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SÉVÈRE D’ANTIOCHE. ÉCRITS


générale. Il entra en rapports avec Anthime : le patriarche, qui ne tenait pas autrement au concile de Chalcédoine, fut facile a circonvenir. Des lettres officielles, mais secrètes, furent échangées entre Sévère et lui ; le patriarche d’Alexandrie, Théodore, entra dans la combinaison. Bientôt, ils se trouvèrent tous trois en relations de communion.

Ce fut sur ces entrefaites que le pape Agapit arriva à Constantinople : il y venait officiellement pour s’occuper des affaires d’Italie ; mais il était impossible qu’il ne s’intéressât pas aussi aux controverses orientales. Dès son arrivée, le patriarche Anthime se hâta de disparaître et le pape accueillit lui-même des requêtes qui réclamaient la prompte expulsion de Sévère et de ses partisans. Sa mort inopinée (22 avril 530) n’empêcha pas lis événements de suivre leur cours ; un synode fut convoqué, qui confirma la déposition d’Anthime et renouvela contre Sévère toutes les condamnations portées naguère contre lui.

Ce fut dès lors la fin. L’empereur Justinien approuva dans un édit solennel, daté du fi août 5, 'îfi, les sentences prononcées par le concile ; il interdit rigoureusement à Sévère et a ses partisans le séjour de la capitale, il proscrivit les livres de Sévère comme l’avaient été ceux de N’est orius. Sévère dut obéir à ces ordres : il s'éloigna de Constantinople et regagna ses déserts égyptiens. Il recommença, de là, sa campagne de propagande et communiqua à ses partisans les lettres qu’il avait naguère échangées avec le patriarche Anthime ; du moins ces lettres servaient-elles à prouver qu’il n’avait jamais abandonné le bon combat. Sa dernière heure ne tarda pas à sonner : Sévère mourut le 8 février 538 à Xoïs, où ses disciples l’avaient transporté pour le soigner. On l’enterra au monastère de l’Ennaton. « Sévère demeura en grand renom, en grande vénération dans son parti. Ascète impitoyable à son corps, homme de grande culture, profondément versé dans la littérature biblique, dans celle des Père.-, et dans le droit canonique ; écrivain facile : raisonneur subtil et Indéconcer table ; ambitieux sans doute, mais préoccupé plutôt du succès de ses idées que de sa propre fortune ; caractère implacable ; il fut de son vivant et demeura par ses livres la maîtresse colonne du parti monophvsite. » L. Duchesnè, L'Église au VIe siècle, p. 09.

IL Écrits. — Sévère d’Antioche a beaucoup écrit au cours de sa longue carrière ; mais la plupart de ses ouvrages ont disparu dans leur texte original, et il est vraisemblable que la condamnation portée contre eux par Justinien en a hâte la disparition. Nous en avons encore des fragments d’importance variable, dans les chaînes exégétiques ou dans les florilèges dogmatiques. Cf. Karo et Lietzmann, Catenarum grsecarumcatalogus, Goettingue, 1902, p. 171 : R. Devreesse, art. ('.haines, dans Supplément du Dictionnaire de la Jlible, t. i, col. 1113, 1137, 1111. 1151, 1151, 1156, 1158, 1173, 1181, 1192, 1200. 1223 ; F. Diekamp, Doclrina Patrum de incarnatione Verbi, Munster, 1907, p. 366. Un certain nombre de ces fragments ont été édités par le cardinal.Mai, Scriplorum velerum nova collectio, t. ix, Rome, 1837, p. 725-741 ; Classici auctores, t. x, Rome, 1838, p. 408-473 ; Spicilegium romanum, t. x a. Home, 1844, p. 202-205. Tout cela demanderait à être revu soigneusement et complété. Une homélie, celle qui porte dans le recueil syriaque le n. 77, a été conservée en grec sous le nom de saint Grégoire de Nysse, /'. G., t. xlvi, col. 627-652. I.e. texte grec avec les traductions syriaque et française est publié par M. A. Kugener el E. TriffauX, dans /'. (>., t. i, fasc. 5, Paris, 1922,

A défaut du texte grec des (envies de Sévère, nous possédons encore, pour la plupart d’entre elles, des

traductions syriaques qui sont très précieuses et dont plusieurs ont été récemment éditées.

Écrits dogmatiques.

Contre Julien d’Halicarnasse, cinq traités ont été écrits par Sévère : Critique

du tome de Julien, conservée dans une traduction syriaque par le Vatic. 140 en entier, et presque complètement par le Yatic. 255. Cf. R. Draguet, Julien d’Halicarnasse, >. 25 sq.- -Réfutation des propositions : en syriaque dans le Vatic. 140 et dans le Rritish Muséum, Add. 14 969 ; partiellement dans le Vatic, 225 ; cf. R. Draguet, op. cit., p. 31 sq. — Contre les additions au tome. A la suite d’une seconde édition, revue et augmentée du tome, Sévère répondit par cet ouvrage, qui figure dans le Vatic. 140 et dans le Rritish Muséum, Add. 12 158 ; R. Draguet, op. cit., p. 45. — Contre l’apologie de Julien, en 33 chapitres ; ouvrage conservé dans Add. 12 158 et partiellement dans Vatic. 140 ; R. Draguet, op. cit., p. 17. — L’apologie du Philalèthe, contenue dans le Vatic. 140 est le dernier des grands traités antijulianistes. R. Draguet, op. cit., p. 50 sq., a le premier mis en évidence le véritable caractère de cet ouvrage, qui appartient à la série des écrits contre l’aphthartodocétisme. Une première série des écrits antijulianistes de Sévère a paru à Reyrouth, 1931, par les soins de A. Sanda ; elle comprend les lettres de Julien et de Sévère, la Péfutation du tome et la Réfutation des propositions.

Le Philalèthe lui-même, qui est transcrit dans le Vatic. 139, est tout autre chose : c’est essentiellement un examen détaillé des 244 chapitres de saint Cyrille que l’on opposait à Sévère et à ses partisans. Le recueil, qui renfermait ces citations et que Sévère a pris soin de recopier, avait été composé par undyophysite anonyme. Cf. R. Draguet, op. cit.. p. 56 sq. Le Philalèthe a été édité, avec une traduction latine par A. Sanda, Reyrouth, 1928.

Trois traités Contre Jean le Grammairien : celui-ci était un chalcédonien. Sévère lui oppose surtout des témoignages patristiques et répond aux objections que les chaleédoniens tiraient de l’autorité des Pères. Le troisième traité a été publié par.1. Lebon, dans le Corpus scriplorum orientalium christianorum, Paris, 1020 et 1933 ; les deux premiers traités, qui ont été récemment découverts dans un état incomplet, ont paru à leur tour en 1038.

Contre le grammairien Sergius, quatre lettres, conservées dans le ms. du Rritish Muséum. Add. 17 154 ; cf. J. Lebon, Le. monophysisme sévérien, p. 163 sq. Sergius « '-tait un eutychianiste ; Sévère lui fait reconnaître ses erreurs, sans parvenir d’ailleurs à le convaincre entièrement. Il semble que ces lettres sont de peu postérieures à 515.

Deux traités à Néphalius, écrits aux environs de 508. Cf. Lebon, op. cit., p. 21 Osq. La véritable attitude doctrinale de Néphalius est assez difficile à préciser, car ce personnage semble avoir été assez, versatile. Cependant, lorsque Sévère le réfuta, il était chalcédonien, en ce sens du moins qu’il expliquait les formules employées par le concile en remarquant qu’il avait fallu avant tout écarter l’eutychianisme.

Il est à remarquer que tous ces traités doctrinaux de Sévère sont dirigés contre des adversaires et présentent un caractère polémique. Le patriarche d’Antioche n'écrit pas simplement pour exposer une doctrine ; il lutte, il combat, il réfute. On dirait qu’il se senl pleinement à l’aise dans la bataille. On peut également souligner que ses adversaires sont de droite autant « pie de gauche. Sévère lutte de toutes ses forces contre Julien et contre Sergius qui sont des monophysites ; il ne s’oppose pas moins à Jean le Grammairien et a

Néphalius qui défendent le concile de Chalcédoine. Ne se lronipe-t-il jamais dans l’appréciation qu’il fait de ses ennemis ? Cela est une autre question : récemment,