Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/344

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2189
2
SIR MONO JACQ1 ES
190

moins comme parfaits chrétiens et la chrismation donnée par le prêtre au baptême ne pouvait elle pas être considérée comme suppléant, dans une certaine mesure, colle de l'évêque à la confirmation ? Sur cette querelle, voir. De Meyer, op. cit., p. 69-70, à préciser par Fouqueray, <>/>. cit., t. v, p. 19-63. A l’appui de cette suggestion, sévèrement censurée par la Sorbonne, on avait cru pouvoir in oquer le canon 2 « lu ! ' concile d’Orange en 141, tel qu’il était cité dans Gratien : il n’y était prescrit qu’une seule chrismation : quand le prêtre l’avait donnée au baptême, ce qui était la pratique normale, l'évêque n’avait pas a procéder au moment de la confirmation. Or, le texte de ce canon, tel que le donnait Sinnond dans son édition des conciles de Gaule parue quelques années auparavant [Concilia antiqua Gallise, 3 vol. in- 1°. 1629), accentuait encore cette absence d’une nouvelle chrismation au moment de la continuation : ut non necessaria habeatur repetita chrismatio. Aussi l’elrus Aurclius, dans ses Yindiciæ censurafacultatis théologien' Parisiensis, dénonça-t-il ici une manus jesuitica : le texte de ce canon, déjà fort gâté en lui-même, venait de l'être plus encore par la main d’un jésuite : uno unius synodi particulans cunone. eoque corrupto per se et a jesuilse manu jam multo corruptiore ; on ne voyait pas pourquoi Sinnond avait mis ici la négation non, qui se trouvait uniquement dans l'édition des conciles de Cologne : Sic antiqua editio Coloniensis, quamnescio air Sirmondus, sine causa, sequi maluerit. Petrus Aurelius. Opei a, édit. de lt'>42. t. n. p. 13-44. 1 >cs qu’il en eut connaissance, Sinnond releva l’insinuation calomnieuse ainsi lancée contre lui. Il en écrivit à celui qu’il croyait être Petrus Aurelius : le non de son texte se trouvait dans tous les manuscrits et était d’ailleurs exigé par le sens général du canon ; il n’y avait donc pas a demander le pourquoi de son addition, mais, tout au contraire, celui de sa suppression dans d’autres éditions conciliaires. Voir la citation de sa lettre par Petrus Aurelius : Opéra, t. i, préf.. p. 18 et t. m. p. 305. l.a lettre n’eut pour effet que de provoquer une réponse de Petrus Aurelius accusant Sinnond de dépasser en audace et en impiété les auteurs déjà censurés par la Sorbonne : en niant qu’il y eût lieu a une seconde chrismation pour qui l’avait reçue au baptême, son texte déclarait le sacrement de confirmation inutile et en détournait les fidèles. Responsio ml Sirmonem de canone Arausicano, Opéra, t. iii, p. 296. C’est cette réponse 1 que vise l'.l ntirrheticus / ». La question proprement textuelle une fois remise au point, Sinnond y dénonce l’erreur de méthode qui a fait découvrir tant d'énormités dans le canon ainsi publié : on y a identifié chrismation et sacrement de confirmation, et cela pour avoir exclu à priori la possibilité d’un désaccord entre la pratique de jadis et celle d’aujourd’hui : Sic ad canonem expo nendum te accessisse vidât ut nrpis putes aliquid in illo latere quod ah hodierno usu nostro distel, eoque nervos intendas ut consentanea omnia videantur. Or, cette méthode, pour légitime qu’elle soit en certaines matières, est ici arbitraire et détestable : Quod genus mterpretundi. si quidrm res palitur, nemo reprehendit ; si repuqnet. nutlum est ineptius. N. lii, dans Sirmundi opéra, t. iv, p. 184. I.e canon est donc a lire et à expliquer tel qu’il est : manilrstement. il n’envisage de chrismation que pour le baptême : normalement, l'évêque n’en fait pas. quand il confirme. El ceci peut paraître étrange a qui considère l’usage actuel, mais ne l'était nullement a cette époque : Nooa Sunt lucc. jatror. si cum us compares qute aliter postea m Ecclesia et sapienter consliluta sunt ; sed, si temporum illorum disciplinant considères, nihil tamen habent quod ab ea abhorrent. Ibid., p. 183 CE. Suivent les preuves. Peste donc uniquement la question sur laquelle se rabat Petrus Aurelius : pourquoi donc la malencon treuse négation ne se trouve t elle pas dans le texte du canon tel « pie le cite Gratien ? Parce que, répond Sirmond, lui ou ses sources ont fait comme VOUS : ils ont exclu l’hypothèse d’un désaccord entre ce canon du concile et l’usage qui existait déjà de leur temps ; la mentalité, qui vous fait rejeter la négation, la leur a fait supprimer. N. 12, p. 189 AB. I, 'ouvrage se termine par ce rappel de la leçon de méthode qui, pour nous, en résume l’essentiel. Mais Petrus Aurelius avait l’esprit trop rigide pour la comprendre. Il répliqua par son Ansereticus, dénonçant, dans V Anlirrheticus, septem errores et hæreses in theologiam et /idem, plus duodecim errores in criticam, novem falsitales et imposturas, duodéoigenti àouXXoYUria et raliocinandi absurditates, duodecim lemere dicta, quinque effugia, octorepugnantias, septem calumnias, novem supercilium et superbiam m omnibus, qui a sua sententia dissideant, aspernandis. En tête de V Ansereticus, Opéra, t. iii, p. 322-330.

I.' Anlirrheticus II répond à ce réquisitoire. Sans s’attacher au détail de ces ergotages, Sinnond rappelle d’abord l’erreur de méthode qui en est le principe : méconnaître la diversité des rites qui s’observe au cours des âges dans l'Église, c’est se condamner à tout confondre : Cum, in Ecclesia, tum céleris in rehus, lum in usu et udministralione sacramentorum. permagnam fuisse constet. pro ratione locorum ac temporum, vicissitudinem et varietatem, quanta rerum juturu est perturhatio si lempora conjundantur et quæcumque ah hodierno more discrepant, ea olim nunquam usurpala credantur ? C. iii, dans Opéra, t. iv. p. 199. Or, tel est le cas de Petrus Aurelius : incapable de concilier ce qui s’enseigne aujourd’hui dans les écoles sur la matière du sacrement de confirmation avec l’usage ancien de l’administrer par la seule imposition des mains, il nie cet usage et accuse Sirmond, qui l’admet, de nier qu’aujourd’hui la confirmation ne comporte aucune chrismation. C. viii, p. 212. Après un rappel des variations observées, c. iv-vii, Sirmond, sans vouloir faire de la théologie, suggère donc la conception que pourrait s’en faire un théologien habitué aux arguties de l'École. Il raisonnerait sur le cas de la confirmation comme on fait sur celui de l’ordination. Comme la porrection des instruments, la chrismation, à un moment donné, s’y serait jointe à l’imposition des mains. Le rite ainsi ajouté est-il devenu pour le sacrement matière essentielle ou accidentelle, matière complémentaire ou matière unique ? On pourrait répondre pour l’onction comme on fait pour la porrection des instruments et s’appuyer, dans un cas comme dans l’autre, sur le concile de Florence. C. viii, p. 213-214. Ainsi, en finirait on avec ces effugia ingénieux, auxquels on doit recourir pour expliquer que les apôtres ou même parfois les évêques aient administré la confirmation sans procéder à aucune chrismation. On en appelle à un privilège des apôtres : eux auraient pu se passer de chrême ou même de sacrement ; on identifie imposition des mains et onction ; où les textes ne parlent que de l’une, il faut entendre l’autre : Licet chrismatis mentio non fiai, chrisma lumen impositioni manuiim [junctum esse], aut ipsam denique impositionem manuum non aluni intelligi volunt quam chrisma tionem. Ibid., p. 21 1 PC. En quelques lignes, c'était, esquissée, une théorie île l’essence du sacrement de confirmation qui ne saurait plus être écartée. Simple cl cohérente, elle est la seule qui tienne vraiment compte de l’ensemble des documents patristiques, liturgiques et conciliaires à valoir en cette matière. Voir ce que nous en avons dit a l’art. IMPOSITION DES MAINS, t. vii, col. 1375-1393. Moins que personne. Petrus Aurelius était disposé a entrer dans cette voie. Il répondit par un long pamphlet intitulé OrthodoxuS, où les erreurs relevées dans les deux Antirrhelicus se montaient au chiffre de trente et un. Sirmond j était