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SIXTE-QUINT


ment non d’après la Vulgate, mais d’après la version grecque des Septante, obtint l’institution d’une rom mission pour l’édition dos Septante, dont les bénédictins du Mont-Cassin firent partie. En huit ans, en 1586, les travaux furent terminés et, eu 1587, parut l’édition <les Septante et. en 1588, une version latine.

A côté" de eette Sixtine du texte grec des Septante, Sixte Y caressa aussi le projet d’une Vulgate sixtine. Dès la seconde année île son pontifical ( 1586), il tit reprendre activement la correction de la Vulgate et voulut que l’entreprise fût menée avec rapidité. 11 confia les travaux préparatoires à une commission, vous la présidence du cardinal Antoine Carafa et se réserva à lui-même le droit de trancher d’autorité les questions de critique textuelle en vertu d’un privilège spécial concédé par Dieu au Saint-Siège. La commission, dans le contrôle du texte des manuscrits de l’Ancien Testament, reprit en général les conclusions île Guillaume Sirlet, versé plus que personne dans les langues classiques et l’hébreu. Avec lui on adopta généralement la lecture du manuscrit du Mont Amiala. A la suite d’une violente discussion avec le cardinal Carafa, le 16 novembre 1588, Sixte V se fit remettre le lendemain les travaux de la commission, décidé à conduire l’eeuvre à son terme d’une manière digne de lui. Aussi la correction du texte avança-t-elle rapidement, de sorte qu’en juin 1589 il était déjà arrivé au dernier livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse. L’intervention de Sixte V fut toutefois néfaste, car il appliqua, dans l’établissement du texte de la Bible, les mêmes principes de critique textuelle qu’il avait adoptés dans son édition des œuvres de saint Ambroise. Ne faisant aucune attention au travail de la commission, qui s’était référée aux plus anciens manuscrits, il rétablit le plus souvent les leçons de la Bible éditée à Anvers en 1583, que la commission avait retranchées ou corrigées.. Il ajouta de nouveaux textes, qui de notes marginales qu’ils étaient d’abord, s’étaient introduits dans le texte et que la commission avait retranchés ; fait plus grave, il omit des textes qui appartenaient certainement au texte authentique de la Bible. Il consultait dans les doutes d’autres savants, entre autres le jésuite Ange Tolet, mais reprenait ensuite sa liberté pour faire ce que bon lui semblait.

Avant la fin de la revision, le texte fut livré pour l’impression à la typographie vaticane, fondée par Sixte V en 1587. Le travail avança si rapidement que, dès le 2 mai 1590, la Bible entière était imprimée : Biblia sacra Vulgalse edilionis ad concilii Tridentini pneseriptum emendala a Sixlo Y P. M. recoynila et approbala, in-fol. en trois parties de 11 10 p.. à deux colonnes. Le texte est imprimé en gros caractères, sans séparation des versets, dont les chiffres sont indiqués dans la marge. Le texte est précédé de la bulle /Elernus Me, d’après laquelle cette édition de la Vulgate devenait l’unique version latine autorisée. L’impression morale produite par cette édition fut toutefois déplorable et des critiques s’élevèrent de partout. Le cardinal Carafa, qui protesta énergiquement, fut menacé de l’Inquisition. Le cardinal Ascanio Colonna, au nom de l’Inquisition, fit à son tour de graves observations et les savants romains ne cachèrent pas leur opinion au sujet de la défectuosité de cette édition. Etant donnée cette opposition générale, Sixte Y, bien que fougueux et impulsif, ne pouvait s’entêter devant l’évidence. Il renonça à promulguer la bulle qui déclarait cette Bible la seule authentique et en imposait l’usage à l’exclusion de toute autre. Il songea même à corriger cette Bible et à en publier une seconde édition entièrement revue. La mort interrompit ce travail. Quelques jours après son décès, les cardinaux firent suspendre la vente de cette Bible et bientôt on alla même jusqu’à

en rechercher, racheter et supprimer tous les exemplaires, qui pour cette raison sont très rares. Clément VIII, le successeur de Sixte V, reprit le travail. Cette nouvelle Bible parut en 1592. Clément VIII ne figure pas dans le titre et tout l’honneur est laissé à Sixte-Quint Pour le détail, voir l’art. Vulgate.

Poursuivant l’auvre de Grégoire NUI pour la correction du martyrologe romain. Sixte V en chargea Baronius, qui lui dédia cet ouvrage. Il projeta aussi une nouvelle édition des Décrétâtes et la confia, en 1587, à une commission présidée par le cardinal Dominique l’inelli. Il n’en vit cependant pas la fin. Il trouva néanmoins une compensation dans la collection des constitutions pontificales depuis Léon I er jusqu’à Sixte Y. recueillies par l’avocat romain Laérce Cherubini sous le titre de liultarium, édité à Borne, en 1586.

5. L’administration de l’Église.

Par la célèbre bulle Postquam vems du 3 décembre 1586, Sixte V donna au collège des cardinaux sa forme définitive, établissant les conditions requises pour leur nomination et portant leur nombre à soixante-dix, dont six évoques, cinquante prêtres et quatorze diacres. Dans une constitution du 13 avril, il régla la forme extérieure du Sacré-Collège en déterminant les églises qui devaient être assignées aux cardinaux comme titres. A Sixte V revient le mérite éminent d’avoir réorganisé l’administration de l’Église. Jusque là il n’y avait que quatre Congrégations permanentes : celle du Concile, celle des Évêques, l’Index et l’Inquisition. Le 17 mai 1586, il institua la Congrégation des Béguliers et, comprenant le grand avantage qu’il y aurait pour l’expédition des affaires si elles étaient confiées à des Congrégations cardinalices, Sixte V, par une bulle du 22 janvier 1588, partagea la besogne entre quinze Congrégations, dont six étaient chargées de l’administration de l’État pontifical et les autres des affaires spirituelles ; la décision d’une Congrégation, pour être valide, devait réunir l’approbation d’au moins trois cardinaux. Quant aux affaires confiées aux principales Congrégations, Ch. Poulet, op. cit., t. iii, p. 920921, résume comme suit l’ample exposé qu’en donne L. von Pastor, op. cit., p. 182-190 : « En premier lieu vient l’Inquisition romaine pour la défense de la foi, qui devait juger l’hérésie, le schisme et l’apostasie. Adjoint à l’Inquisition, l’Index, chargé de condamner les livres erronés ou immoraux. Ensuite la Congrégation pour la mise en vigueur et l’interprétation des décrets tridentins : elle veillerait à ce que soient tenus tous les ans les synodes diocésains, tous les trois ans les synodes provinciaux, dont elle contrôlerait les décisions. En outre elle donnerait audience aux évêques qui venaient à Borne rendre compte de leur administration, les interrogerait sur l’état moral de leur diocèse et veillerait à la résidence. D’une façon générale elle prendrai ! l’initiative de tout ce qui pourrait rénover la piété. A la Congrégation pour les affaires des évêques, Sixte V donnait des pouvoirs étendus : à elle de répondre aux questions multiples concernant les droits et privilèges, l’immunité, l’exemption, les rapports des prélats avec leurs chapitres, avec les corporations et les propriétaires séculiers. La Congrégation des Béguliers réglerait tout ce qui regarde les religieux : passage d’un ordre à un autre, apostasie, réformes, etc. Parmi les quatre nouvelles Congrégations érigées par la bulle du 22 janvier 1588, la plus importante est la Consistoriale. A elle revient l’enquête préalable sur les nouveaux évêques et sur le transfert des anciens. La Congrégation de la Signature de grâce devait exa miner toutes les demandes de faveur, ne ressortissant pas a la justice ordinaire. Celle des Rites et cérémonies veillerait a ce que les anciennes coutumes fussent partout gardées en ce qui regarde le service divin. Aussi corrigerait-elle au besoin les livres liturgiques,