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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/298

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SIMON (HICIIAIM)]


peindre de sa main les couronnes dos lettres hébraïques. Lettres choisies, t. iii, p. 206. U démasque leurs maîtres imposteurs, leurs conversions simulées. Jusque-là, la littérature rabbinique avait été l’objet non de science, mais de polémique ; avec R. Simon, l’esprit scientifique pénétre les choses juives. C'était une grande audace, mais justifiée par ce genre d’autorité unique qu’on nomme la création d’une méthode nouvelle et tempérée par on rare esprit d'équité et de correction. Qu’on relise au besoin le sermon de Bossuet cité plus haut et prononcé contre les juifs ».

Vint ensuite l’ouvrage intitulé : Voyage du MontLiban traduit de l’italien du Rio. Père Jérôme Dandini, nonce en ce pays-là, où il est traité tant île la créance et des coutumes des Maronites que de plusieurs particularités touchant les Turcs et de quelques lieux considérables de l’Orient, arec des remarques sur la théologie des chrétiens du Levant et sur celle des main métans, par R. S. P., Paris, 1(175, in-12 de 402 p. I.e jésuite Dandini avait été envoyé au Mont-Liban, en 1596, en qualité de nonce du pape pour s’assurer que les Maronites, malgré leur réunion, ne professaient pas de graves erreurs. Mais il montra dans sa relation que ces prétendues erreurs leur étaient injustement imputées, qu’il s’en était rendu compte en tenant deux conciles dont il cite les actes. Dans son livre, Richard Simon ajoute plusieurs remarques où il explique l’ancienne croyance des Maronites qu’il accuse d’avoir été monothélites, ainsi que les autres chrétiens du Liban ; l’abbé Maron. qu’ils regardent comme un saint, partageait cette erreur : quant aux autres hérésies dont on les accuse, elles sont imaginaires et ces peuples ont seulement le malheur de n’avoir pas étudié dans nos écol ; s : « ce qui fait, dit Batterel, que ne pouvant pas s’expliquer en des termes qui approchent des nôtres, nos missionnaires, qui ne savaient de théologie que la scolastique ordinaire, les ont condamnés comme étant dans des erreurs où ils n'étaient pas en effet ». Mém. domestiques, t. iv. p. 215.

En lt175.R. Simon écrit un Factum contre les bénédictins de Fécamp (reproduit dans Bibl. critique, t. iii, p. 1), en faveur du prince de Neubourg, leur abbé, qui voulait être mis en possession des juridictions et droits dont avaient joui ses prédécesseurs. Les moines portèrent plainte au R. P. de Sainte-Marthe supérieur général. Simon avait été engaué dans cette allaire par le P. Verjus de l’Oratoire, grand vicaire de de Neubourg, qui avait un frère chez les jésuites. Le supérieur lui demanda s’il aimait mieux être à lui qu’aux jésuites ; le P. Verjus fut exclu : « Simon, privé d’un tel ami, resta seul en butte à tous les traits qu’on voulut lui porter. L’imputation de jésuitisme, la plus odieuse qu’on pût inventer contre lui, s’attacha sur lui entièrement et on songea, plus que jamais, à l'éloigner de Paris. Éloge hist., p. 27. C'était le commencement de ses difficultés avec sa congrégation.

3o Histoire critique du Vieux Testament.

Les ouvrages précédemment cités n'étaient que des essais auprès de celui-là qu’il publia en 167X. Pour mieux apprendre l’hébreu, il avait fait comme saint Jérôme qui avait pris Us leçons du juif Barraban, il s'était mis a l'école fie.loua Salvatcr, juif venu à Paris pour étendre le commerce du tabac.

En 1676, les protestants de Charenton résolurent de travailler a une nouvelle version de la Bible ; l’un d’eux, Juste], proposa au P. Simon d’en dresser le plan qui est imprime dans l’Histoire critique, 1. III. c. i : prendre comme base le texte massorét iquo contrôlé par les anciennes versions, au lieu des Septante : indiquer en marge les principales variantes, viser plus a la correction et a la clarté qu'à la délicatesse du style ; bannir les commentaires dogmatiques, les gloses Méfiantes, rejeter a la fin l’explication des termes

DICT. m. r HÉOL. <. l HOL,

techniques. Il traduisit comme spécimen un passage de.lob. des Pro erbes, fournit quelques chapitres du Pentateuque et des Prophètes, disant qu’il n’avait d’autre but que de fournir un exemple. Là-dessus, Bossuel l’accuse de Favoriser les protestants pour toucher les 60000 livres promises par ceux de Genève, d’avoir des relations avec eux, de faire une version de la Bible à l’usage des calvinistes. Or, Bossuet lui-même n’a-t-il pas correspondu avec les ministres, Ferry, Claude'? Il est certain que R. Simon fut toujours l’adversaire de la théologie protestante, et qu’il maintient contre eux la nécessité de la tradition.

Ce fut bien un autre scandale quand parut, au printemps 1678, l' Histoire critique du Vieux 'Testament, Paris, Villaine, in-4o, avec l’imprimatur du supérieur général de l’Oratoire : « Le principal de ses ouvrages, ainsi que celui qui lui a acquis une plus grande réputation et qui a fait le plus de bruit. » Batterel, op. cit., p. 217. Dans la préface, il allirme que, dans les Livres sacrés, « on n’a donné au peuple que ce qu’on a jugé nécessaire pour son instruction, on ne peut assurer que toutes les généalogies qui sont rapportées dans cet abrégé soient immédiates ». Les protestants ont tort de penser que la Bible est « claire d’elle-même et suffisante pour établir seule la vérité de la foi et indépendamment de la tradition ».

L’ouvrage est divisé en trois livres : le premier ne traite en apparence que » des révolutions du texte hébreu de Moïse jusqu'à nos jours », mais, en réalité, il contient deux parties bien di tinctes : une critique du dogmatisme en matière d’exégèse et un essai de reconstruction de l’histoire littéraire du peuple juif. Le dogmatisme érige une opinion quelconque en tradition antique et immuable. On a toujours cru, dit-on, que la langue révélée par Dieu à Adam était l’hébreu, que Moïse a écrit intégralement les cinq livres du Pentateuque, etc. R. Simon fait voir le contraire par la méthode historique qu’il semble avoir, sinon créée, du moins renouvelée avec bonheur.

Il rappelle ce que dit saint Grégoire de Nysse que Dieu ne fut jamais pour l’homme un maître d'école, Hist. crit., t. I, c. xiv ; montre que le texte hébreu de la Bible a été falsifié, corrompu, mutilé par la perfidie des Juifs, c. xviii ; que tous les Pères ont donné une part plus ou moins grande à Esdras dans la composition du texte de la Loi. C. iv. En critiquant ce dogmatisme des rabbins juifs, il n’atteignait pas moins celui des incrédules, comme Spinosa, et des protestants, celui de plus d’un docteur de Sorbonne, représentant attardé de l’ancienne scolastique.

Pour remplacer ce qu’il condamne, il montre que les « récits attribués à Moïse n’offrent qu’une unité de composition toute, relative, comme celle qu’on obtiendrait en amalgamant des compositions d’abord séparées et profondément distinctes ». C. v ; cf. Lettres choisies, t. iii, p. 216-224. Les livres historiques, les Proverbes, les Psaumes ne peuvent pas davantage être attribués à un seul auteur, mais à des scribes quelquefois modernes : saint Jérôme et Théodoret l’admettaient déjà, et de même les grands docteurs du Moyen Age.

Le I. II fait la critique des principales versions : celle des Septante, si estimée encore au xvir siècle, est une altération plus ou moins profonde de l’original ; saint Jérôme a su joindre les grâces de la littérature païenne a l’austère vérité de la révélation biblique. Epist., lxxxiii. ti-7. P. /… t. xxii, col. 758. Le concile de Trente, en déclarant sa traduction authentique, Veut dire seulement que, sans être exempte de taules, elle n’a pas élé altérée, falsifiée, corrompue a dessein. Simon reproche a Cajétan, Castalion. de Sacv. de chercher trop l'élégance aux dépens de l’exactitude J

quant aux protestants, il critique leurs erreurs en

T. XIV. 67.