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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/246

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SÉVÈRE D’ANTIOCHE. ÉCRITS

M. Draguet s’est efforcé de prouver que l’aphthartodocétisme de Julien d’Halicarnasse était susceptible de recevoir un sens orthodoxe et que, sous des formules équivoques, Julien exprimait en réalité la doctrine même de saint Cyrille. S’il en est ainsi, Sévère a été imprudent de s’arrêter aux mots sans chercher à comprendre leur véritable sens. En toute hypothèse, il est curieux de noter l’ardeur avec laquelle Sévère s’oppose à tout excès : on a rarement vu un homme du centre lutter avec autant de persévérance et de courage pour défendre les positions moyennes qui sont les siennes.

De très bonne heure, les écrits dogmatiques de Sévère jouirent dans le monde oriental d’une grande popularité. Dès 528, les écrits du patriarche contre Julien et les julianistes furent traduits en syriaque par Paul de Callinique, et nous en possédons des manuscrits qui datent environ du vie siècle : on s’est même demandé si le Vatic. 140 ne serait pas le manuscrit autographe de Paul. Avant la fin du vie siècle, un certain Sergius avait également traduit en arménien les écrits de Julien d’Halicarnasse ; mais cette version a complètement disparu.

2o Homélies. — Un recueil d’Homélies cathédrales, c’est-à-dire de sermons prononcés par Sévère pendant les quelques années où il a réellement occupé le siège d’Antioche (512-518), comprend cent vingt-cinq pièces rangées dans l’ordre chronologique. Ce recueil a été traduit en syriaque aux environs de 530 par Paul de Callinique, et encore une fois aux environs de 700 par l’évêque Jacques d’Édesse. Ces deux traductions sont parvenues jusqu’à nous, au moins en grande partie.

A. Baumstark, Das Kirchenjahr in Antiochien zwischen 512 und 518, dans Römische Quartalschr. für christl. Altertumskunde, t. xi, 1897, p. 31-66 ; t. XIII, 1899, p. 305-323, a étudié ces homélies ; il les répartit d’après leur contenu en quatre groupes : 1. Sermons pour les principales fêtes de l’année liturgique ; 2. Sermons sur les saints ; 3. Homélies exégétiques sur les leçons scripturaires du dimanche : 4. Discours d’occasion. Un grand nombre de ces homélies ont déjà été publiées avec une traduction française dans la Patrologia orientalis, par les soins de MM. Guidi, Brière, R. Duval, Trillaux et Kugener. Ce sont celles qui portent les numéros lii-lvii t. iv, fasc. 1, 1906) ; lviii-lix (t. viii, fasc. 2, 1912) ; lxx-lxxvi (t. xii, fasc. 1, 1914) ; lxxvii (t. xvi, fasc. 5) ; lxxviii-lxxxiii (t. xx, fasc. 2) ; lxxxiv-xc, (t. xxiii, fasc. 2) ; xcix-ciii (t. xxii, fasc. 2, 1929) ; xci-xcviii (t. xxv, fasc. 1). D’autre part, les homélies cxix sur les noces de Cana et cxxiii contre le manichéisme ont été publiées en syriaque et en latin par J.-E. Rahmani, Studia syriaca, t. iv, Mont-Liban, 1909 ; cf. Kugener et Cumont, Extrait de la cxxiiie homélie de Sévère d’Antioche (Recherches sur le manichéisme, t. ii), Bruxelles, 1912. L’homélie lii a été publiée par Bevsley et Barnes, The fourth book of Maccabees, Cambridge, 1895 ; l’homélie i par M. A. Kugener, dans Oriens christianus, t. ii, 1902, p. 265 sq.

3o Lettres. — La correspondance de Sévère a été extrêmement riche. De très bonne heure, les lettres du patriarche ont été recueillies et groupées dans l’ordre chronologique en 23 livres qui comprenaient environ 4 000 numéros. Naturellement, on a dû bien vite donner des extraits de cette vaste correspondance, et mettre à part les lettres écrites par Sévère pendant les années de son patriarcat. On a constitué de la sorte un recueil abrégé qui contenait encore à peu près 700 lettres et qui était aussi divisé en livres. De ce nouveau recueil, le l. VI, comprenant 123 lettres, a été traduit du grec en syriaque aux environs de 669 par le prêtre Athanase de Nisibe. Il a été publié avec une version anglaise par E.-W. Brooks. The sixth book of the selected letters of Severus, patriarch of Antioch, in the syriac version of Athanasius of Nisibis, Londres, 1902-1904. D’autres lettres qui ont été également traduites en syriaque dans les cercles monophysites ont été encore publiées et traduites par Brooks sous ce titre : A collection of letters of Severus of Antioch. dans P. O., t. xii, fasc. 2, 1916 et t. xiv, fasc. 1, 1919. Six lettres de Sévère ont trouvé place dans l’Histoire ecclésiastique de Zacharie le Rhéteur, l. IX, c. XI-XIII, xix, xx, xxii, xxiii : on les y trouvera dans l’édition de Ahrens et Krueger, Leipzig, 1899.

Les lettres de Sévère présentent un intérêt considérable, tant au point de vue historique qu’au point de vue doctrinal. Sévère a été en relations avec un nombre considérable de personnes, appartenant aux milieux les plus différents ; il a été mêlé, au cours d’une carrière passablement aventureuse, à toutes sortes d’événements. Ses lettres font revivre, avec une étrange précision, une période mouvementée ; elles nous révèlent aussi bien des aspects ignorés des controverses dogmatiques. Il est regrettable que la collection n’en ait pas été conservée au complet.

4o Écrits liturgiques. — La tradition a gardé le souvenir d’une certaine activité de Sévère dans le domaine liturgique. C’est ainsi qu’un rituel baptismal, traduit en syriaque par Jacques d’Édesse, dans la seconde moitié du viie siècle, porte le nom de Sévère. Il a été publié en syriaque et en latin dès 1572 par G. Fabricius Boderianus à Anvers. Toutefois, son authenticité n’est pas incontestable, car certains manuscrits en présentent Sévère non comme l’auteur au sens propre, mais comme le rédacteur ou le reviseur, le texte primitif remontant à Clément ou aux apôtres. Cf. A. Baumstark, Gesch. der syrischen Literatur, Bonn, 1922, p. 253. Il faut mentionner aussi un Ordo baptismi et un Ordo brevis baptismi, dans E.-S. Assemani, Codex liturgicus Ecclesiæ universæ, Rome, 1749-1750, t. ii, p. 261 sq., 300 sq. ; et une Liturgia eucharistica, dans E. Renaudot, Liturgiarum orientalium collectio, t. ii, p. 321 sq.

5o Poésies. — Des poésies religieuses qui portent également le nom de Sévère ont été rassemblées avec d’autres poèmes du même genre, écrits par divers auteurs dans un livre de chants liturgiques, qui prit plus tard le nom d’Octoéchos, à cause des huit tons en usage dans ce chant. Cf. A. Baumstark, Festbrevier und Kirchenjahr der syrischen Jakobiten, p. 45-48. Une traduction syriaque du recueil fut faite au commencement du viie siècle par l’évêque Paul d’Édesse : celui-ci se préoccupa surtout de conserver la mesure des vers originaux. Plus tard, Jacques d’Édesse revisa avec soin le travail de son prédécesseur ; il releva toute les additions qui avaient dû être faites en vue de maintenir la métrique originale ; il nota toutes les libertés qui avaient pu être prises à l’égard du texte authentique ; bref, il fit en sorte de rendre la traduction aussi littérale que possible et de permettre à tout instant la découverte des mots grecs sous leur vêtement syriaque. Cf. A. Baumstark, Gesch. der syr. Lit., p. 190 et 253. Nous possédons de cette revision un ms.  daté de 675 qui pourrait être l’autographe de Jacques d’Édesse ; c’est d’après lui qu’a été édité le texte : E.-W. Brooks, James of Edessa, The hymns of Severus of Antioch and others, Syrish and English, dans P. O., t. vi, fasc. 1 ; t. vii, fasc. 5 ; 1910 et 1911. Cf. Jeannin et Puyade, L’Octoéchos syrien, dans Oriens christianus, nouv. série, t. iii, 1913, p. 82-104 ; 277-298.

On voit, par les brèves indications qui précèdent, que l’héritage de Sévère d’Antioche est considérable. Si le texte original de la plupart île ses livres a disparu, les traductions syriaques nous ont conservé un tic, grand nombre de ses écrits ; et il est loin d’être exclu que d’autres encore inconnus puissent être retrouvés un jour ou l’autre.

Il faut ajouter que des fragments des écrits de