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SIMON LE MAGICIEN


avait fournis antérieurement. C’est ainsi que la notice relative aux simoniens, t. VI, c. vii-xx. édit. Wendland, p. 134-148, cꝟ. 1'. G., t. xvic, col. : 1200 sq., se présente comme formée de deux morceaux assez mal ajustes. L’un, c. vu et xix-xx. est parallèle, sauf de légères différences, à ce que nous avons lu dans [renée ; l’autre, c. ix-xviii, est formé par des extraits, plus ou moins textuels, pins ou moins reconnaissantes, d’un livre de la secte, I" A— ooaa'.ç [leydcXi), la grande révélation. que l’on donnait comme étant île Simon. Or, chose curieuse, le système philosopluco-religieux qui S’exprime ici. et qui est résumé d’une manière plus claire dans la récapitulation. 1. X. c. XII, p. 272-273, /'. (', ., col. 3426, n’a rien de commun avec le mythe de Simon-Hélène (ou si l’on veut Dieu suprêmeEnnoia) reproduit dans le reste de la notice. I.e personnage d’Hélène et son interprétation mythologique ont disparu. C’Aitôçaotc. spécule au contraire en fonction d’un système panthéiste dont la plus claire expression se ramènerait à ceci : Le processus de l’apparition des êtres consiste en ce que la matière, animée d’une puissance infinie, à-rsav-roç SûvOfiiç, immanente et inconsciente, évolue, sous la pression même de cette force interne, de manière à donner les différents êtres jusques et y compris l’homme, dans lequel la ' ertu infinie prend en lin conscience d’elle-même. C’est un peu connue dans les systèmes panthéistes OÙ Dieu se fait continuellement. Dans le système simonien, une triade d’expressions joue un rôle capital, c’est le groupe ô sotcôç, ô a--x.ç. 6 rTTr, aô|jLEvo< ;. qui exprime les divers aspects de la puissance infinie, selon quon l’envisage dans sa permanence éternelle, antérieurement à la formation du monde, dans son devenir et enfin dans sa réalisation indéfinie. Tout ceci se complique de sizygies ou couples s’engendrant les uns les autres et ayant respectivement leur aspect spirituel et leur aspect matériel, tandis que d’autres parties du traité devaient exposer la formation réelle des êtres divers et de l’homme en particulier. Tel que le présentent les citations mal faites d’Hippolyte, l’ensemble paraît assez incohérent ; il est vraisemblable que, si nous a ions I V7téqMCoiç, bien des choses s'éclaireraient. De prime abord le système semble exclusivement philosophique, mais les citations qui sont faites de passages empruntés soit à l’Ancien, soit au Nouveau Testament montrent que l’on n’a pas affaire seulement avec une pensée purement profane. Interprétée par l’allégorie, l'Écriture sert de justification aux théories les plus hardies. Quant à la place de Simon dans le système, elle punirait être nulle ; a bien prendre les textes, Simon serait seulement l’inventeur de cette doctrine et il ne nous paraît pas évident qu’il s’y donnât expressément comme une des manifestations du Constant, éotgjç, ardeç, OT7)0'6[i, evGÇ, sinon dans la mesure où se produit en Chaque conscience une telle manifestation. Comme on le voit, nous sommes très loin du mythe Simon Hélène qui faisait le fond de la gnose simonienne selon Irénée. Voir un exposé plus détaillé à l’art, Gnosticisme, t. vi, col. 1441.

5. l.fs deux docteurs d’Alexandrie, Clément et Origène, parlent peu de Simon et de sa secte ; c’est seule ment pour répondre à C< I se « pie ie second en a dit un mot. Contr. Cris., Y. 62 ; VI, II, P. G., t. xi, col. ll2.su. 1305. Lui non plus ne semble pas connaître l’histoire d’Hé

hue Ennoia ; d’ailleurs, à ses dires, la secte simonienne

est loin d’avoir l’importance que voulait lui donner

Celse ; assez pauvrement représentée en Palestine, elle était presque inconnue ailleurs. Cf. Contr. Cris., i, 57,

col. 765. Les renseignements fournis par Clément sont Insignifiants, Strom., il. xi, /'. 'L. t. viii, col. 988 ; VII, XVII, col. 552. Retenons seulement le nom de 1 onstanl. iorCdÇ, que les simoniens donnent au Simon qu’ils enerent.

On peut négliger pour l'étude de la secte et de son éponyme les données postérieures à celles que nous venons d'énumérer. Elles sont toutes en provenance des auteurs que nous avons analysés, aucune ne traduit le contact direct avec des sources, écrites ou orales, différentes de celles qui ont été recensées.

IL Essai de synthèse. — 1° B.ristenre historique du magicien Simon. — Il n’est plus nécessaire de s’attarder à réfuter les idées, maintenant périmées, du « système des Clémentines. laborieusement échafaudé, il y a un siècle, par l'École de Tubingue. Pour celle-ci. les données, sinon la rédaction, des romans clémentins étaient antérieures à la composition définitive des écrits du Nouveau Testament et devaient servir à expliquer ces derniers. Les Clémentines étaient la manifestation de la lutte aiguë entre le pétrinisme judéo-chrétien et le paulinisine universaliste qui avait finalement triomphé. Le Simon contre lequel Lierre engage la lutte en Syrie ou en Palestine n'ét.it autre que Paul lui-même. Volontiers on aurait conclu, à Tubingue, que le Simon qui paraît au livre des Actes, c. viii, n'était lui-même qu’une caricature de Paul. 'Tout cela est pure fantaisie. Bien loin qu’ils aient emprunté aux Clémentines cette soi-disant caricature de Paul, ce sont les Actes canoniques, beaucoup plus anciens que ne les faisaient les Tubingiens, qui ont fourni aux apocryphes, lesquels sont rela. ivement tardifs, la donnée du magicien de Samarie : ce magicien contre qui lutte saint Pierre, n’a absolument rien de commun avec l’Apôtre des nations. Dans toute la partie narrative des romans clémentins, tout comme dans les Actes de lierre et leurs divers remaniements, le personnage que décrivent les auteurs de ces légendes, c’est bien le sorcier de Samarie, dont les Actes canoniques leur fournissaient un premier crayon. Ces ré ils se sont contentés de prolonger, au gré de leur imagination, la lutte commencée par Pierre en Samarie et d’en situer le théâtre en des lieux divers, Jérusalem, la Syrie, Home.

Ce n’est pas à dire néanmoins que les romans clémentins ne fassent aucune place à une lutte de Pierre contre Paul, et que Paul n’y soit désigné parfois sous le nom de Simon. S’il est. en effet, une donnée acquise de la critique littéraire des Clémentines, c’est bien celle de la juxtaposition au texte narratif, dont ce n’est pas le lieu de rappeler ici la genèse, d’un écrit doctrinal, les Prédications de Pierre, KY)p>Jyu.aTa 1 IsTpou, qui a circulé d’abord connue écrit indépendant et qui s’est incorporé à la narration, sans que l’auteur de la fusion se soit douté qu’il faisait place dans son œuvre à un manifeste, issu de milieux judéo chrétiens d’orIhodoxie plus que suspecte. Voir Suppl. ou Dictionn. <te lu Bible, t. i, col. 516. Or. il paraît certain que « l’homme ennemi i contre lequel Pierre polémique dans cet écrit, cet homme qui répand un enseignement contraire à la Loi et sans fondement, en opposition avec la doctrine légaliste de Pierre, cf. Epist. Pétri ad Jacobum, 2. /'. G., t. i, col, 28, n’est pas autre, dans la pensée des Ki)pÛYqucTa, que l’apôtre Paul. H est caractérisé ailleurs comme le Simon qui, avant Pierre, est allé le premier chez les gentils i, llo/nil., n, 17. col. 88, comme l’adversaire par excellence, ô àvrixetp.Evoç, qui a osé condamner Pierre. Homil.,

xvii. 13 19, Cf. col. 401 H. Mais ces tcxles se lisent

précisément dans des parties des Clémentines qui proviennent en droite ligne de ces I l ; v/U7.7°x Qéxpou d’origine si suspecte. Pour mêlés qu’ils soient a la narration, ils sont aises a en détacher ; et l’on s’aperçoit maintenant de l’erreur des Tubingiens qui ont fait dire à l’ensemble des Clémentines ce qui était rai seulement d’un livre qui s’y etail incorpore.

Retenons au moins que les auteurs des Actes apocryphes, soit isoles, soit incorpores aux Clémentines,