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les laïques contre les clercs. A vrai dire, ses craintes étaient vaines. Si regrettable qu’elle fut, ce n'était pas l’immoralité qui devait causer à Liège le plus de ruines le schisme dont cette 1 gliss allait faire profession menaçait d'être beaucoup plus grave. Otbert, nomme evèque de Liège dans les dernières années du xi 1 e siècle, était un simoniaque ; manifestement il avait acheté son élection. Cf. Martène et Durand. Amplissinut collectio. t. iv. col, 07 1 et 1072. Tour ce fait, le pape Urbain II l’excommunia au concile de Plaisance en 1095 ; or, malgré cette condamnation, le clergé lui demeura unanimement soumis et. quand les monastères eurent retrouvé partout le calme à partir de 1099, tous les clercs liégeois, réguliers et séculiers, reconnurent pratiquement l’autorité de leur prélat. I.a situation devait encore s’obscurcir pour la ville, devenue l’un des principaux retranchements de Henri IV et la dernière forteresse du césarisme. En 1103, le pape Pascal II avait décidé d’atteindre le monarque schismatique en saccageant la cité qui lui restait fidèle et il avait donné l’ordre au comte de Flandre d’attaquer la ville. On conçoit la douloureuse stupeur des Liégeois à cette nouvelle. Ce fut encore Sigebert de C.embloux qui exprima les sentiments de tous dans une lettre fameuse, qui est peut être le document où ses idées politiques sont le mieux exposées. Heureusement, les événements se précipitèrent et firent surgir rapidement un nouvel état de choses. Henri IV, vaincu par son propre fils en 1 106, mourut à Liège la même année ; dès lors la réconciliation de l'évêque, du clergé et du peuple avec Pascal II fut rendue plus facile ; le schisme fut bientôt terminé. Cf. A. Cauchie, op. cit., t. ii, p. 184 sq. Alors, dans tout le pays, on travailla avec zèle à réparer les ruines. L’un des chanoines de Saint-Lambert. Alger, dans son De misericordia et juslitin, poursuivit les simoniaques et défendit avec énergie les préceptes canoniques. Cf. L. Brigué, Alger de Liège ; un théologien de l’eucharistie au début du ZIP siècle, Paris, 1936, p. 9, 18-23, 1(57-174. On ne sait pas la part que prit Sigebert de Gembloux à cette réaction ; on sait seulement qu’il mourut très vieux, en 1112, laissant aux moines, ses confrères, le souvenir d’un saint et fervent religieux. Son biographe loue tout particulièrement son grand savoir, sa piété vive et sincère et sa charité, qui le rendait si aimable à tous ceux qui l’approchaient. Cf. P. L., loc. cit., col. 11-12 ; A. Cauchie, op. cit., t. i, p. 68.

IL Œivhes. — Sigebert a écrit de nombreux ouvrages d’inégal intérêt. Il nous en a laissé lui-même la liste dans le Liber de scriploribus ecctesiaslicis, P. L., loc. cit., col. 587 ; on peut les classer en trois groupes : hagiographie, polémique, histoire et critique.

Hagiographie.

1. La vie de saint Thierri,

évêque et fondateur de l’abbaye de Saint-Vincent de Metz. P. L., loc. cit., col. 694-726. A remarquer V Éloge en vers de la ville de Metz, ibid., col. 717-718, « poème qui a quelques beautés dans la pensée et la description, mais qui n’est point soutenu et ne répond pas à l’idée avantageuse que Trithème et quelques autres nous ont voulu donner de la poésie de son auteur ». Hist. lillér. de la France, t. ix, p. 545.

2. Les écrits composés à la gloire de sainte Lucie, dont l’abbaye de Saint-Vincent se flattait de posséder les reliques : a) La passion de sainte Lucie, en vers alcaïques, éditée par Dûmntler, dans Abhandl. der kônigl. Akad. der Wiss. zu llerlin, pb.il. und hist. Klasse, 1893. p. 1-125 ; — b) un écrit « pour répondre a ceux qui regardaient comme fausse la prédiction que la sainte avait faite, touchant la paix de l'Église », il n’a pas été édité ; — c) un sermon sur les diverses translations des reliques de sainte Lucie. /'. /… Inc. rit.. col. 810-814.

3. La vie de saint Sigisbert, roi d' Australie, fonda teur de l’abbaye de Saint-Martin, hors des murs de la ville de Metz. Il y en a deux recensions différentes. L’une est dans P. L., loc. cit.. col. 720-730 ; l’autre, plus longue, dans /'. L., t. i.xxxvii, col. 3015. Il est à croire qu’elles sont toutes deux de la main de Sigebert de Gembloux. Cf. Hist. littér. de la France, loc. cit., p. 5I7-518.

1. La passion des martyrs de la légion thébéenne, saint Maurice et ses compagnons, patrons de l’abbaye de Gembloux, poème en vers, édité par I Humilier en même temps que la Passion de sainte Lucie ; cf. supra.

5. La vie de saint Guibert, confesseur et fondateur du monastère de Gembloux († 902). Cf. P. L., t. clx, col. 662-682. Sigebert dit avoir noté en musique des répons et des antiennes de saint Guibert ; ils ne nous sont pas parvenus.

6. La vie de saint Maclou (ou Malo, t 565), écrite à la demande de l’abbé Tietmar, et la Vie de saint Théodard, évêque de Maëstricht († 668), sont composées à l’aide des légendes de ces personnages, telles qu’on les possédait au monastère de Gembloux. Sigebert nous dit simplement « les avoir retouchées et mises en meilleur style ». Texte dans P. L., loc. cit., col. 730-746, 747-758.

7. La vie de saint Lambert, martyr à Liège, nous est parvenue sous deux formes. Il reste d’abord un récit abrégé, simple traduction de la légende du saint. Cf. P. L., loc. cit.. col. 759-782. Sigebert en écrivit une autre, plus complète et plus fleurie. Ibid., col. 782-810. La première, au dire de l’auteur lui-même, plut davantage aux lecteurs.

Polémique.

1. La réponse à la lettre de Grégoire VII à Hermann de Metz. Cet écrit de Sigebert

semble malheureusement perdu. Bethmann crut le découvrir, en 1845, dans un ms. de la bibliothèque royale de Bruxelles, sous le titre : Dicta cujusdam de discordia papse et régis, priorum reprehensa exemplis. Le texte en fut publié par Flotto, Der Kaiser Heinrich IV. und sein Zeilalter, t. i, Stuttgart, 1855, p. 437, et par A. Cauchie, op. cit., t. i, p. 73 sq. Des doutes se sont élevés contre l’authenticité du texte. Après Giesebrecht et Wattenbach, P. SchelTer-Boichorst conclut que ce n'était point là l'œuvre de Sigebert, Die Neuordnung der Papstwahl durch Nikolaus IL, t. ii, Strasbourg, 1879. p. 134-146. Tout récemment, A. Fliche déplorait que nous n’ayons plus cet écrit, op. cit., t. iii, p. 40, n. 1.

2. L’apologie contre ceux qui critiquent les messes des prêtres mariés. — Le texte a été publié par H. Sackur, dans Mon. Germ. hist., Libelli de lite, t. ii, p. 436-448. Tous sont d’accord pour y voir l'œuvre authentique de Sigebert ; on discute seulement sur la date de composition de cet écrit. A. Fliche, loc. cit., pense que l’Apologie a été écrite à la fin de 1075 ; A. Cauchie, op. cit., t. i, p. 105 sq., la croit composée aux environs de 1089.

3. La lettre aux Liégeois a été rédigée un peu plus tard, dans les premières années du xiie siècle. Le texte en a été maintes fois publié. Cf. P. L., loc. cit., col. 17, note ; A. Cauchie, op. cit., t. ii, p. 166, note. Sa dernière édition est celle de Jaffé, dans liibliotheca rerum germanicarum, t. v, Berlin, 1860, p. 201-225.

3° Histoire et critique. - 1. Les Gesta abbatum Gemblacensium racontent ce qui s’est passé au monastère sous la direction des premiers abbés. Cf. /'. L., loc. cit., col. 595-628. On a continué l'œuvre de Sigebert jusqu'à la mort d’Anselme en 1 136.

2. Les deux écrits à propos du jeûne des quatretemps. Les contestations soulevées à ce sujet par les usages différents des Fglises de Trêves et de, Liège ont fourni à Sigebert l’occasion d’expliquer et de justifier la coutume liégeoise. Cf. P. L., /' ». '/L, col. « 13-830.

3. Le livre de VEcclésiaste, mis en vers héroïques et