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SIMON (RICHARD) — SIMON ARDAEUS


Il faut lui reconnaître des défauts, même graves, qui ont nui à son œuvre et l’ont fait condamner : il était raide de caractère, peu enclin à plier ; batailleur infatigable, il s’en prenait à tout le monde, avait une confiance illimitée en lui-même. Tout lui était bon pour se défendre : injures déplacées, insinuations malveillantes et même calomnies. Il démentait effrontément ce qu’il avait écrit, avait la manie de faire croire que ses livres lui étaient dérobés, de se cacher sous des pseudonymes qu’il rendait assez clairs pour ne tromper personne. Il vivait dans un siècle autoritaire, ce qui peut expliquer et même excuser certaines choses, la part qui reste à sa charge est trop grande pour qu’on puisse le disculper complètement.

2. On a pu l’accuser d’être protestant, socinien, arien ; il est resté toute sa vie un enlant soumis de l’Église et toujours dans ses écrits il a donné les témoignages les plus explicites de sa foi ; ce n’est qu’en style de polémiste qu’il a pu être présenté comme un prédicateur d’incrédulité ; toujours, il a fait la preuve que la foi chrétienne la plus fidèle n’est pas incompatible avec la science la plus exigeante. Il ne s’est même jamais amusé des plaisanteries, familières aux impies, sur le serpent tentateur, l’ànesse de Balaam, les mensonges d’Abraham ou de Jacob, que Fénelon même se permettait. Voir Lettre de Fénelon à Mgr l’évêque d’Arras sur la lecture de l’Écriture sainte en langue vulgaire, xv. Il étudie les choses en elles-mêmes et sans nulle préoccupation confessionnelle, gardant toujours autant de tact religieux que de véritable sentiment historique : « Je me suis proposé dans tout mon ouvrage, dit-il, de ne prendre que le parti de la vérité et de ne m’attacher à aucun maître en particulier. Un chrétien, qui fait profession de suivre la foi catholique, ne doit pas se dire plutôt disciple de saint Augustin que de saint Jérôme… Je n’ai point eu d’autre vue en composant cet ouvrage que d’être utile à l’Église en établissant ce qu’elle a de plus sacré et de plus divin. » Histoire critique du texte du Nouveau Testament, Préface.

Religieux par vocation, par goût, il ne cessa pas dans sa cure de Bolleville de se considérer comme tel, vivant très pauvrement par nécessité et se livrant à un travail acharné ; « il était, dit Batterel, petit, d’une physionomie peu prévenante, plein de feu, d’un esprit vif, et malgré cela, capable d’une très forte attention. Il avait une mémoire prodigieuse. Un grand fonds de gaieté naturelle servait de contre-poids à l’humeur sombre et sérieuse qui semble être attachée au genre d’études qu’il avait embrassé ». Op. cit., p. 294. Tête lucide et merveilleusement organisée, tout s’y tenait en un parfait accord.

Quel que soit le jugement que l’on porte sur l’œuvre et l’homme si contestés — il eut beaucoup de relations et peu d’amis, peu d’élèves immédiats — il n’est pas possible de nier que son influence posthume ait été considérable et l’on ne peut s’empêcher d’admirer la tragique grandeur de la vie d’un homme qui tenait du génie, qui eut à peu près tout le monde contre lui et qui céda seulement devant la menace de l’autorité civile. Les jésuites le rendirent suspect à l’intendant qui lui fit craindre qu’on ne saisît ses papiers pour les examiner ; il les mit dans plusieurs tonneaux qu’il fit rouler au-dessus des murs de la ville pour y mettre le feu et mourut trois jours après, le Il avril 1712 : son corps fut inhumé dans le chœur de l’église Saint-Jacques de Dieppe.

Adry, Bibl. des écrivains de l’Oratoire, ms. Bibl. nat., 25 681 à 25 686, 6 vol. in-4° ; P. Auvray, P. O., Autour de Richard Simon, dans Oratoriana, 1934, p. 199 ; Batterel, Mémoires domestiques, t. iv, Paris, 1907, p. 235-295 ; A. Permis, Richard Simon et son Histoire critique du Vieux Testament, thèse, Lausanne, 1869 ; du même, Xolice biblioyr. sur R. Si mon, Paie, 1882 ; A. Bludau, Richard Simon und das Comma Jolumiurum, dans Der Katholik., 1904, t. i, p. 29-42 ; t. ii, p. 114-122 ; H. Preniond, llist. litt. du sentiment religieux, t. iii, p. 214 sq. ; R. de La Broise, S. J., Bossuet et la Bible, Paris, 1891, c.xii, p. 335-370 ; F. Brunetière, Éludes critiques, t. v, p. 81 ; Cochet, Galerie dieppoise, dans Mém. de l’Académie de Cæn, 1862, p. 327-381 ; J. Denis, Critique et controverse ou Bossuet et Richard Simon, Cæn, 1870 ; Ellies Du Pin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, Paris, 1686-1704, 58 vol. in-8°, passim ; 2e éd., Amsterdam, 1715, 19 vol. in-4°, t. xix, p. 75-93 ; K.-H. Graf, Richard Simon, Iéna, 1847 (le meilleur travail d’ensemble selon Bernus ) ; Ingold, Essai de bibliographie oratorienne (art. de Bernus), p. 121-163 ; A. Lods, Jean Astruc et la critique biblique au -Y VIII’siècle avec une notice biographique de Paul Alphandéry, Strasbourg-Paris, 1924, extrait de la Revue d’hist. et de philos, rcl. ; Mac Queen Gray, Old Testament criticism ; ils j rise and progress to the end oj the -Y VII Ith century, NewYork-Londres, 1923, c. ix, p. 101-115 ; S. Karppe, Richard Simon et Spinoza, dans Essais de critique et d’histoire de la philosophie, 1922 ; Henri Fréville, Richard Simon et les protestants d’après sa correspondance, dans Revue d’histoire moderne, janvier-février 1931 ; Albert Monod, La controverse de Bossuet et de Richard Simon au sujet de la version de Trévoux, dans Colliers de la Revue d’histoire et de philosophie religieuse, 1922 ; Bruzen La Martinière, Éloge historique de M. Simon, Lettres choisies, 2e éd., Amsterdam, 1730, p. 3100 ; Henri Margival, Richard Simon et la critique biblique au XVII’siècle, dans Revue d’hist. etde litt. rel., 1896 à 1900, art. tirés en volume à 100 exemplaires, cf. Bulletin de litt. ecclés. de Toulouse, novembre 1900, Revue thomiste, janvier 1901, les articles de Quesnot dansffey. biblique, 1901, p. 460, et de Van Hoonacker dans Rev. des sciences ecclés. de Louvain, 1900, p. 127 ; Niceron, Mémoires pour servir à l’hist. des hommes illustres, t. i, 1729, p. 237-251 ; add., t.x, p. 21-23, 58-75 ; Quérard, La France littéraire, art. Simon Richard, t. IX, p. 157-160 ; H. Beusch, Der Index der verbotenen Bûcher, t. ii, 1885, p. 422 ; F. Stummer, Die Bedeutung Richard Simon fur die Pentateuchkritik, Munster-in-W., 1912, in-8°, vi-146 p. ; Ch. Trochon de l’Oratoire, Liste des ouvrages, dans l’Avenir catholique, 24 juin 1869 et Richard Simon et la critique biblique, Bouen, 1868, in-8° de 23 p.

Les journaux littéraires de l’époque, principalement Le Journal des sçavans de Paris, Les Nouvelles de la république des lettres d’Amsterdam, les Acta eruditorum de Leipzig. Les dictionnaires se contentent de donner la liste des ouvrages : Moréri, Bichard et Giraud, Feller, Didot, Michaud, La Grande encyclopédie ; l’article du Dictionnaire de la Bible signé du P. Ingold est superficiel et injuste.

On peut aussi citer les quelques ouvrages suivants qui ont au moins un chapitre important consacré à B. Simon : Paul Hazard, La crise de la conscience européenne, 168017 15, Paris, 1934, IIe partie, c. m : Richard Simon et l’exégèse (t. i, p. 240-264) ; cf. aussi : c. iv : Bossuet et ses combats ; Albert Monod, De Pascal à Chateaubriand, 1916, c. ni, Jean Le Clerc et Richard Simon ; L. Salvatorelli, From Locke to Reitzenstein : The historical investigations o/ the origin of Christianity, dans The Harvard theological Review, t. xxii, octobre 1929 ;

A. Molien.

    1. SIMON ARDAEUS (non Andréas##


4. SIMON ARDAEUS (non Andréas, comme

le disent plusieurs auteurs), frère mineur conventuel italien (xve-xvie s.). — Né à Venise, en 1472, il fut docteur en théologie de l’université de Padoue et maître-régent de son ordre dans cette cité universitaire, où il contribua beaucoup à introduire les doctrines scotistes. Il y mourut le 28 avril 1537, laissant un traité De gralia baptisrni, un autre De secundis intentionibus et des Quæsliones melaphysicse, dont au temps de J.-H. Sbaralea un fragment était conservé dans la bibliothèque du couvent de Saint-François à Ferrare.

L. Wadding, Scriptores O. M., 3 « éd., Rome, 1906, p. 211 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum, 2° éd., t. iii, Borne, 1936, p. 101 ; J. Facciolatus, Fasti gymnasii Palavini ab an. 1517 ad 1766, Padoue, 1757, p. 256 ; B. Scardeonius, De antiquitatc urbis Patavii, Bàle, 1560, p. 396 ; J.-Pli. Tomasimis, Urbis Patavinæ inscriptiones, Padoue, 1649, p. 244 ;.1. Salomonius, Urbis Patavinæ inscriptiones, Padoue, 1701, p. 365 ; A. Bigoni, /( forestière istruilo, Padoue, 1816, p. 120 ; B. Gonzati, La basilica di S. Antonio di Padova, t. ii, l’a-