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SILVESTRE DE LAVAL — SILVESTR] (FRANÇOIS)


beaucoup de conférences avec les ministres luthériens et calvinistes et réussit à opérer on grand nombre de conversions, parmi lesquelles celle « le M. de SainteMarie lit beaucoup de bruit à Paris. Selon N. Desportes, op. cit., il fut aussi prédicateur du roi. Il mourut inopinément à Poitiers, dans une tournée de prédication. L, Wadding, J.-ll. Sbaralea, Bernard de Bologne attribuent sa mort subite a un empoisonnement opéré par les protestants ; mais la Chronique Inédite citée n’en dit rien, et relate seulement sa mort subite.

Le P. Silvestre a laissé deux écrits, témoins de ses luttes contre les calvinistes : D’abord Correction chrestienne des erreurs et des impiété : de Yiynier, ministre à Bloys, es livres qu’il appelle Examen etc. et de la vraye participation du corps et du sang de Xostre Seigneur ; plus un sincère discours touchant la disposition du chrestien pour communier fructueusement, contre les inepties de son homélie sur ce sujet, Blois, 1608, 2 vol. in-8° ; un certain nombre d’exemplaires de cet ouvrage ont été tirés à Orléans, également en 1608, 2 vol. in-8° de xiv-316 et 292 p. ; J.-H. Sbaralea cite encore une édition de Paris, 1610. L’ouvrage est dirigé contre l’Examen des erreurs avancées en quelques propositions et écrits par F. Sylvestre. Avec le discours de ce qui s’est passé sur le défi faict par iceluy au ministre, Saumur, 1607, de Nicolas Vignier, ministre à Blois, l’un des controversistes les plus passionnés de cette époque, et qui finit, pourtant, par se convertir au catholicisme. Cf. B. Hauréau, Histoire littéraire du Maine, t. iv, p. 130. N. Vignier répondit à l’ouvrage mentionné du P. Silvestre de Laval par sa Confirmation de la doctrine de la vraie participation du corps et du sang de N. S. J.-Chr. contre la prétendue correction de Sylvestre Du Val, prédicateur capucin, Saumur, 1608.

L’autre ouvrage a pour titre : Les justes grandeurs de l'Église romaine contre l’impiété de ceux qui nomment le pape Antichrist, singullièrement contre le ministre Vignier, Poitiers, 1611, in-4°, comprenant quatre livres à pagination spéciale : 317, 216, 282 et 364 p. Le Catalogus officinalis bibliotheese exotiese, Francfort, 1625, p. 29, cite encore une édition de Poitiers, 1613. Le P. Silvestre y attaque le célèbre ouvrage du même Vignier : Théâtre de l’Antéchrist. A la fin, il y a une longue poésie d’Adam Blacuodæus en l’honneur de Silvestre de Laval, intitulée : In opus rev. p. Sylvestri Vallensis, e collegio PP. capuccinorum ecclesiastse, de justa romanx sedis ampliludine, potestate et magnanimitale odæ. Il faut citer, enfin, un traité intitulé L’image d’une heureuse mort, tirée des dernières paroles et du trépas inopiné du H. P. Sylvestre de l’Aval, prédicateur capucin, Poitiers, 1612, in-8°, 23 p. Il résulte de la date d’impression de ce livre que Silvestre de Laval mourut au plus tard en 1612 et que par conséquent Bernard de Bologne et J.-H. Sbaralea doivent se tromper, quand ils placent sa mort en 1616.

L. Wadding, Scriptores O. M., 3 « éd., Rome, 1906, p. 210 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum, 2e éd., t. iii, Rome, 1936, p. 100-101 ; Bernard de Rologne, Bibliotheca scriplorum 0. M. capuccinorum, Venise, 1717, p. 231 ; Arthur de Munster, Martyroloijium Iranciscajium, 2e éd., Paris, 1633, p. 59 et 419 a ; H. llurter, Nomenclator, 3' éd., t. iii, col. 418-419 ; l-"r. Pérennès, Dictionnaire de bibliographie catholique, t. i, Paris, 1858, col. 803 ; N. Desportes, Bibliographie du Maine, Le Mans, 1844, au mot Silvestre de Laval.

A. Teetært.

    1. SILVESTRE PRIERIAS##


SILVESTRE PRIERIAS. Le même que Ma zolini, voir t. x, col. 17).

    1. SILVESTRI François##


SILVESTRI François, dit Silvestre de FernARE ou encore dans des textes latins : Ferrariensis (1474-1528), l’un des commentateurs classiques de saint Thomas ; quarantième maître général de

l’ordre des frères prêcheurs. — Avant d’occuper cette charge en 1525, François Silvestri avait d’abord pris l’habit dominicain à l'âge de quatorze ans au couvent des Anges dans sa ville natale, Ferrare. Métaphysicien subtil et tôt remarqué, il enseigna a Bologne, cultiva la littérature et la musique, devint vicaire général de la congrégation lombarde. Comme maître général des dominicains, il travailla activement à augmenter les études, fût-ce au détriment des observances plus médiocres, l’ne grande partie de son généralat fut occupée à la visite des couvents de France. Kn ses dernières années, il avait acquis un embonpoint considérable qui causa sa perte, tandis qu’il résidait à Bennes. En effet, une barque où il avait pris place chavira sur la Vilaine, lui théologie thomiste, François Silvestri est essentiellement le contemporain, l'émule, l’admirateur et parfois le contempteur décidé mais discret de Cajétan. Cajétan est demeuré le commentateur quasi officiel des textes de la Somme théologique. De la même manière, Silvestri est demeuré le commentateur le plus consulté de la Somme contre les gentils. C’est au point que, dans l'édition léonine officielle de saint Thomas, les commentaires de Silvestri sont annexés à chaque chapitre correspondant de la Somme contre les gentils. Michèle Pio rapporte que François Silvestri avait composé également des commentaires sur la Prima pars ; mais il les détruisit quand il constata la supériorité des commentaires correspondants de Cajétan. Par contre, lorsque Cajétan passa par le couvent de Bologne comme maître général des dominicains, en 1518, et qu’on lui eut présenté les commentaires de la Somme contre les gentils dont le manuscrit avait été rédigé deux ans plus tôt par Silvestri, Cajétan ordonna que ces commentaires fussent imprimés à cause de leur manifeste utilité. Cajétan montrait une certaine grandeur en décidant de la sorte, car la doctrine de Silvestri n'était pas toujours conforme à la philosophie du maître général. On touchait à la dernière phase de la grande querelle italienne et surtout padouane sur l’immortalité de l'âme. Cajétan s'était risqué jusqu’aux frontières du naturalisme averroïste, sans aller bien entendu jusqu’aux extrémités d’un Pomponazzi. Silvestri, au contraire, tout en ayant la même virtuosité d’analyse logique et métaphysique, obliquait vers l’intellectualisme thomiste dans ce qu’il avait de plus spirituel. C'était là une tendance générale de son esprit qui se retrouve jusque dans ses commentaires de livres d’Aristote. A fortiori, ce point de vue était-il plus aisé à maintenir dans un commentaire de cette Somme contre les gentils où, avant Scot qui parlera de natures intellectuelles, Thomas traite longuement des substances intellectuelles. Il est un point en particulier où Silvestri est connu chez les scolastiques modernes, c’est le point où il s’oppose à Cajétan pour ce qui concerne la causalité occasionnée par les images dans tout ce qui concernel’intellection. Voir, parexemple. In ll am contra génies, c. lxxvii. Il est évident que Silvestri cherche par tous les moyens à réduire le rôle de ce conditionnement que les images apportent dans l’activité intellectuelle. Ce plus grand spiritualisme de Silvestri s’apparente peut-être davantage aux positions instinctives de la connaissance vulgaire, mais il a sur le naturalisme de Cajétan l’avantage d'être moins apparemment paradoxal. Bien entendu la très honnête analyse métaphysique instituée par Silvestri tout au long de la Somme contre les gentils ne saurait soutenir pour la profondeur du génie une comparaison avec les commentaires de Cajétan sur la Somme théologique. Silvestre de Ferrare demeure donc le commentateur honnête, sérieux, disert, fidèle au maître, qu’on aimera à étudier pour mieux comprendre non seulement la Somme contre les gentils mais toute la métaphysique thomiste. Il n’en reste pas moins que ce