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une créance intérieure. Voir art. Quesnel, t. xiii, col. 1500 sq. Soanen, pas plus que l'évêque de Montpellier ne paraît avoir protesté. Procès-verbaux des assemblées générales du clergé, t. vi, p. 838 sq. Il y lut question aussi d’une plus juste répartition des décimes. Soanen insista auprès de M. de Noailles pour que certains dioeèses trop chargés, celui de Seriez en particulier, fussent exonérés. Il revint encore en 1711 à Paris où l’archevêché de Vienne lui fut olïert : il le refusa par désintéressement et aussi pour n’avoir pas a condamner le livre des liéflexions morales de Quesnel comme on le lui demandait.

Resté très attaché à sa congrégation dont il continue de suivre la règle et les usages autant que les circonstances le permettent, il s'étonne et se plaint de n’avoir pas été mis sur la liste des députations à l’assemblée générale de 1696 ; pour celle de 1099. il écrit une lettre fort édifiante pour témoigner de sa tendresse et de sa vénération pour l’Oratoire. Lettre iv, 9 septembre 1699, p. 5.

III. Le gallican janséniste.

Rien jusqu’ici n’apparaissait de l’influence qu’exerçait sur lui le 1'. Quesnel et des idées qu’il lui avait suggérées ; elles se manifestent à la publication de la bulle Unigenitus (8-10 septembre 1713) ; peut-être est-il vrai de dire que c’est le gallicanisme qui régnait alors qui l’a fait janséniste.

1° Comment il juge la bulle viiiŒNlTVa. — Il l’avait connue un des premiers par la voie d’Avignon ; aussitôt il la déclare un décret monstrueux. Sur la rédaction et la publication de cette bulle, voir art. Quesnel, t. xiii, col. 1528 sq. « Quelle étonnante pièce, s'écriaitil, quel sujet d’affliction pour les forts ! Quel scandale pour les faibles 1 Quel jugement de Dieu sur nous tous 1° Vie de M. Jean Soanen, p. 37. Le 25 octobre, il donne au cardinal de Noailles les raisons de son appréciation : « Elle est débitée dans notre province contre toutes les règles du royaume, puisque c’est avant l’acceptation du clergé et l’enregistrement du Parlement. » Voilà pour le gouvernement ; autre chose maintenant : l’autorité des évêques, de la morale de saint Augustin est en jeu : « En faisant semblant de n’en vouloir qu'à un auteur particulier, on tire à boulets rouges contre les trois remparts de la religion ; je veux dire contre l'épiscopat. qu’on veut asservir pour gagner le pape, en rendant les évêques simples exécuteurs de ses brefs ; contre la morale évangélique dont on s’efforce de justifier les relâchements, en flétrissant par des condamnations ceux qui la prêchent tant soit peu exacte ; et contre la doctrine de saint Augustin et de saint Thomas sur la grâce ellicace de Jésus-Christ qu’on tâche d’anéantir, en substituant peu à peu celle de Molina pour dogme de foi… Si on nous ôte le droit important d’examiner les décrets de Rome, malgré la possession de l'Église gallicane dans tous les temps, il pourra venir de cette cour étrangère, sous des monarques plus faibles, des bulles aussi injustes que l’ont élé celles des Bonifaces, des Jules, des Sixtes, des Grégoires contre l’autorité de nos rois. » Lettre xii, éd. 1 750, t. i. p. 12. Il supplie le cardinal de Hohan. grand aumônier de France, de travailler à faire supprimer la bulle : « Soutenez la cause de Dieu en prévenant les dangers d’un schisme ; et fai les agréer à Sa Majesté, qui vous écoute comme l’oracle du cœur, que cel ouvrage d’intrigue, qui combat ses droits comme les nôtres, soil supprimé pour la paix de l'Église et (le l'État. » Décembre 1713. p. 15. Apprenant que rassemblée devait se tenir, il arrive à Paris vers le 9 Janvier et, dès la première session. 15 janvier 171 I. il proteste

contre la condamnation des Réflexions morales prononcée sans même que l’auteur ail été entendu. Procès verbaux, t. i. p. 1300. Au cardinal de Rohan qui lui répond ; « Le P. Quesnel est déjà jugé par le pape,

nous ne sommes pas ici pour juger du décret du pape ». il réplique : « Nous en sommes les examinateurs pour voir s’il n’y a rien de contraire à nos libertés, à la doctrine du clergé de France. » Vie, p. 42. Il se plaint du mauvais sens que l’on donnait à des propositions qui, dans leur sens naturel et dans le livre de Quesnel. étaient i pures et Irréprochables ». Ils étaient neuf opposant contre quarante acceptans. Les opposants se réunissent chez le cardinal de Noailles qui mettait toujours un peu de faiblesse dans son attitude ; ils signent un procès-verbal, arrêtent le projet d’une lettre au pape et écrivent au roi. Soanen est choqué de ce que, dans la lettre au roi, les opposants écrivent : « Nous commençons par nous unir au chef de l'Église en proscrivant le livre des Réflexions ; et de ce que dans le procès-verbal, ils défendent de lire, retenir ou débiter ce livre : il signe cependant, de crainte d’attirer des persécutions sur l’Oratoire. Le 9 février, le roi lui envoie par Pontehartrain l’ordre de rentrer dans son diocèse ; il répond qu’il n’a agi dans la dernière assem blée « que par un pur motif de religion ».

En exil à Scncz.

M. de Noailles formait le projet

d’une lettre pastorale, qui serait un recul. Soanen lui écrit : » Après tout… un appel au futur concile général serait-il un moyen si extraordinaire et si criminel, puisque la France l’a souvent employé légitimement pour arrêter Rome ? » Vie, p. 47. Là-dessus arrive le bref du pape, 17 mars 171 1. aux quarante évêques acceptants contre les opposants ; il écrit à l’archevêque de Paris, 26 avril 1714 : < J’y vois avec confusion pour l'épiscopat l’injure qu’on y fait aux quarante, sous une belle apparence de remerciement, puisqu’on ne leur donne que la qualité de simples exécuteurs des décrets. » Lettre xv, p. 15. Comment ont-ils fait imprimer avec tant d'éclat un bref qui les humilie en faisant semblant de les honorer ? « Les appelans, qui n’ont fait que suivre les plus saints évêques de tous les pays <l de la France en particulier, sont traités de prévaricateurs, de gens qui cherchent à chicaner sans (in. »

A Paris, l’orage grossissait ; tous les jours on aigrissait le roi contre le cardinal de Noailles et contre les évêques opposants, il était question de réunir un concile national pour les déposer : « Je m’estimerai heureux si, sans lâcheté ni prévarication, je suis déchargé du fardeau qui m’accable », écrit l'évêque de Senez à "Pontehartrain. Mais le roi meurt le 1 er septembre, le cardinal de Noailles envoie à Soanen la révocation de l’ordre qui le reléguait dans son diocèse ; là-dessus, Soanen écrit : « Ce qui augmente extrêmement ma douleur, c’est de voir qu’on ait eu la dureté de laisser mourir un monarque si bien intentionné, sans éclairer autant qu’il fallait ses bonnes intentions. Mais il ajoute : Jamais miracle de la Providence ne s’est mieux fait sentir… C’est visiblement la droite du Seigneur qui a employé sa puissance souveraine pour. opérer ces heureux changements. » Vie, p. 49-50, Quand il a reçu du cardinal « les projets dressés pour accepter la constitution, les Mémoires raisonnes pour la persuader et son Instruction pastorale pour l’expliquer », il répond de Senez. octobre 171 I, que mentionner l’acceptation des quarante évêques et s’unir à eux ferait tort à notre conscience et à notre honneur ». On nous dit « que sixvingts prélats de France ont accepté : c’est la bonne cause qui fait le poids et le nombre ne fait rien contre la vérité… que ramour de la paix doit prévaloir. comme si l'Église ne devait pas toujours commencer par s’attacher à la vérité avant que de songer à l’unité ». Il rappelle alors l’histoire des papes Libère, Zosime. etc. On nous menace d’excommunication, de déposition : i les maux sont extrêmes, sont redoutables, j’en tombe d’accord. Saint Allianase les a tous

vus et même éprouvés… On veut aussi nous épouvan ter en prétendant que le roi a dit qu’il ferait céder les