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d’indulgences annonçaient au peuple qu’après avoir gagné l’indulgence, il ne fallait plus prier pour les défunts, Sixte IV ordonna à quelques évêques français <le proclamer qu’en accordant per modum suffragii une indulgence applicable aux défunts, il a voulu signifier ut illa in modum suffragii anùnarum saluti prodesset, perindeque <</ indulgentia propcerei ac si dénota' orationes piseque eleemosynse pro earundem animarum sainte dicerentur et offerentur (27 novembre 1 177). Comme cette explication donna lieu à de nouveaux malentendus et fut interprétée comme si les indulgences n’avaient pas une plus grande efficacité

ipie les prières et les aumônes, Sixte IV se vit obligé

de promulguer une nouvelle bulle, le 27 novembre 1 177. dans laquelle il s’oppose à cette dernière interprétation et explique la grande différence qui existe entre les indulgences et la prière et les autres bonnes œuvres. Il termine en disant : Prsesentium teiwre motu proprio ilecernimus et declaramus in quibuscunque scriptis iwstris semper nostrse intentionis fuisse et mine esse ipsam plenariam indulgentiam per modum suffragii animabus in purgatorio existenlibus concessam sic iHilere et suffragari quemadmodum commun is doctorum scholu eus valere et suffragari concedit. Cette bulle a été éditée plusieurs fois, soit seule, soit à la suite des avis de Jean de labrica et de Nicolas Riehardi (cf. !.. llain, Repertorium, t. i, n. 6788, 6881 ; t ii, n.14807, où elle porte le titre : Declaratio super indulgentia pro anima bus in purgatorio detentis). Elle a été publiée, mais d’une façon incomplète, par I".. Amort, De origine, progressu, oalore ac fructu indulgentiarum, Augsbourg, 1735, II « part., p. 292-293. Th. Accurti cite cette bulle sous le titre : Explicatio in Nicolai Riehardi tractât um contra aliquos maie sentientes de auctoritate Sedis apostolicse super indulgentia concessa pro animabus purgalorii ; cf. J.-H. Sbaralea, Supplementum, 2° éd., t. m. Rome, 1936, p. 106. I.a doctrine de Sixte IV sur les indulgences a été plus longuement exposée par Raymond Peraudi dans son commentaire sur la dernière bulle de Sixte IV, intitulé : Summariu declaralio bullse indulgentiarum Kcclesise Xanctonensi pro reparatione ejusdem et tuitione ftdei concessarum, s 1. n. d., in-fol., 8 p. Voir N. l’aulus, op. cit., t. iii, p. 212-213, 382-388. I.a Sorbonne condamna aussi deux propositions par rapport aux interprétations données aux indulgences applicables aux défunts : 1. dès que quelqu’un a donné l’aumône prescrite, l'âme pour laquelle elle a été don née va immédiatement au ciel (20 novembre 1482) ; 2. la juridiction du pape s'étend aux âmes du purgatoire et il pourrait, s’il le voulait, vider tout le purgatoire. Cette thèse soutenue par le fr. mineur Jean Angeli, dans un sermon prêché en 1482 à Tournai, fut condamnée le."> février I 183, comme île jalsilale suspecta et scandalosa et nullatenus populo publiée prædicanda. Voir N. l’aulus, op. al., p. 386-387.

Quant à la politique ecclésiastique de Sixte IV visà is des chefs d’Etal et des gouvernements, elle dé[iassa toute mesure dans la voie des concessions. Par

sa trop grande facilité à accorder a l’empereur Frédéric III et aux rois de Danemark, de Hongrie, de Pologne, de Portugal, d’Espagne, etc., h' droit de nommer les évêques pour de nombreux sièges, quitte au pape de les confirmer, et le droit de distribuer un grand nombre de bénéfices, Sixte IY lui cause d’une immixtion excessive du pouvoir temporel dans le gouvernement spirituel de l'Église et donna naissance a de multiples conflits cidre lui et les chefs d'État pour la

nomination d'évêques et la dislribtili les bénéfices.

Pour les nombreux diocèses dans les différents pays

de l’Europe, pour lesquels les chefs d'État avaient le

pouvoir de nommer les candidats et les conllits assez fréquents qui en résultaient, nous renvoyons a I.. von l’astor, op. cit., |>. 61 6 623.

Sixte IV se montra toutefois plus indépendant dans la question île l’Inquisition espagnole, dont l’introduction fut nécessaire pour sévir contre les Marranos, c’est-à-dire contre des juifs et des Maures qui, restant attachés a leur religion, se convertissaient apparemment au christianisme et réussissaient a se faire conférer des dignités ecclésiastiques et des charges civiles. Pour empêcher cela. Sixte IV restaura l’Inquisition par une bulle du 1 er novembre 1478, qui autorisait Ferdinand et Isabelle à nommer deux ou trois archevêques, évêques et autres dignitaires ecclésias tiques pour procéder contre les juifs baptisés et relaps et contre les apostats, d’après le droit et les coutumes en vigueur. Ainsi, en vertu d’une bulle pontificale du 17 septembre 1 180, le roi nomma comme inquisiteurs de Séville les dominicains Michel Morillo et Jean de San Martin et le prêtre séculier Jean Ruiz de Médine. De nombreuses plaintes étant arrivées au pape sur la sévérité excessive des inquisiteurs, le manque d’ordre et de justice avec lequel ils procédaient et les nom breux abus qui se manifestaient, celui-ci promulgua, le 29 janvier 1182, une bulle dans laquelle il reprochait durement aux inquisiteurs les nombreux griefs qu’on leur imputait et les engageait à plus île clémence et d'équité. Dans une autre bulle du Kl octobre 1482, il protesta énergiquement contre l’allure trop séculière que le roi d’Espagne voulait donner à l’Inquisition pour s’en servir contre ses ennemis. Enfin, pour renie (lier aux trop nombreux appels des justiciables à Rome, Sixle IV institua, le 25 mai 1483, l’archevêque de Séville juge pontifical de l’Inquisition. Comme, malgré tout, la sévérité, la cruauté et l’injustice persistaient dans les tribunaux de l’Inquisition, Sixte IV décréta, le 2 août 148 ; }, que l’appel à Rome avait valeur légale aussi en Espagne, que les pénitents timides devaient être absous en secret, et que les acquittés ne pouvaient plus être molestés ; enfin, il enjoignit aux souverains espagnols de laisser les repentis dans la possession de leurs biens. Mécontent de cette disposition au sujet des appels, le gouvernement espagnol réussit, sous les menaces les plus graves, à amener le pape à retracter. au mois d’août 1483, cet ordre et à nommer un prélat espagnol comme inquisiteur général. Le premier qui fut élevé à cette charge fut le dominicain Thomas de Torquemada (2 août 1 183). I.a sphère de juridiction de cet inquisiteur général, qui se limita d’abord à la Castille et au Léon, l’ut étendue par un bref pontifical du 17 octobre 1 183 à l' Aragon, Valence et la Catalogne. Il était entouré d’un conseil spécial, institue par Thomas de Torquemada et approuvé par Sixte IV. I.e grand inquisiteur était nommé par le roi, mais recevait sa juridiction du pape en vertu d’un bref aposto lique. Les membres du conseil étaient proposés par l’inquisiteur général et nommés par le roi, mais ils ten utnt leur Juridiction de I inquisiteur giniral De la sorte, cette nouvelle tonne de l' Inquisition espagnole constituait une institution mixte, dans laquelle cependant l'élément ecclésiastique prédominait. Voir !.. von l’astor, op. cit., p. 62 i-630.

Pour ce (pli est des relations de Sixte IV avec les ordres religieux, elles sont d’une condescendance execssive envers les ordres mendiants et surtout envers les franciscains. Encore général de l’ordre franciscain, il s'était appliqué à réformer les conventuels el, dans ce but. avait même rédige des statuts, qu’il confirma après son élévation au pontificat. Toutefois ces statuts, appelés Sloliila Sixtinu, ne furent jamais obser ves, parce que Sixte IY. comme pape, n’a plus rien fait pour reformer les conventuels. Bien au contraire, il fut très libéral dans la concession de privilèges. Ainsi, des la première année de son pont i licat. il cou ce dait aux Frères, par la bulle bum fructus libères du 28 février 1472. sur les Instances du ministre général,