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SERA PION DE THMUIS SERA RI US (NICOLAS
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On peut encore ajouter qu’au c. xi, 1. 1. on trouve une des plus anciennes allusions au culte des reliques ; que dans quelques passages, c. kl, 1. 01 ; c xi.ix, I. 12 ; C. Lin. 1. 39, OU a relevé des traces de l’idée d’otxovopia divine ; enfin que Sérapion plaçait peut-être l'évangile de saint Marc avant celui de saint Matthieu : cf. C. XXV, 1. 13 ; c. xxxvii, 1. 11. Tout cela est assez peu de choses.

Plus intéressant, à certains égards, que le Traité contre les manichéens est un recueil de trente prières liturgiques retrouvé dans un manuscrit de l’Athos, du xie siècle. Ce recueil est suivi d’une lettre OU d’un traité en forme de lettre Ilepl -arpôç L%>. oloû. Le texte de l’ensemble a été publié pour la première fois par Dimitrijevskij en 1894, mais cette publication demeura inaperçue. L’attention des savants ne fut attirée sur i’euchologe en question que lorsque Wobberinin en eut donné en 1898 une nouvelle édition. La première et la plus longue des prières porte en souscription les mots : s-j/r, Trporrcpopo’j 2apa7ttû>voç èmaxoTcou ; en tête de la quinzième prière figure le titre —y>nfr/y. Hapa-îcovoç s-'.ryy.ô-oj ©jioûewç. Ces formules ne permettent pas de préciser si toutes les prières de la collection ou seulement celles qu’elles accompagnent étaient attribuées à Sérapion. Cependant il semble que le recueil entier était celui de Sérapion. Il serait d’ailleurs beaucoup plus intéressant de savoir si i'évêque de Thnmis lui-même est l’auteur des prières, ou seulement le formateur du recueil, ou encore seulement son utilisateur. A ces questions, il est difficile de répondre. Les arguments stylistiques ne sauraient ici trouver leur emploi. Non seulement les termes de comparaison seraient trop brefs, mais surtout, le style et le vocabulaire des prières ont des caractères trop spéciaux, trop impersonnels pour qu’on puisse utilement rapprocher ces prières de l’ouvrage contre les manichéens. D’autre part, il est hautement probable que I’euchologe de Sérapion contient des prières plus anciennes que le milieu du iv c siècle et qui étaient employées depuis longtemps dans l'Église. Si le nom de Sérapion est ici justement rappelé, on croira que I'évêque de Thniuis s’est borné à recueillir les prières dont il avait besoin, mais qu’il ne les a pas composées. Lu toute hypothèse, les pièces contenues dans la collection ont une très grande importance pour l’histoire de la liturgie. La première surtout, l’anaphore de I'évêque Sérapion. mérite une élude attentive de la part de tous les liturgistes aussi bien que des théologiens : elle s’ouvre par une préface qui est une louange un peu confuse à Dieu sur sa propre sublimité et sur son Fils par qui nous le connaissons. I.a préface se Clô1 par le Sanctus. Puis vient une prière d’offertoire, que suit immédiatement le récit de la cène ; il s’y mêle une prière pour l'Église, plus ou moins inspirée des formules de la Didachè. Après une épiclèse, l’anaphore s’achève par le Memento et la lecture des diptyques et par des suppli cations pour les fidèles. On relève ici ou là des expressions un peu déconcertantes au premier abord, telles que celles-ci : Le pain est la figure du saint corps… Nous offrons ce calice, figure du sang… » En réalité ces formules ne sont pas exclusives du réalisme eucharistique le plus franc. Cf. P. Batiffol, Etudes d’histoire et de théologie positive, IIe série : L’eucharistie, 7e édit., Paris, 1920, p. 311-334.

Parmi les autres prières de I’euchologe, on peut signaler des prières pour les malades, pour la fertilité

des champs, pour l'église locale et ses clercs. Ces diverses pièces mériteraient, semble t ii, une élude approfondie.

Le court traité sur le Père et le Fils qui suit l’eucho

i i <|ni esi adressé aux saints didascales de

atholique et apostolique est liés différent

d’allure ; il a pour but de prouver que le Fils est coéternel au Père. Il n’y a pas d’autre raison pour l’attribuer à Sérapion que le voisinage de I’euchologe, et il pourrait être plus ancien que I'évêque de Thmuis.

Sur la vie de Sérapion, il faut encore se référer à Tilleiiiont. Mémoires, t. viii, p. 1 13-1 15, 696-697. On a Indiqué plus haut les travaux relatifs au traité contre les manichéens. L’euchologe a été édité par ('. YVoblK’iinm, Allchristllche liturgische Stùcke mis der Kirche /Eggplens, nebst einem dogmatlschen Briej des Bischofs Sérapion non Thmuis, Leipzig, 1808, dans Texte laid l’idcrs., t. xvii. fasc. I b. De nouvelles éditions en ont été données par l-'.-X. l’unie, Didascaiia et constitutiones apostoloruin, t. iii, Paderborn, 1905, p. 158-195, et par F.-E. Brightman, dans le Journal o/ theological studies, t. r, 1900, p. 88-1 13, 2 17-277. Voir encore P. Batiffol, Une découverte liturgique, dans Bulletin de littérature ecclésiastique, 1899, p. 69-81 ; I'. Drews, Ueber Wobbermins altchristliche liturgische Stùcke, it. s. w., dans

Zeitschr. fiir Kirchengeschichte, t. xx, ii, p. 291-328,

115-441.

(L Bardy.

    1. SERARIUS (SERRARIUS) Nicolas##


SERARIUS (SERRARIUS) Nicolas, jésuite (xvr siècle). Il naquit à Rambervillers (Vosges), le 5 décembre 1555, commença ses études à Rcmiremont, alla les poursuivre à Cologne et à Wurtzbourg, et entra dans la Compagnie (province allemande) en 1573. Pendant vingt ans, il enseigna la philosophie, l'Écriture sainte et la théologie à Wurtzbourg et à Mayence, consacrant toute son ardeur à la conversion des hérétiques. Son succès fut immense. Travailleur obstiné, il avait appris l’hébreu et le syriaque, ce qui lui permit d’approfondir beaucoup sa connaissance de l'Écriture sainte, et le lit généralement considérer comme un des meilleurs exégètes de son temps. Il mourut en mai 1609 à Mayence.

L’activité théologique de Serarius a été multiple.

1° Écriture sainte. - Il publia des commentaires sur Tobie, Judith, Esther, les Machabées, Mayence, 1590, iii-l° (2° éd.. Mayence, 1610, in-fol. ; Paris, 1611). Il faisait large place à la littérature et à l'érudition profanes selon la méthode humaniste. Le Cursus sacne Scripturæ de Migne utilise Tobie, Judith et Esther (t. xii, col. 649-786 ; 787-1268 ; t. xiii. col. 9-32) ; Josué, 2 in-folios, Mayence. 1609-1610 (Paris et Cologne, 1610) ; Les.liu/cs et litilh, Mayence, 1009, in-fol. (Anvers, 1610, Paris, 1(511) : Prolégomènes bibliques et commentaires des épîtres canoniques. Mayence, 1612, in-fol. (Paris, 1704 ; le privilège de cette édition est donné pour Lyon ; de fait, les Mémoires de Trévoux, 1704, p. 218 1. signalent une édition à Lyon : serait ce la même ?), ces Prolégomènes ont été et restent appréciés ; Les liois et tes Paralipomènes, Mayence. Itil7 (Lyon, 1618), in fol.

Parallèlement à ces commentaires, Serarius composa un certain nombre de dissertations sur des questions bibliques. Entre autres : De duodecim sanctis apostolis, Wurtzbourg, 1585, in 12 : /). Paulus et Judas Iscarioles, ibid., 1591. A la suite de cette publication, une. longue controverse mit Serarius aux prises avec.1. Drusius et Scaliger. En réponse au De Ilassidivis de Drusius, Francfort, 1603 (question de l’identification des hassidéens dont il est parlé au livre des Machabées), notre auteur publia son Trihseresium, Mayence, 1601, in-l°. où il étudie les trois seeles des pharisiens, de. sadducéens et des esséniens. Scaliger et Drusius répondent. Il leur réplique par son Mineroal, Mayence, 1605, in-8°. De nouvelles ripostes des adversaires amènent la composition d’un De rabbinis et llerode. Mayence, 1607, in 8°. Les diverses pièces de celle querelle d'érudits ont été réimprimées au xviiie siècle par Triglaudius, sous le titre de Trium scriptorum

illuslriiim de Irilais.1 udanium seclis si/nlat/ma. Delphes. 1703, 2 vol. in I". In certain nombre de ces dissertations furent reprises sous le titre Opuscula