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    1. SENTENCES##


SENTENCES. LES COMMENTAIRES, ÉVOLUTION

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de s’en rendre compte en parcourant la table des questions d’un commentaire sur les Sentences. Ils sont traités plus ou moins longuement, avec un luxe d’arguments pro et contra des plus variables. Et ces questions se trouvent elles-mêmes coordonnées par le bachelier, agencées selon qu’il le veut et rattachées a sa façon au texte du Lombard, l’eu importent alors les dénominations qu’elles reçoivent et les subdivisions adoptées par chaque auteur. Pour saint Bonaventure par exemple la distinction se divise, le cas échéant. en parties : chaque partie (ou la distinction elle-même) en articles ; chaque article à son tour en questions. Saint Thomas divise ses distinctions (ou leurs parties) directement en questions, celles-ci en articles et parfois, quand il y a lieu de diviser encore, en quæstiuncultt auxquelles correspondront des solutiones. Quoi qu’il en soit des vocables, dont il faut connaître cependant le jeu pour obtenir des références exactes, chacune de ces dernières ramifications constitue un problème soulevé à l’occasion du texte et doit servir a en mieux pénétrer la pensée. C’est leur solution satisfaisante à toutes qui constitue le meilleur enseignement et donne le véritable exposé de son esprit.

Exposé de l’esprit : peut-être pas de la lettre à laquelle on ne s’est pas particulièrement attaché au cours de ces discussions. C’est pourquoi, en terminant, la ledit) se retourne vers le texte. le repasse rapidement pour fournir, en fonction de ce qui a été dit surtout, l’interprétation d’un mot plus difficile ou l’exégèse d’une phrase, pour résoudre quelque objection ou quelque doute auquel il prêterait, pour souligner enfin tel problème secondaire dont la discussion ne s'était pas emparée. Ce seront les dubitationes circa litteram ou 'expositio lilterse, de quelque nom qu’on appelle ce troisième et dernier clément de la leçon.

Tel est l’ordre régulièrement suivi à cette époque et la structure type d’une lectiu sur les Sentences. Ce procédé se répète inlassablement et invariablement pour toutes les distinctions des quatre livres. Seuls le début et la fin de chacun d’entre eux s’ornent de fioritures ; encore celles de la tin sont-elles d’introduction plus tardive. Le début par contre, et surtout celui du I. I er par lequel s’inaugure tout l’enseignement du bachelier, a les honneurs d’un cours spécial dont le lecteur choisit lui-même le thème : texte d'Écriture, en général, qui lui permettra de faire l'éloge du Livre des Sentences et. à travers lui. de la science théologique, de montrer aussi l’unité profonde de son objet à travers la distribution des quatre livres. (Et l’on devine aisément la vogue dont jouissent certains textes scripturaircs dont les divisions quaternaires se prêtent a ces adaptations symboliques : les quatre fleuves du Paradis, les quatre rouis d'Ézéchiel, les quatre paires d’ailes des séraphins, etc.) Et quand il s’agit de l’introduction a l’un des derniers livres, la façon dont les mystères qu’il examine se rattachent à l’ensemble serl fréquemment de thème. Ce principium comporte donc un sermon ou collation, mais qui donne immédiatement naissance à des questions de portée générale et a une argumentation en règle.

_ Le développement de la quæstio : Encore que les grands traits qu’on vient d'énumérer se retrouvent a travers toute l’histoire des commentaires sur les Sentences, leurs proportions ne demeurent pas Us mêmes. L’un des trois éléments de la leçon se développe au détriment de ses voisins : et toute l'évolution de ce genre littéraire comme aussi de l’enseignement qu’il sous-entend. tourne in définitive autour de la place plus ou moins prépondérante que prendront dans le commentaire les questions, seconde partie de la leçon, (/est là en effet l'élément qui seprête le mieux aux développements, et qui est de fait le p ! ûs Variable. El l’on assiste, en partant des eirigine s élu

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genre, à sein amplification continuelle. Il prend d’abord une importance réelle et se créesa placeélans l’ensemble : bientôt il empiète sur les deux éléments qui l’encadrent, sur la divisio textus e-i l’expo sitio litterse ; il finit par les éliminer pratiquement de la leçon. Il s’hypertrophie enfin au point ehtaire sauter les e-aelres eles distinctions et eleramener le commentaire des Sentences à quelques questions choisies sur le thème général des livres.

L'étal ele la leclio tel epi’il a été décrit plus haut est eléjà, il ne faut pas l 'oublier, la résultanted’une évolution. On y est passé, élans lese-e-einel élément, élu simplecommentaire glosé, agrémenté à l’occasion de brèves questions, à la quæstio proprement éliteavec teinte sa richesse dialectique. Les gleises serrent debeaucoup plus près le texte élu Lombard dont elles veulent éclairer le sens littéral ; sans eleiute se permettent-elles d’y ajouter eles développements personnels, mais ceux-ci seint en règle générale elepeu d'étendue, et la liberté priseavec la pensée et l’ordre de l’auteur n’est jamais très grande. Queles explications ou gloses se lisent, élans les manuscrits, transe-rites en marge élu texte, lui-même écrit au milieu de la page (voir J. de Gliellinck, Les notes marginales du Liber Sententiarum, dans Rev. hist. ecclc’s.. I xiv, 1913, p. 5Il sq.). ou qu’elles se présentent sous la forme d’un ouvrage continu, dans lequel les mots ou les passages à éclaircir sont écrits, soulignés généralement ou distingués par quelque artifice d'écriture et suivis immédiatement d’une glose plus ou meiins hmguc (ce sera par exemple le cas des Glossæ super Sententias généralement attribuées à. Pierre de Poitiers, ou ele ces autres gloses anonymes qu’ont indiquées H. Weisweiler, Eine neue jrUhe Glosse zum l’ierten Buch der Sentenzen des P. Lombardus, dans Aus der Geistesivelt des Mittelalters, t. i, p. 388-400 ; ou A. Lanelgraf, Problèmes relatifs aux premières gloses des Sentences, élans Rech. théol. anc. et médiév., t. iii, 1931. p. 140-157), le rattachement au texte n’est pas factice, et les questions quand elles se présentent n’en sont jamais que des sortes de protubérances. Le premier stade de l'évolution consistera donc dans le dégagement de ces questions qui, tout en se rapportant au sujet traité dans la distinction ou le chapitre du Lombard, quittent le genre de paraphrase qui suivait le texte pas à pas ; elles n’entendent plus être le simple commentaire ele sa pensée ni la défense de ses positions, mais à son propos abordent des problèmes distincts, inelépe ndants.

On ne connaît pas, à vrai dire, de commentaires sur les Sentences qui ne soient déjà libérés de la strvitude ele la glose. Les premiers commentaires authentiques, et authentique ment œuvre ele bachelier et ceci importe, ne l’oublions pas — présentent vers 1230 la division tripartite où la quæstio tient sa grande place. Mais celle-ci n’absorbe pas tout : la divisio textus et les dubia circa litteram sont considérables encore chez un Hugues de Saint-Cher, un Richard Fishacre, un Robert Kilwarelbv et un Albert le Grand. Peu à peu, néanmoins, les proportions se renversent ; et quand on arrive, vingt ans plus tard, aux commentaires de saint Thomas OU elesaint Bonaventure, il est incontestable épie la quæstio l’emporte, et ele beaucoup, comme été nelue et importance, 'iir les deux autres parties. D’ailleurs entreces deux maîtres eux-mêmes la différence déjà est sensible. saint Bonaventure faisant plus largement que saint Thomas la place à la divisio et aux dubia.

(.'est précisément dans cette façon de doser les éléments dela leçon que pe ut s’exercer l’initiative de Chacun ; lebâche lie r garde sa libe lié élans ee Itelépar titiem. Il la garde-e neeirejusipie- élans la rédaction ; témoin le commentaire ele Bombolognus de Bologne

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