Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jus ;

SILVESTRI (FRANÇOIS)

SILVY (LOUIS)

2088

n’est point le lieu d’exposer ici dans tous leurs détails les thèses et opinions propres à Silvestri. On arriverait probablement à une première approximation très sujette a caution, comme il est arrivé, pour le cas spécial de la justice originelle, au P. Kors, pourtant excellent théologien de cette matière. Ayant voulu évoquer l’opinion de Silvestri sur la question, il n’en saisit pas la subtilité et se lit relever avec quelque rudesse par le P. Laurent dans La pensée de Sylvestre de Ferrure et de Cajétan sur ta justice originelle, Revue thomiste, juillet l’. » 28..Même aventure advint concernant la théorie de la connaissance chez Silvestri à P. Garin qui fut critiqué par le P. Congar dans la Revue des sciences philosophiques et théologiques, novembre 1932. Cela ne veut pas dire que la théologie générale de Silvestri soit insaisissable. Mais le plus analytique des commentateurs de saint Thomas devra être étudié par des spécialistes pendant des années et des années avant qu’on ait le droit de se livrer à son propos à la fantaisie d’une heure de synthèse.

Au surplus, si les théologiens métaphysiciens veulent commencer à entrer dans les vues de Silvestri, ils peuvent tenter de se familiariser avec les notions de ce philosophe, par exemple l’inhérence uptitudinelle, In I V um contra gentes, c. lxv, ou bien la causalité dans les genres les plus généraux, In i um contra génies, c. xxv, ou encore le formel confus pris matériellement, In I" m contra gentes, c. xi. On aurait d’ailleurs tort de prendre à la légère ces raffinements d’ontologie. Ils servent à Silvestri, dans le premier cas, à exposer sa théologie de l’eucharistie, dans le second cas à préciser sa méthodologie dialectique, dans le troisième cas à préciser sa notion de la révélation par rapport à ce qu’avait soutenu Duns Scot.

Silvestri a été le directeur spirituel d’une mystique dominicaine, Osanna de Mantoue, qui a été depuis béatifiée. I.a biographie de la bienheureuse a été reprise par le P. G. Bagolini, La beala Osanna Andreasi du Manloua, Florence, 1905. Le P. Bagolini fournit divers renseignements sur la direction spirituelle de la bienheureuse Osanna par Silvestri.

Les commentaires de Silvestri sur la Somme contre les gentils ont été édités pour la première fois à Paris en 1552. Ils ont été réédités maintes fois avant l’édition léonine : Lyon, 1567 ; Anvers, 1568, etc. Ses Annotationes in libros posteriorum Arislotelis et S. Thomæ étaient parues de son vivant, Venise, 1517. Ses Qusestiones luculentissimæ formant deux volumes : In oclo libros physicorum et In 1res libros de anima ne devaient paraître qu’en 1577, à Home, avant d’être réimprimées à Venise en 1617.

Lu fin en 1525, à Home, Silvestri publiait un écrit contre Luther : Apologia de convenienlia inslitutorum romaine Ecclesiæ cum evangelica libertate traclatus adversus Lulherum de hoc pessime senlientem, Laurenlio curdinali I’uccio lit. S. S. Quatuor Coronatorum episcopo Prwnestino ordinis pnvdiealorum protectori ab uuclore jam ordinis magistro nuncupatus. Ce livre maintes fois réimprimé eut une réelle influence, due non seulement à un style brillant et alerte, mais à la manière agréable dont il présentait l’Église catholique comme parfaitement apte à promouvoir les saintes libertés que prêche l’Évangile.

I". l.au shei t, Die italienischen GegnerLuthers, Fribourg-on-Brisgau, 1911 ; A. Mortier, Histoire des maîtres généraux de l’ordre de Saint-Dominique, t. v, Paris, 1911, p. 260-284 ; M. l’io, Vita degli huomini illustri di s. Domenleo, I. ii, Pavte, 1013.

M. AI. GORCE.

    1. SILVY Louis##


SILVY Louis, magistrat français (1760 1847). — Il naquit a Taris, le 27 novembre 1760, d’une famille fort attachée au Jansénisme. Il lui l’élève et le disciple du bénédictin dom Deforis, lui-même partisan du

jansénisme ; c’est sous la direction de Deforis que Silvy collabora à la publication des Œ.uvres de Bossuet, préparée par I.equeux. Bien que zélé janséniste, Silvy fut opposé à la Constitution civile du clergé et à l’Église constitutionnelle ; sur ce point, il se sépara de la plupart de ses amis.

11 étudia avec beaucoup d’ardeur les sciences ecclésiastiques et avec sa femme, Thérèse Boudet, s’appliqua à soulager les misères occasionnées par la Révolution française. Très rigoriste en morale, il pratiquait une pénitence sévère, inspirée par l’exemple et le souvenir de Port-Royal. Il fut appelant de la bulle Unigenitus et, le 8 septembre 1813, jour anniversaire de la publication de cette bulle, il lit un discours passionné dans lequel il racontait, à sa manière, l’origine de cette bulle, qui était l’œuvre des jésuites, et les effets désastreux qu’elle avait produits dans l’Église, en même temps qu’il annonçait la conversion prochaine des juifs. Il fut toujours un adversaire décidé des jésuites, qu’il regardait comme les vrais inspirateurs de la bulle Unigenitus et les auteurs responsables des persécutions exercées contre les jansénistes et contre Port-Royal.

Silvy fut très généreux pour les œuvres de Port-Royal. En 1826, il devint locataire des ruines de Port-Royal-des-Champs et, dès 1828, il acheta la propriété et ses dépendances ; en 1829, il fonda une école de garçons sur la paroisse Saint-Lambert et il en confia la direction aux frères de Saint-Antoine et, un peu plus tard, une école de filles qui fut dirigée par les soeurs de Sainte-Marthe. Ces deux congrégations, aujourd’hui disparues, étaient fort attachées à l’ancien Port-Royal. Silvy fit restaurer en partie la maison dePort-Royal-des-Champs et y réunit de nombreux souvenirs que les amis de Port-Royal allaient visiter en pèlerinage. C’est dans son cher Port-Royal que Silvy mourut, âgé de quatre-vingt-six ans, le 12 juin 18 47, et il fut enseveli au cimetière de Saint-Lambert, auprès des restes des anciens solitaires, au milieu d’une nombreuse assistance de jansénistes et de pauvres dont il était l’insigne bienfaiteur.

Tous les écrits de Silvy ont un caractère polémique accentué et constituent un plaidoyer en faveur du jansénisme et de Port-Royal. Le premier en date est dirigé contre les Mémoires de Picot, et a pour titre : Vérité de l’histoire ecclésiastique rétablie jxir des monuments authentiques contre le système d’un écrit intitulé : Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique pendant le XVIIIe siècle. Paris, 1814, in-8°. C’est une critique, parfois très vive, du livre publié par Picot, en 1806. — Première lettre à l’auteur des Mémoires pour servir…, Paris, 1815, in-8°. Cette lettre peut servir d’avis aux souscripteurs de cet ouvrage et aux abonnés du Journal du même auteur (il s’agit de l’Ami de la religion). On y a ajouté : 1. un avertissement où l’on donne une première idée des Mémoires dont il s’agit, considérés sous le rapport du mérite littéraire. 2. Un extrait de pièces inédiles et très importantes, tirées des archives du Vatican. 3. Le texte entier de la lettre de l’auteur des Mémoires à un écrit justifié par la présente lettre et par celle qui doit suivre. Silvy reproche à Picot la sécheresse de son style qui oie tout intérêt à ses personnages, qui s’appesantit sur des détails minutieux et insignifiants, mais surtout il lui lait grief d’épouser la cause des jésuites qu’il compromet d’ailleurs par ses maladresses et d’approuver les opinions ultramont aines. Les jésuites, tels qu’ils ont été ilans l’ordre politique, religieux et moral, contre le système d’un livre intitulé : Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique pendant le ZVIIIe siècle, ouvrage dont on prépare une nouvelle édition, Paris, 1815, in S". L’auteur raconte l’histoire de la suppression des jésuites en Portugal et en France et s’ap-