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    1. SENTENCES##


SENTENCES. LES COMMENTAIRES, RÉDACTION

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de l’intelligence de l’auditeur, et de l’attention qu’il prête, et de son assiduité aux leçons, et de sa rapidité à prendre ses notes. Leur intégrité sera souvent fonction non seulement de l’assiduité et de l’attention,

mais aussi îles préoccupations de l'étudiant, qui néglige de relever tel ou tel développement comme ne

l’intéressant pas ou ne répondant pas a ses besoins intellectuels. H va sans dire que ces remarques seront vraies surtout quand il s’agira d’un grand ensemble doctrinal, tel le commentaire sur les quatre livres « les Sentences, au cours duquel les causes de défaillance et les inexactitudes peuvent être nombreuses. Aussi

les auteurs qui, pour divers motifs, se sont vus attaquer ou dénoncer, se plaignent-ils souvent des défauts des reportations sur lesquelles on les a jugés, quand l’acte

d’accusation n’a pu s’appuyer sur leur propre texte. C’est le cas de Gilles de Home, par exemple, de PierreJean Olieu. de Jean Qui dort. Ils prétendent qu’on a mal compris et déformé leur pensée. Voir P. Glorieux, Un mémoire justificatif de Bernard de Trilia, dans Reçue des seiences phfl. el théol., t. xvii. 1928. p. 42212 4.

D’autres documents sont là. comme de vraies pièces à conviction, pour en témoigner. Il n’est que de rappeler l'étude savamment menée par Mgr A. Pelzer sur Le premier linre des Reporlala Parisiensia de Jean Duns Seat, dans Annales de l’Institut supérieur de philosophie de Louvain. t. v, 1924, p. I lit- 191. On y saisit sur le vif les procédés divers dont le cours de Duns Scot à Paris a été la victime : comment son I. I** se lit dans une petite reportation, exacte mais fort courte, du fr. H. de la Haute-Allemagne, ms. Borgh. 50 et 89 ; dans une autre reportation plus longue, due à un anonyme, qui fut revue et authentiquée par Duns Scot lui-même : mss Borgh. : >-2ï ; Oxford. Merton coll. -5° : Vienne 1J41 : dans une troisième enfin, mauvaise celle-là. dont on n’a pas retrouvé le manuscrit, mais qui sert de base à l'édition de Jean Maior, imprimée à Paris en 1517, 1518 ; et enfin dans un abrégé de la grande reportation. fait par Guillaume d’Alnwick. Or. c’est de ce dernier que dériveront le résumé de Guillaume de Missali, l'édition de Bologne de 1478, qui prétend donner les Reporlala Parisiensia, et le contaminant par des emprunts faits à la mauvaise reportation. l'édition de Wadding, en 1639.

Si intéressantes et vivantes que puissent donc être ces reportations — on les reconnaît souvent à ce caractère plus proche de la vie, au style négligé, qui trahit l’impromptu du cours, ou aux formules dans lesquelles le reportateur jette ses impressions — on ne doit s’en servir pour juger d’un auteur et de sa doctrine qu’avec toutes les réserves qui s’imposent. l’A quand plusieurs reportations d’un même texte sont connues, comme c’est le cas non seulement pour Duns Scot mais pour quantité d’autres, c’est tout un travail très nuancé et très délicat qui est requis pour dégager des variantes ou des contradictions apparentes, l’authentique pensée et la vraie formule de l’auteur.

2 Réductions personnelles. Cet inconvénient

se trouve écarté quand l’auteur lui-même, en l’occurrence le bachelier sententiaire, a pris soin de rédiger personnellement son texte et de le remettre a l'éditeur.

Il est bon. même alors, de savoir qu’on peut se trouver soit en face d'éditions normales, soit d'éditions retardées, soit d'éditions retouchées. Par éditions retardées on peut entendre celles qui n’auront vu le jour que plus ou moins longtemps après l’achèvement de la lecture des Sentences. Quelles qu’en soient les causes, il arrive assez souvent que le texte du commentaire n’est pas lancé immédiatement dans le public par le bachelier ; mais que, conservé dans ses cartons,

retravaillé, bien mis au point, il ne paraît que plus tard, renforcé par le crédit croissant de l’r bachelier devenu maître ; mais souvent aussi enrichi de documents nouveaux, du fruit des discussions ou du progrès de la pensée personnelle de l’auteur. Il est donc bien authentique, reconnu par celui qui le public ; mais il diffère peut-être de ce que fut objectivement la lecture même des Sentences, au temps où son auteur n'était encore quc bachelier. Kn tous cas, c’est un texte qui fait foi. Du a signalé plus haut, dans ce sens, le cas du commentaire de Gilles de Home, dont le I. I, r parut vers 1270 1278, c’est-à-dire presque aussitôt après qu’il eut été « lu », mais dont les I. II et III ne furent édités qu’après 1309. On sait de même que les quatre livres des Sentences lus par Hichard de Mediavilla en 1282-1284 ne parurent que vers 1295. Voir E. Hocedez, Richard de Middlelon, Louvain, 1925, p. 49-55. Il faut leur ajouter aussi des commentaires comme ceux de Jean de Bâle, de Guillaume de Hubione, qui dans leur édition font allusion soit à leur Dispulalio in vesperiis, comme le premier, soit à leurs disputes De quolibet, comme le second, alors que les unes et les autres sont certainement postérieures à la lecture des Sentences. Voir, pour Jean Baconthorp. Xiberta, De scriptoribus seholasticis sseculi ziv ex ordine carmelitarum, 1931, p. 181-183.

Il est plus normal cependant, et c’est de fait la coutume qui prévaut, que le bachelier mette au point son travail et le prépare pour l'édition aussitôt sa lecture achevée. La chose lui devient d’autant plus possible que, même avant le début du xiv c siècle, entre sa deuxième année d’enseignement et sa licence, se place tout le stage du bachelier formé où, débarrassé de la lecture des Sentences, il doit s’initier surtout aux autres activités du maître.

Ici encore les statuts parisiens de 1360 veulent prendre leurs garanties. Leur article 9 exige la censure et l’imprimatur préalables : Item quod nullus magister aul bacalarius qui Sententias legerit, suam lecturam Sententiarum committat tradendo stationariis (libraires) directe vel indirecte quousque sua leclura fuerit per cancetlarium et magistros prsediclee jacultatis examinata.

Il ne faut pas oublier pourtant que ces commentaires, comme les autres ouvrages de l'époque, mais plus fréquemment qu’eux peut-être, sont susceptibles d'être revisés et qu’on se trouve parfois en présence d’une seconde et même d’une troisième édition d’un même commentaire. Nous disons d’un même commentaire. Car un autre cas se présente aussi, qu’il faut rappeler sans attendre : c’est que tel bachelier a pu lire à plusieurs reprises les Sentences soit en divers lieux, soit à un même endroit mais à des dates différentes. Les exemples en sont abondants : on a parlé plus haut de Duns Scot ; on sait qu’il lut les Sentence* et à Oxford et à Paris, et auparavant même à Cambridge. Pour rester dans le même ordre franciscain. Vital Du Four lut au moins deux fois les Sentences, à Paris, et à Montpellier. PierreJean Olieu aussi : à Paris, à Montpellier, à Florence. Pierre Auriol à Paris Toulouse, Bologne et Paris. On a des cas semblables chez les frères prêcheurs, pour un Jacques de Metz par exemple. Et la chose se comprend assez facilement pour les réguliers, qui bien souvent ont été lecteurs dans tel ou tel studium ou collège de leur ordre avant d'être envoyés à Paris ou Oxford ; pour ceux aussi qui passent d’une université à l’autre avant d’avoir conquis le grade de maître. C’est le fait ilr bien des Anglais qui passent de Cambridge à Oxford. Peut être est ce une chose plus rare pour les séculiers, a moins que leur (arrière n’ait été interrompu par un échec ou une dénonciation.

Pluralité des lectures ; et donc des textes qui

peuvent marquer progrès <ul’on a l’autre. Mais, même