Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1961
1962
SERRY HYACINTH]


prédestination et la grâce… Serry répliqua par un ouvrage latin : I>. Augustinus summus prsedestinationis et gratim doctor a calumnia oindicatus… On attribua

aussi a Serrj une lettre latine qui se disait écrite par Monsieur de Launoi dans les Champs-Elysées et cpii était adressée au Révérend Père généra] de la Compagnie île Jésus, pour lui montrer que dans tout son livre à lui. Launoi. on ne trouvait que des copies des ouvrages de jésuites. In de ces religieux, le 1'. GabrielDaniel Ht imprimer cette même année 170'. » une lettre au H. P. Antonin Clocbe, général îles dominicains, touchant le I). Augustinus… et la lettre, attribuée au P. Serry. Ce dernier répliqua par une lettre française au P. Daniel. Il s’y libérait d’un reproche d’hérésie gratuitement porté par son adversaire. Daniel riposta en 1706 par un traité de théologie. Serry voulut avoir le dernier mot par une Schola thomistica vindicala. Mais il y eut encore une lettre de Daniel et une autre, de Serry avant que la dispute s’arrêtât.

Serry est encore l’auteur d’un libelle habile et méchant contre les jésuites. Ce libelle est intitule : Vrai sentiment des jésuites touchant le péché philosophique. Couvain. 171 1, in-16, 138 p. L’ouvrage porte en soustitre : Pour servir de réponse aux deux lettres des jésuites ». Longtemps on s’est demandé si l’ouvrage était bien de Serry. Mais dans un de ses écrits authentiques, Serry lui-même s’en attribue la paternité. Voir article PÉCHÉ, IX. Le pèche philosophique, t.xii, col. 259. On reconnaît aisément dans cet écrit la manière de Serry. vive et directe. L’hérésie du péché philosophique est décrite comme un héritage de Molina. Elle comporte deux erreurs comme définitions : « 1° Que, faute de connaître Dieu, tous les péchés des athées et des infidèles ne sont que des péchés philosophiques ; 2° Que faute de se souvenir de Dieu en péchant, les chrétiens corrompus ne font aussi que des péchés philosophiques. » Après Molina, Mœratius et Filliucius auraient ainsi insisté sur l’ignorance invincible concernant certains préceptes de la loi naturelle. Vasquez, Suarez, Sanchez, Lessius, Gourdon auraient eu des sentiments plus mitigés. Mais il faut y joindre les calembredaines de Layman. Conink. Tambourin, Amicus, Escobar, voire celles de Carleton, Th. Raynaud, Bauny, Annat, Oviedo. Par un autre biais, on trouve des sottises complémentaires chez Martinon, de Lugo, Aldrete, deBugis et de Rhodes qui n’admettent comme coupable devant Dieu et digne des peines éternelles que le péché théologique. Le professeur de Dijon » n’est donc pas simplement coupable d’une hypothèse purement métaphysique comme les jésuites l'écrivent pour le défendre. Ainsi du moins prétend Serry.

De plus en plus excité contre les jésuites, Serry écrivit pour prouver qu’ils toléraient le mahométisme dans l'île de Chio (1711 >. Il s’en prit plusieurs fois aux « rites chinois ;. Il concilia contre les jésuites Augustin et Thomas : Divus Augustinus divo Thonue concilialus. Il ne voulut même [tas que les jésuites pussent considérer un thomiste indépendant du xvi c siècle, Ambroise Catharin, comme moins traditionaliste que les autres et il écrivit Ambrosii Catharini uindiciæ de necessaria in perficiendis sacramentis intentione, Padoue, 1727 : Paris. 1728 : Padoue, 1730.

3° Protestation contre des abus dans la piété mariale. — En ce qui concerne la piété mariale, Serry s’est fait l'écho des plaintes contre certains abus, plaintes rendues célèbres par les Avis salutaires de la / ;. V. Marie a ses dévots indiscrets. Cet opuscule bien connu, d’inspiration a demi-janséniste, quelque peu frondeur

plutôt qu’hétérodoxe, dû a la plume de l’avocat théologien Adam Widenfeld, avait paru en 1073 et avait été mis a {'Index dès 1674. Mais il se rencontrait une part de vérité dans les critiques de l'âpre et malveillant censeur de certaines dévotions mariales. ussi,

en 171'.'. un ouvrage assez considérable de Serry devait reprendre la question. Voir P. lIolTei. La déco lion à Marie au déclin du XVIIe siècle. Autour du jansénisme et des Avis salutaires de la I>. Y. Marie éi ses dirais indiscrets, Paris, 1938. Serry n’obtint pas sans peine la permission d'écrire un livre sur ces sujets où il était obligé de dire, parlant de certaines pseudo-traditions : » Rapporter ces légendes, c’est les réfuter ». En 1718. il avait eu à ce propos une difficulté d’imprimatur et il axait « liï se justifier auprès du maître général de son ordre. Voir sa lettre dans : Scriptores S. ordinis prsedic, supplément uni. fasc. 8, 191 1. édit. Coulon, p. 633-634. Serry écrivait : « 1°.le ne mets pas en doute l’assomption corporelle de la Vierge ; au contraire je la soutiens positivement par cette proposition que je prouve fort au long : Virginis in cœlum assumplio corporea pie ac religiose teneri potest ac etiam débet. Je vais même plus loin en faveur de l’assomption corporelle que sain ! Thomas n’a été, car au lieu qu’il dit seulement probabiliter afjirmare possumus, je dis que possumus ac etiam debemus. Il est vrai que j’ajoute… tanquam catholicæ /idei capul credi non potest… C’Eglise ne saurait même la définir, puisqu’on n’a sur cela ni l'Écriture sainte, ni la Tradition sans quoi on ne peut établir aucun article de foi… mais comme quelque chose de très probable, de très précieux et de très religieux. — 2° Je ne nie point la présentation de la Vierge au Temple, au contraire… Mais je combats seulement diverses fables que les nouveaux Grecs ont inventé à ce sujet… — 3° Quant au bœuf et à l'âne que les peintres ont coutume de mettre à l'étable de .Jésus-Christ naissant, j’avoue que je traite cela de fable et je crois prouver plus clair que le jour que c’est une pure fiction, fabriquée sur une fausse interprétation de l’endroit d’Isaïe : Coqnovil bos possessorem suum et asinus præsepe Domini sui… Mais après tout, quand je ne serais pas aussi fondé en preuves pour soutenir ce sentiment, qu’y a-t-il là qui puisse le moins du monde intéresser la piété chrétienne ? Car s’il est de la piété de croire que Jésus-Christ est né dans une espèce d'étable pour nous donner cet exemple d’humilité, ce n’est pas moins une étable lorsqu’il n’y a ni âne. ni bœuf, pourvu que le lieu où il est né fût destiné à recevoir ces animaux comme je l’avoue… Cependant, je suis fort docile : je couperai s’il le faut ce que j’ai dit là-dessus et je ferai si l’on veut, réparation d’honneur à l'âne et au bœuf de les avoir chasses de l'étable de Jésm-Christ. » Le livre du P. Serry s’intitulait : Exercitationes historiese, criticee, polemicse (/>' Christoe jusque Virgine Maire, Venise, 1719.

Le gallicanisme de Serry.

Le P. Serry semble

avoir vécu en parfaite entente de sentiments avec ses confrères Massoulié et Cloche, bref avec un groupe de dominicains beaucoup plus rapprochés de Hossuct que de Fénelon et de Piny. Le grand maître de Serry, pendant sa jeunesse studieuse à Paris, était Noël Alexandre. Serry avait rédigé à la louange de ce maître aimé un très élégant poème : Carmen cucharisticum in laudem H. I'. Natalis Alexandri magistri sui. (Voir Échard, Scriptores S. ordinis prsedic., t. ii, p. 809.) Lorsque la première édition de la grande Histoire de l'Église de Noël Alexandre fut condamnée, en 1090, maître Cloche lit venir à Rome le jeune P. Serry

pour disposer toutes choses en vue d’une seconde édition amendée, qui ne devait paraître qu’en 1699. Le P. Serry semble avoir eu, des ce moment. la réputation d’un gallican habile et modéré, plus habile et plus modéré que son maître Noël Alexandre a qui cette habileté et cette modelât ion venaient en aide. Telle était du moins l’opinion du maître général Cloche, car il ne semble point qu'à cette dale le gouvernement de Louis XIV ait beaucoup apprécié le petil groupi de religieux auquel étail attaché le P. Serry, Comme