprise par Fauste et devenue comme la doctrine spécifique des Massilienses. Là-COntre, le concile déclare (can. 3) quc le premier appel lance par l'âme vers Dieu l’est

déjà sous l’influence de la grâce, c’est le début du processus qui doit aboutir a la Justification, a la puri