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des nombreux saints religieux qui illustraient l’ordre, comme Jérôme <le Narni. Félix de Cantalice et.Joseph de Léonisse, mais aussi (tarée que leurs théologiens suivaient pour ainsi dire exclusivement la doctrine de saint Bonaventore. Accueillant favorablement les instances du supérieur du tiers-ordre régulier, il détacha, en 1586, ce dernier presque complètement de la juridiction des observants, à laquelle Pie V les avait assujettis en 1568 et leur accorda une ample autonomie.

Il fut aussi favorable aux dominicains, élevant en 1586 Louis Bertrand au rang des saints, donnant la pourpre a Jérôme Bernicri ; il leur restitua aussi le couvent et l'église de Sainte-Sabine. Favorable aux jésuites au début de son pontificat, principalement dans un procès de l’Inquisition espagnole contre quatre jésuites et dans les visites projetées des provinces espagnoles des jésuites par Jérôme Manrique, évoque de Carthagène, Sixte V, sous l’influence des troubles suscités en Espagne par l'élément réformateur de l’ordre, ordonna, le 10 novembre 1588, à l’Inquisition romaine de désigner deux théologiens, qui, avec un jésuite, examineraient les constitutions de l’ordre et en corrigeraient les défauts. La sentence de cette commission fut en général favorable aux jésuites. Sixte V, cependant, auquel ne plaisait pas la dénomination de « Compagnie de Jésus », résolut de supprimer ce nom et ordonna, en 1590, au général Aquaviva de promulguer lui-même le décret ordonnant ce changement. Comme le pape sous cette condition renonçait à toute autre réforme de l’ordre, le général se soumit, rédigea le décret mentionné et le présenta au pape. Pour pouvoir l’examiner avec plus d’attention, Sixte V fit déposer ce décret sur sa table de travail ; il s’y trouvait encore quand le pape mourut subitement ; de la sorte, ce décret ne fut jamais exécuté.

Sixte V fut aussi un grand promoteur des missions, principalement au Japon et en Chine. En 1588, il érigea un évêché au Japon, avec résidence à Funai, capitale du Hungo, dont le premier évêque fut Sébastien Moralez, S. J. Cette mission fut confiée aux jésuites qui réussirent aussi, en 1580, à pénétrer dans la Chine, jusque là rigoureusement fermée aux étrangers. Les franciscains déployèrent une activité merveilleuse aux Philippines, et le pape éleva leur custodie en province. Les dominicains y fondèrent, en 1586, la province du Saint-Rosaire, qui joua un rôle important dans l’histoire des missions. Les franciscains s’introduisirent aussi en Chine, avec l’appui du pape, et firent de sensibles progrès aux Indes, au Mexique et au Brésil. Sixte Y poursuivit avec énergie les tentatives commencées par Grégoire XIII pour opérer l’union de l'Église orientale avec Rome, ainsi que celle des coptes d’Egypte, des ruthènes de Pologne, des grecs schismatiques de Constantinople, où, en 1586, les capucins remplacèrent les jésuites, qui avaient tous succombé à la peste.

3. Les questions doctrinales.

Sixte V veilla avec grand soin à la pureté de la doctrine catholique. D'âpres controverses avaient commencé entre jésuites et dominicains au sujet de la conciliation de la grâce el de la liberté ; BaïUS, professeur à l’université de Couvain, cherchait à prendre sa revanche en dénonçant plusieurs propositions énoncées par le jésuite Lessius. La faculté de Louvain en condamna, le 12 septembre lô.sT, trente-quatre de saveur moliniste, dont la principale était que, d’après Lessius, c’est la volonté' humaine qui rend toute grâce efficace par son libre acquiescement. La querelle lit grand bruil dans le pays et tout le monde y prit part. Bcllarmiu et Lessius lui-même s’efforcèrent de réfuter les accusations de la faculté de l.ouvain. Les universités étaient divisées. Tandis que celle de Douai prenait le parti de

Louvain, Paris ne se prononçait pas et celles de Trêves, Mayence et Ingolstadt se mettaient du côté des jésuites. Apres une année de débats, le nonce Octave Mlrto l’rangipani mit Borne au courant des controverses et y envoya en même temps les propositions condamnées. Sixte V, craignant que cette controverse n’eût de fâcheux effets pour l'Église, écrivit au nonce de se rendre.à Louvain et d’imposer le silence aux deux partis. En vain Frangipani s’efforça-t-il d’arriver à un compromis entre l’université de Louvain et les jésuites. Pour en finir, il promulgua, le 10 juillet 1588, un décret où il défendait aux deux partis, sous peine d’excommunication, de se censurer mutuellement. C'était désapprouver la censure portée par la faculté de Louvain contre Lessius. Mais, en 1587, 1e dominicain Dominique Banez publiait son commentaire sur la Somme de saint Thomas, dans lequel il introduisait une terminologie nouvelle dont plusieurs s'émurent. parlant do primotion et de prédétermination physique. De son côté, Molina écrivait son fameux ouvrage Concordia liberi orbitrii cum qratiw donis, qui, malgré les efforts de liane/, parut en 1589 et ne fit qu’accentuer la profonde discorde entre jésuites et dominicains. Aussi ces deux écrits déchaînèrent-ils sur l’Espagne une tempête de débats et de controverses.

Sixte V soutint de toute son autorité l’Inquisition romaine. Il érigea de nouveaux tribunaux, rétablit, en 1586, la fête de l’inquisiteur dominicain saint Pierre Martyr, tué pendant l’exercice de sa charge, continua en octobre 1585 la peine de mort, portée par Paul IV, contre ceux qui célébreraient la messe sans être prêtres et décréta, le 13 août 1587, que ceux qui seraient condamnés par les évêques ou les inquisiteurs n’en pourraient appeler qu’au Saint-Siège. Bien qu’il ait déploj é une sévérité extraordinaire contre les brigands, il n’y eut toutefois pendant son pontificat que cinq condamnations à mort de la part de l’Inquisition. Il confia à l’Inquisition les délits de magie et d’astrologie, contre lesquelles il ordonna de procéder avec sévérité. En 1587, il chargea la Congrégation de l’Index de la rédaction d’un nouvel Index des livres défendus et demanda à cet effet le concours des universités de Paris, Louvain, Salainanquo. Alcala et Coïmbre. Bien que la bulle d’introduction à ce nouvel Index porte la date du '. » mars (590, ce dernier ne fut cependant pas publié pendant sa vie.

I. Lu Vulgate.

Sixte V est célèbre par son édition de la Bible, qui toutefois eut un sort malheureux. Le concile de Trente avait déclare authentique l’ancienne traduction latine iu texte original hébreu et grec, à savoir la Vulgate, en insistant pour que l’on en fît une édition aussi correcte que possible. Les premiers travaux de revision et de correction de la Bible furent vite interrompus et des particuliers entreprirent de corriger le texte de la Vulgate. Ainsi, dès 15-17, le dominicain Jean I Ionien publia à l’université de Lou vain sa Biblia lalina ad l’cliistissima cxcmplaria recens casligata, qui, après sa mort (1566), fut encore perfectionnée sous la direction de Luc de Bruges. Cette Bible eut de nombreuses éditions et fut adoptée par tout dans la chrétienté. Le concile de Trente fut clos en 1563, avant que la correction officielle de la Vulgate fût terminée, saint Pie V continua la commission instituée par son prédécesseur pour la correction de la Vulgate et augmenta le nombre ^<- ses membres. Ils

reprirent tout ce qui avait été fait Jusque là. afin de

profiter des leçons des manuscrits anciens apportes récemment à Rome. Le travail avança toutefois avec la plus grande lenteur et il fallut continuer à se contenter de l'édition de l’huit in d’Anvers. Sous Grégoire Mil. le cardinal Félix l’erctti ayant remarqué, alors qu’il préparait l'édition des icuvres de saint Anibroise, que Ce docteur faisait les citations de l’Ancien lesta-