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    1. SEMI-PÉLAGIENS##


SEMI-PÉLAGIENS. LE CONCILE D’ORANGE

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Hcation de nos péchés. Et dès lors est condamnée (can. n l’idée suivant laquelle Dieu, pour nous purifier de nos fautes, attendrait notre volonté de l'être, le bon mouvement, issu de notre seule nature, qui nous fer. rit désirer la purification <le notre âme. Le cri vers Dieu, le désir d'être meilleur, dit le eoneile. c’est déjà le fruit île l’inspiration et de l’infusion du Saint Esprit. Ce que précise davantage encore le canon "> <|iii étend la même idée à l’acte propre de la foi initiale.

c) Possibilité de faire le bien. Il s’agit, contre Fauste, de mettre en sûreté la nécessité absolue et l’absolue gratuité du secours divin, non plus seulement dans Yinitium fidei, mais tout au long de la vie morale. Dans sa phobie du quiétisme qu’engendrait, prétendait-il, la doctrine de la prédestination, l'évêque de Riez avait mis sans cesse en avant l’effort humain. auquel vient s’adjoindre, comme après coup, le secours de la « race. Nous avons signalé, col. 1836, son exégèse, si dangereuse, du mot do Jésus : nemo uenit ad me, nisi Pater attraxerit. Or. notera que la doctrine catholique ne nie point, dans l’acte fait sous l’influence de la grâce, une part qui provienne de nous ; ce qu’elle ne veut pas. c’est que l’on considère la « race comme venant s’adjoindre à l’effort humain commencé sans elle.

Aussi bien l’idée de Fauste tient-elle à une surestimation des forces de la nature (can. 7 et 8). A l’en croire, en dépit de la prévarication originelle, il resterait dans le libre arbitre assez de force pour penser comme il convient à quelque bien relatif au salut éternel, pour le choisir, pour donner assentiment à la prédication de l'Évangile, sans qu’intervienne l’illumination ou l’inspiration de l’Esprit-Saint. Cassien, lui. moins conséquent que ne le devait être Fauste, avait tenté de faire un départ entre ceux qui arrivaient à la « race par le pur effet de la miséricorde divine et ceux qui y parvenaient par leur libre arbitre. Distinction de pure apparence, déclare le concile, l’action de Dieu, pour être moins visible dans le cas de Corneille que dans celui de Saul. ne laisse pas d'être la même ; cela tient à ce que, en tous ceux qui sont nés de la prévarication du premier homme, le libre arbitre a été affaibli et lésé.

2. L’exposé positij de la doctrine. - La manière empirique dont a été établie la série des capitulasentences rend impossible une analyse logique de leur séquence. Dans le fait, ils ne font guère quereproduire. sous des formevariées, les trois points de vue que révèle l'étude des anathématismes. D’ailleurs, comme nous le disons ultérieurement, la conclusion synthétise l’enseignement commun des anathématismes et lesentences. Il ne reste donc qu'à signaler diverses ixpressions qui ajoutent tant soit peu à la doctrine telle qu’elle s'établit en partant des anathématismes, et qu'à discuter une formule qui a donné prise à de sérieuses objections.

a) Parmi les données tant soit peu nouvelles, signalons (elle du canon 1 ! » (même avant la chute la grâce était nécessaire à l’homme : elle le serait demeurée si avait persévéré l'état d’intégrité) : celle du canon 18 de fait que nos bonnes actions sont accomplies sous l’effet de la grâce mles empêche pas d'être méritoires ; eorum coronando mérita coronas doua tua) : celle du canon 24 (sur l 'inhabitation du Christ en nous et in versement de nous dans le Christ, où se montre clairement que la pensée augustinienne est tout autant une doctrine de la grâce sanctifiante que de la grâce actuelle).

b) Restent deux canons, le n. 17 et le n. 22. destinés a mettre dans le jour le plus cru l’incapacité de faire le bien du libre arbitre laissé a lui même. Ce n. 17 oppose une vertu des païens, la force, a la même vertu

ridérée dans les chrétiens : chcI. les premiers ttc

soi disant vertu est un effet de la concupiscence ter restre, (lie/ les seconds l’effet de la charité qui se répand dans les COBUTS. A quoi fait écho le n. 22 affirmant que nul n’a de son propre fond que mensonge cl péché et que, si l’homme possède tant soit peu de vérité et de justice, cela ne lui v lent i que de la source de toutes les grâces, lai réalité la raison pour quoi la vertu des païens (supposés dépourvus de la grâce)

n’est qu’apparence, c’est précisément la donnée de la corruption profonde de l’humanité. Ces deux idées sont strictement augustiniennes, le fait que le concile

sur la proposition de la Curie romaine les a canonisées ne. saurait laisser indifférent le théologien.

Le canon 22. correspondant à la sentence 323 de Prosper, reproduit textuellement une phrase de saint Augustin, Tract, in Joa., Y, i. En se reportant au contexte, on voit clairement le sens de la pensée. Il s’agit en cet endroit de la découverte de la vérité religieuse : elle ne peut nous venir que de l’influence même de la vérité par excellence, de Dieu. Ce qui est vrai de la vérité l’est aussi de la rectitude morale, car i nul n’a de lui-même que mensonge et péché ». L’idée est parfaitement cohérente avec l’ensemble du système, l’osé que, du fait de la chute originelle, le librearbitre a été infirmé, c’est-à-dire que la volonté ne se dirige plus spontanément vers le bien, qu’elle est, par une pente devenue comme naturelle, inclinée vers le mal, on comprend que tout ce qui vient de cet appétit laissé à lui-même soit peccatum. Sans doute on voit cette volonté produire en certains cas (où on la suppose laissée à elle-même), chez les païens par exemple, des actes ayant l’apparence de la vertu ; mais, à y regarder de près, on voit que ces actes sont le plus souvent, pour ne pas dire toujours, déterminés par la mundana cupidilas et sont donc en réalité des fautes. Telle action, inspirée par la vanité ou par quelque autre passion, n’est pas chose parfaitement correcte, s'écarte de l’idéal chrétien. De là à dire que toutes les actions de qui n’a pas la foi sont péchés et que ses vertus sont des vices, il n’y a qu’un pas et ce pas, il est incontestable qu’Augustin l’a franchi et plus d’une fois. Il se trouve que le concile d’Orange n’a exprimé ni ici, ni au canon 17, cette phrase augustinienne, qui venait presque comme la conclusion de son propos. Elle est néanmoins dans la logique du système.

En certains milieux on s’est plu à opposer ces affirmations d’Orange aux condamnations portées contre des propositions de Baïus qui rendent un son tout à fait analogue.

Ce qui fait la vertu de force chez les gentils, c’est la concupiscence mondaine. Or., 17.

Nul n’a de soi que mensonge et péché. Or., 22.

Toutes les œuvres des infidèles sont des péchés et les vertus des philosophes sont des vices. Baius, 25, D.-B., n. 1025.

Le libre arbitre, sans le secours de la grâce divine, n’a de force que pour pécher. Baius, 27, D.-B., n. 1027.

Il est trop évident que, si aux deux séries on donne valeur absolue, d’affirmation pour la série de gauche, de négation pour celle de droite, on arrive à cette conclusion, au moins troublante, que la Curie romaine du vi c siècle a proposé comme enseignement positif a peu de chose près ce que la même Curie a condamne au xv r.

De multiples tentatives ont été faites pour leva cette apparente antinomie et les deux canons d’Orange ont passe pour être la croix des interprètes. Peut-être les essais en question se sont-ils trop ins pires de la dialectique, comme s’il s’agissait de inani

puler des équations (pul’on chercherait a taire concoi der. Cf. art. ORANGE, col. 1099. L’histoire, en donnant leur juste valeur a des t extes qu’il ne faut pas s’empres