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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/33

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    1. SCHOLARIOS##


SCHOLARIOS. DOCTRINE SAC RAM ENTA I RE

dans la vertu, touL ce qui fait d’elle le modèle de la vie parfaite. Le sermon pour la fête de la présentation au temple, t. i, p. 161-172, est tout entier consacré à développer ce thème.

Doctrine sacramentaire.


Dans le petit opuscule intitulé : Ce qu’un éoêque doit savoir, t. iv, p. 1’.10-197, dont l’authenticité n’est pas absolument certaine. Scholarios enseigne clairement le septénaire sacramentel dans l’ordre suivant : le mariage, l’ordre {~xv.z .spx), le baptême, l’onction du chrême (ypiapia S : x u, opou), la communion ou synaxe, la pénitence ou confession (us-ràvoia t-v. èi ; o ; ioXÔY’/ i’Jl Ç) et l’onction de l’huile (yoin.z èXoclou). Il y a sept sacrements, ni plus, ni moins. L’auteur le démontre par l’efficacité propre de chaque sacrement. Tous les sacrements opèrent la grâce immédiatement. Chacun est constitué par une matière et une forme déterminées : cbpicr|iivT)V Ss ôXvjv xal ôpiajxévov sTSoç s/si ; il a aussi une cause instrumentale déterminée, t6 7Conf)Ttx6v, yj y.5XXov opyocvucov aiTiov. Quant à la cause principale de tous les sacrements, àpx"1Y txov aïxiov, c’est la sainte passion du Seigneur qui la constitue ; c’est d’elle et à cause d’elle que la grâce coule pour ceux qui les reçoivent. L’origine divine de chaque sacrement et sa mention dans l’Écriture sont clairement indiquées. L’auteur ne trouve dans l’Écriture aucune mention du sacrement du saint-chrême, tô u.’ja7/)p’.ov toC %sloi [vjpo’j ; mais, dit-il, le disciple de saint Paul, le très saint Denys le signale dans ses divins écrits. Ces notions si nettes et si denses de doctrine décèlent une influence latine prépondérante. L’auteur a connu les décrets du synode de Paphos dans l’île de Chypre, tenu sous le métropolite Germain Pessimandros aux environs de 1260 ( ?). Il s’inspire aussi de l’opuscule du moine Job le Iasite sur les sept sacrements.

La doctrine de Scholarios sur l’eucharistie est particulièrement remarquable. Il est le premier à avoir acclimaté chez les Grecs le mot u.stouct’.co’ï !. ;, équivalent exact du latin transsubstantiatio, bien qu’il ne l’ait pas inventé, puisque ce mot fait sa première apparition dans la traduction grecque de la Confession de Michel Paléologue (1274). Il s’assimile la doctrine thomiste sur l’explication philosophique de ce terme et sur les accidents eucharistiques dans son Sermon sur l’eucharistie, auquel les théologiens catholiques firent si souvent appel pour réfuter l’hérésie protestante..

Non moins intéressante est sa doctrine sur la forme de l’eucharistie et l’épiclèse. Cette doctrine est entièrement conforme à la théologie catholique et contredit ouvertement l’opinion des gréco-russes modernes. C’est d’abord dans le Sermon sur l’eucharistie, navre de jeunesse, que nous trouvons la première affirmation de sa pensée sur ce point. Il fait tenir à Notre Seigneur parlant à ses disciples le langage suivant : « Je VOUS donne la formule de cette merveilleuse opération (= la conversion des oblats au corps et au sang du Seigneur) et j’y attache le pouvoir de l’effectuer. La vertu de mes paroles, en effet, changera tout pain et tout vin en mon corps et en mon sang, lorsque vous voudrez vous souvenir de moi et m’avoir comme compagnon et comm hôte intérieur vous donnant la force d’accomplir tout bien, i T. i, p. 12 1. Notre auteur s’exprime d’une manière plus explicite dans une question sur les élé ments constitutifs de l’eucharistie. Après avoir indique comme condition première indispensable pour réaliser le sacrement la présence d’un ministre légitimement ordonné, il poursuit : Deuxièmement il est requis que le ministre lasse l’action sacramentelle selon la forme établie par l’Église. Or, la véritable forme de l’Église se résume en ces quatre points : toul d’abord, il faut un autel consacré, Immobile ou mobile ; on ne peut célébrer n’importe où. Deuxièmement, il faut offrir la matière conve table, celle qui fui employée p » ur la pre mière institution du sacrement, lorsque Notre -Seigneur livra à ses disciples son propre corps et son propre sang en leur donnant du pain et du vin ; sans une telle matière, point de sacrement véritable, ’troisièmement, il faut appliquer à cette matière les paroles du Seigneur : i Prenez et mangez. - Buvez-en tous. et ce qui suit, par lesquelles se produit la transsubstantiation par la puissance de Celui qui le premier les proféra en nous recommandant de faire et de dire de même. Ces paroles, en effet, sont comme la cause propre du sacrement : sans elles, ou si on les modifie en quelque manière, le sacrement ne peut se produire. Quatrièmement, le ministre doit se proposer d’accomplir ce sacrement, et il faut que son intention soit véritable et ferme ; par elle, en effet, la force des paroles du Seigneur est appliquée en quelque façon à la matière. T. iv, p. 309.

Dans l’opuscule Sur les saintes entrées (t. iii, p. 196201), il est moins clair. Mais l’insistance qu’il nul a répéter que c’est Jésus-Christ qui opère lui-même par sa toute-puissance la transsubstantiation, et la signifl cation qu’il attribue au geste par lequel le prêtre mou tre les dons après les paroles du Seigneur prouvent qu’il n’a pas changé de sentiment : « Lorsque le prêtre fait le geste indicatif, dit-il, notre attention se porte sur ce qui est montré comme sur Notre-Seigneur en personne avec tout le respect, la crainte et la foi qui conviennent. » Loc. cit., p. 202-203. Nulle part il n’attribue au Saint-Esprit la conversion des dons.

On ne peut douter pourtant qu’il n’ait aperçu la difficulté que présente la formule épiclétique des deux liturgies byzantines de saint IJasile et de saint Jean Chrysostome avec ce qu’il dit sur la forme de l’eucharistie. Il ne devait pas ignorer le commentaire de Nicolas Cabasilas sur la liturgie, et il avait assisté aux discussions de Florence sur la question. La manière dont il résout cette difficulté est à la fois claire et simple cl s’harmonise parfaitement avec la doctrine des théologiens catholiques sur l’intention du ministre dans l’administration des sacrements. Elle tient en ces quelques mots, qui se lisent à la fin de la question dogmatique sur les éléments constitutifs du sacrement de l’eucharistie : « Par l’intention du ministre, la force des paroles du Seigneur est appliquée en quelque façon à la matière. Ce but, cette intention du ministre, est manifesté par les prières, parce que si les autres conditions sont réalisées mais que fasse défaut l’intention d’opérer le sacrement, celui-ci n’est pas produit. T. iv, p. 309.

Quelles sont ces prières qui manifestent l’intention du ministre ? Nous croyons ne pas nous tromper en disant que Scholarios lait allusion ici avant tout à la formule épiclétique. Celle-ci, en effet, manifeste très clairement l’intention, le désir explicite qu’a le célébrant de voir les dons olïerts transformés au corps et au sang de Jésus-Christ. Qu’importe que cette manifestation vienne après que les paroles dominicales ont élé prononcées ? Vu l’importance capitale de l’intention, il est bon, il est utile qu’elle apparaisse à la face de l’Église dans une formule spéciale. Cette formule, c’est l’épiclèse, qui ne porte pas seulement, du reste, sur le mystère de la transsubstantiation proprement dil. mais aussi sur les effets salutaires que doit pro duire L’eucharistie dans les communiants et sur le corps mystique du Christ en général. Dans l’opuscule Sur 1rs saintes entrées, loc. cit., p. 201-202, notre théologien assigne à l’épiclèse un autre but : celui de traduire l’Impuissance du ministre humain à accomplir le mystère. Cette double explication est à la l’ois 1res simple et très bien adaptée à l’ensemble des cérémonies qui, dans la liturgie byzantine, entourent le moment solennel de la consécration. Il est curieux qu’aucun théologien occidental n’ait songé. Voir l. Jugie, l.a forme de l’eu