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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/174

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SEMI-PÉLAGIENS SEMI-RATIONALISTES


d’Arles ne se contentait pas d’exposer au pape les circonstances qui axaient amené la tenue du concile et les décisions qui y avaient été prises, il ajoutait encore le< preuves générales de la doctrine. Boniface II

repondit le 2."> janvier 531 : il approuvait la confession de foi rédigée par les conciliaires, comme conforme aux règles catholiques des Pères. Il condamnait, au rebours. ceux qui estimaient que tout doit être attribué à la grâce à l’exception de la foi qui la précède, et signalait l’inconséquence de leur attitude, car en vertu de leur doctrine même Ils devaient attribuer à la grâce la foi. sans laquelle rien ne se peut faire qui soit bon selon Dieu, l’osé ceci que tout ce qui ne vient pas de la foi est péché (en d’autres termes que tout bien vient de la foi), soustraire l’acte de foi à la grâce, c’est tout lui soustraire. Inversement, si l’on attribue toute action bonne à la grâce, il faut aussi lui attribuer la foi.

Outre les décisions d’Orange, Césaire, pour éclairer la religion de Boniface II. lui avait transmis la lettre d’un évêque, où se percevaient les séquelles de l’erreur pélagienne. Inutile d’y répondre, dit le pape, qui ne semble pas avoir pris la chose au tragique. Nous espérons cpie. par votre ministère et votre doctrine, la miséricorde divine opérera dans les cœurs de tous ceux qui sont en désaccord avec vous, et qu’ils penseront, dorénavant, que le bon vouloir vient non d’euxmêmes, mais de la grâce divine, puisque, transformés par elle, ils se mettront à défendre ce que, avec opiniâtreté, ils avaient jusque-là combattu, i

De fait, à la date où le pape expédiait cette lettre, les oppositions que, du point de vue doctrinal, Césaire avait pu craindre, commençaient à se calmer. Comme 1 écrit son biographe, le pape Honitace, de bonne mémoire, ayant eu connaissance des discussions (auxquelles t.ésaire avait dû prendre part) réprouva les intentions de ceux qui attaquaient l'évêque et confirma son jugement de son autorité apostolique. Ainsi, parla urâce du Christ, les chefs des Églises acceptèrent peu à peu ce que le diable avait rêvé de supprimer par une soudaine opposition, i Vita Cœsarii. I. I. n. lf>, / L., t. lxvii. col. 1023.

Conclusion. — Ces mots du biographe de Césaire sont aussi la conclusion historique du long épisode que nous avons raconté. En fait, après le concile d’Orange, on ne perçoit plus guère de traces de l'âpre controverse qui. durant un siècle, avait agité une partie. d’ailleurs assez restreinte, de l’Kglise occidentale. A cette disparition il n’y a pas lieu de chercher des causes bien profondes. La barbarie dans laquelle s’enfonce progressivement la chrétienté d’Occident en est surtout responsable. Quand, au IXe siècle, la culture théologique ayant commencé de refleurir, l’attention des esprits se portera de nouveau sur les grands problèmes de la destinée humaine, de nouvelles controverses surgiront autour de la même thèse augustinienne de la prédestination ante prævisa mérita. Cf. l’art. Prédestination : La controverse sur lu prédestination au Le siècle, t. xii, col. 2901-2935..Mais ces controverses ne toucheront pas au point spécial qui fait proprement le centre du semi-pélagianisme. Pasdavan tage les discussions ultérieures des xvr et xvir siècles, et c’ist par abus que l’on voudrait chercher du semi pélagianisme dans les tendances qui se sont fait jour a cette époque, de donner une attention plus grande à la part, que tous jugent incontestable, de l’effort humain dans l’affaire du salut.

Car le semi-pélagianisme on s’en est aperçu de reste ; i parcourir son histoire littéraire — c’est la tentative d'échapper a la rigidité de la prédestination

BUgUstinicnne en ménageant dans le processus sal vilique une toute petite place à l’action autarcique de la olonte humaine. La doctrine erronée de Yinitium ftdei est i.- pivot même du système. Elle entraîne obli

gatoirement une appréciât ion trop optimiste des forces laissées à la volonté humaine après la chute originelle et. de proche en proche, à une surestimation de cette nature elle-même, telle que le péché originel l’a faite. I.i se trouve l’erreur essentielle du senii-pélagianisine. Ceci dit, il faut aussi reconnaître que la controverse n’a pas été sans mettre en lumière, d’une façon très heureuse, certains problèmes que la terrible logique de l'évêque d’Hippone avaient résolus un peu vite. Ni la valeur universelle de. la rédemption, ni la volonté salv itique du l'ère céleste n’avaient obtenu du Docteur de la grâce tonte la considération que méritaient ces thèses capitales. Les Massilienses eurent raison de poser ces problèmes. Ils ne les ont pas résolus, pas plus d’ailleurs que les théologiens ultérieurs, pas plus, en somme, que l’on n’explique un mystère. Mais, après avoir fait dans leur bilan la part du passif, il n’est que juste de porter à leur actif ces deux thèses, qu’ils ont inscrites au tableau des questions qui se poseront toujours : la bonté de Dieu qui veut sauver tous les hommes, la mort du Christ dont le sang fut répandu pour le salut de tous les fils d’Adam.

Les sources ont toutes été relevées au cours de l’article, avec l’indication des travaux les plus récents qui les concernent. Se reporter d’ailleurs à la bibliographie des articles spéciaux : Augustin, Baius, Cassien, Césaire, Fauste, Gélase, Lucidus, Orange, Prosper, Sctthes et Vincent

DE LÉRINS.

Les anciennes histoires de la controverse semi-pélagienne sont toutes plus ou moins gâtées par l’esprit de parti : il faut citer au moins celle de Jansénius, au t. i de VAiu/tistinus, voir ici, art. Jansénius, t. viii, col. 337 sq. ; et celle de Xoris, voir ici son article, t. xi, col. 799. Parmi les histoires plus modernes : G.-E. Wiggers, Versuch einer pragmatischen Ihwstellung des Augustinismus and Pelagianismus nach ihrer geschichlliehen Entwickelung, 2 vol., 1833 (est d’un protestant dont la tendance perce fréquemment) ; F. Wôter, Beitràge zar Dogmengeschichte des Semipelagianismus, Paderborn, 1898 ; du même, Zar Dogmengeschichte des Semipelagianismus, Munster, 1899.

É. A MANN.

SEM I-RATIOIM ALISTES. I. Notion gêné raie. II. Principaux représentants.

I. Notion générale.

Le semi-rationalisme est une tendance théologique qui attribue à la raison humaine une importance exagérée, tant pour la démonstration cpie pour la présentation notionnelle des vérités révélées.

Comme le rationalisme, le semi-rationalisme est issu du mouvement intellectuel qui s’est concrétisé dans VAu.fklaru.ng. Le rationalisme voit dans la raison humaine la règle suprême de la connaissance et de la morale. S’il veut être lidèle à ses principes, il doit nier toute révélation surnaturelle et ne peut admettre qu’une religion purement naturelle. Ce rationalisme intégral ne parvint pas à influencer sérieusement les théologiens catholiques français. Il n’en fut pas de même en Allemagne. Sans doute, aucun théologien catholique marquant n’y a identifié le christianisme avec la religion naturelle ; mais il s’en trouva cpù, tout en admettant l’existence de la révélation surnaturelle, ont présenté les vérités révélées comme étant essen tiellement d’ordre naturel et par conséquent accès sibles à la raison humaine. L’ancien carme Thaddée Dereser, qui fui professeur au grand séminaire de Strasbourg et prédicateur de la cathédrale sous le régime de l'évêque constitutionnel Hrendel (17911793) et qui mourut en 1827 comme professeur de théologie à Brestau, a professé ce rationalisme mitigé dans sa traduction commentée de la Bible. Sur les autres tenants du rationalisme théologique, voir M. Grabmann, Die Geschichte der katholischen Theolo gie seil drm Ausgange der Vâlerzeit, Fribourg-en-Br., 1933. p. 210 sq. ;.1. Diebolt, Histoire de In théologie