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SIXTE IV


pour los défenseurs du privilège de la Vierge. Ceux-ci furent encouragés par le verdict porté par le chef de l’Église contre ceux qui combattaient l’immaculée conception. Parmi eux une plaie d’honneur revient au bienheureux Bernardin de Feltre, O. F. M. († 1 194), auxquels ses adversaires voulurent imposer de rétracter publiquement un sermon dans lequel il avait soutenu et défendu l’immaculée conception. Comme des faits ( | c c, genre st. répétaient fréquemment, Sixte IV ordonna, en l 175, une discussion approfondie du privilège, dont il serait lui-même le témoin et le juge. Les deux partis se trouvèrent de nouveau en présence : d’un côté : V. Bandelli et, de l’autre, François Nani. le général des frères mineurs. Ce dernier l’emporta sur son adversaire. A la suite de cette dispute. Léonard Nogarelli, chanoine de Vérone, présenta a Sixte IV une supplique pour obtenir l’approbation d’une messe et d’un office composés par lui en l’honneur de l’immaculée conception, qui ne laissaient plus persister aucun doute sur le vrai sens de la fête. Le pape les approuva par la constitution Cumprœexcelsa du 28 février l 170. qui semble être le premier acte officiel émané de la Cour romaine en faveur du privilège de Marie. Il enrichit en même temps l’office des mêmes indulgences que possédait celui du Saint-Sacrement.

Les disputes toutefois ne prirent pas fin. même après l’intervention de Sixte IV et l’institution officielle de la fête de l’Immaculée Conception. Des prédicateurs poussaient même l’audace jusqu’à affirmer que c’était une hérésie et un péché mortel que d’admettre ce privilège de Marie, de réciter son office et d’écouter des sermons dans lesquels l’immaculée conception était défendue. V. Bandelli édita un nouvel écrit en 1481. dans lequel il soutint à peu près les mêmes thèses. La lutte devint tellement vive que le pape crut de son devoir d’intervenir et, le —1 septembre 1483, il promulgua la constitution Grave nimis, dans laquelle, sans prononcer une sentence définitive, il manifestait clairement ses préférences pour la thèse qui tient pour la préservation de Marie du péché originel. On y lit :

nonnulli, ut accepimus, diversorum ordinum prsedi catores in suis sermonibus ad populum publiée pei diversas civitates et terras affirmare hactenus non eiubueiunt, et quotidie pnedicare non cessant, omnes illos, qui tenent aul asserunt candem gloriosam et immaculatam Dei Genitricem absque original is peccati macula fuisse conceptam, mortalité) peccare, v et esse hîercticos, ejusdem immaculatae concept ionis ollicium célébrantes, audientes sermones illoruni, c]ui eam sine hujusmodi macula conceptam esse aflirmant, peccare graviter… Nos hujusmodi assert iones utpote talsas et erroneas et a veritate penitua aliénas, editosque desuper libros pisedictos, id continentes, quoad hoc auctoritate apostolica, tenore prsesentium, reprobamus et damnamu-. . *

Mais pour empêcher que l’on ne prît cette déclaration comme une décision dogmatique, Sixte IV reprit aussi ceux qui ausi jurrint nssercrc. contrariu/ii opinionem tenenles, Didelicet gloriosam virginem Mariam cum originale peccato fuisse conceptam, hæresis crimen vel peceatum incurrere mortale, cum nondum sit a romana Ecclesia et apostolica Sede decisum… Denz.-Bannw., n. 73.">. Voir. r. de Sessevalle, n>. cil., p. 618-623. La controverse au sujet de l’immaculée conception eut

pour conséquence que le culte de sainte Anne prit une dilTusion plus grande. Sixte IV remplit aussi un vœu depuis longtemps émis par les hommes les plus éminents de l’Église, en introduisant la fête de saint Joseph dans toute la chrétienté.

sixte IV se montra très généreux dans la concession d’indulgences pour toutes sortes d’œuvres pieuses et spécialement pour la construction d’églises. Cette grande libéralité fut louée par les uns et blâmée parles autres, comme le remarque N. Paulus, Geschichte

des.bliisscs im Miltclalter, t. iii, Paderborn. 1923, p. 166 167, qui y énumère aussi les différentes indulgences partielles et plénières concédées par Sixte IV (p. 167-168). Sixte IV étendit les indulgences du jubilé de 1 175 à plusieurs villes italiennes, par exemple à Bénévent pour l’Italie méridionale (1 er janvier 1476), à Bologne, pour la Romagne, etc., ainsi qu’à la France en février t I7(i. à l’Angleterre et à l’Irlande (début de 1 170). à l’Ecosse (10 février 1 17li), à la Pologne, à la Hongrie et à la Bohême (en 1 176 et en 1481), à Kaguse (en 1476 et en 1479), à la Suisse et à l’Allemagne Septentrionale (en 1479), etc. lue partie des aumônes fut réservée et destinée à la croisade. Plusieurs ordres religieux obtinrent le privilège de gagner les indulgences du jubilé dans leurs couvents, ainsi les franciscains, les dominicains, les bénédictins de Melk. Un privilège semblable fut donné au roi Ferdinand de Castille et à sa famille ; cf. N. Paulus, op. cit., p. 190192. Comme une des premières et principales préoccupations de Sixte IV était la guerre contre les Turcs, il concéda à plusieurs reprises des indulgences plénières à ceux qui contribueraient par les armes ou par leurs aumônes à la croisade, comme il résulte des bulles de la fin de 1471, du. Il août et 4 décembre (Domini et Salvatoris) 1480. De l’indulgence accordée pour la croisade contre les Turcs et qui fut prêchée par les frères mineurs, il faut distinguer celle qui fut prêchée par les hospitaliers de Saint-Jean. Elle fut concédée par Sixte IV le 12 décembre 1479, pour la défense de Rhodes, et put être gagnée du dimanche des Rameaux 1480 jusqu’à Pâques 1481. A côté de ces indulgences qui s’étendaient à toute la chrétienté, il en exista d’autres semblables, qui ne furent concédées qu’à un pays déterminé, par exemple à la Pologne et à l’Autriche au début de 1482, à la Pologne, à la Bohême et à l’Allemagne à la fin de 1482, à la Suède par une bulle du 14 octobre 1483. Sixte IV concéda également, le 8 mars 1483, pour la durée de trois ans, une Cruzadu à Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille pour la reprise de Grenade. Parmi les bulles promulguées par Sixte IV en faveur des croisades, il faut compter aussi celle qu’il publia, le 14 décembre 1482, contre Bâle, dans laquelle il concéda une indulgence plénière à ceux qui combattraient cette ville, qui refusait de lui livrer l’aventurier André Zamonetiè, dont nous avons parlé plus haut. Il faut mentionner enfin une indulgence plénière concédée, le 15 mars 1479. par Sixte IV aux confédérés de la Suisse qui combattraient pour l’Eglise sous la bannière de Saint-Pierre, qu’il leur avait envoyée. Voir N Paulus, op. cit., p. 204-210.

I fne indulgence qui donna lieu à une longue controverse, est celle qui fut accordée en 1 170 par Sixte IV a la cathédrale de Saintes et qui était applicable aux âmes du purgatoire per modum suffragii. Comme ce genre d’indulgences était très rare à cette époque celle-ci était la seconde concédée par les sou erains pou tifes, la première étant celle concédée par Calliste III, au début de 1 lô7, au roi Henri IV de Castille (die concession excita un grand étonnement non seulement auprès du peuple, mais encore et surtout auprès des prédicateurs et des théologiens. C’est pourquoi le commissaire pour les indulgences, Raymond Peraudi, demanda l’avis de deux théologiens éminents, Jean

de Fabrica, O. F. M., et Nicolas Pdchardi. recteur de

l’université de Poitiers. Tandis « pie Jean (le Fabrica lient que le pape peut appliquer les indulgences aux âmes (lu purgatoire /"Pmodum su/jukih < aussi aliqualiter per modum auctoritalis, Richardi laisse cette question de côté, mais admei que l’indulgence est infailliblement au profit des âmes, auxquelles elle est appliquée ; il faut toutefois continuel a puer pour les âmes du purgatoire. Comme certains prédicateurs