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1590

Mathesischen Sammlung, publiés par E. Kroker, 1903,

p. 335.

Schwenckfeld, repoussé, continua à répandre ses idées et à lutter contre les luthériens orthodoxes, notamment contre Flacius Dlyricus, le plus excité

d’entre eux. Il mourut à l’Ini. vers la fin de 1561.

IL Doctrine. — Schwenckfeld n’a pas laissé de corps de doctrines complet et systématique. Il s’est renfermé en un petit cercle d’idées favorites qui reviennent sans cesse sous sa plume. Trois points surtout lui tiennent au cœur et résument toute sa théologie : 1° les rapports entre l’esprit et ta lettre dans les Écritures ; 2° la théorie du saint-sacrement ; 3° la Christologie. l>e ces trois points, le troisième est le plus important et domine les deux autres.

Selon lui. l’acte créateur établit entre Dieu et sa créature une distance infranchissable. Aucune créature n’est par elle-même participante de la nature divine, en sorte que toutes les créatures sont hors de Dieu et Dieu hors de toutes les créatures. » Epistolar., t. ii. 2> part., p. 105. Il fallait donc que Jésus-Christ fût dans une relation spéciale avec le l'ère. De fait, la nature humaine du Christ n’a pas été créée, mais « engendrée par le l'ère. Dieu est le l'ère du Christ tout entier. Dieu et homme ». Epistolar, t. i, p. 612. De la sorte, le Christ ne possède pas la sainteté par grâce, ni comme une qualité ou un accident, dans sa nature humaine, mais il la possède naturellement et de lui-même ». Cette nature humaine a été enfantée, avec sa divinité, par la vierge Marie. Nous croyons, déclare Schwenckfeld. que Marie a enfanté le Christ. Dieu et homme unis en une seule personne. non le Christ seul selon sa nature humaine, car de ce que le Christ n’a pas reçu la divinité de Marie : il ne s’ensuit pas qu’elle ne l’a enfanté que selon sa nature humaine, mais Dieu et homme, un seul fils, et le Christ tout entier. El pendant toute sa vie, la chair du Christ a été ainsi étroitement unie au Verbe, sans suture, sans séparation, en sorte que le Christ était « un homme en Dieu, dans l’unité de l’essence divine, dans un être entièrement nouveau et céleste, dans un être incorruptible jouissant de la gloire en Dieu, et aussi de la puissance, de la force, de la vérité divines. Cette union n’emporte pas cependant destruction de la nature humaine du Christ, mais réception et possession par elle de toute la divinité éternelle. Toutefois, cette glorification de la chair du Christ n’a pas été entière du premier coup. Il y a eu croissance de glorification, entrée progressive dans la gloire divine. Mais depuis la résurrection et l’ascension, cette glorification est complète. I.a nature humaine du Christ est sj bien revêtue de Dieu qu’elle doit être adorée comme telle.

(.'était à propos de cette doctrine que Luther prononçait le mot d’eutychianisme. Il la résumait en ces termes : Dicit creutiinini post resurrectionem et glorifirulionem in Deitalem transformateur ! et ideo esse adorandarn.

lit voici le lien entre cette théorie nébuleuse et la doctrine eucharistique de Schwenckfeld : l’Homme Dieu a reçu la mission de racheter l’humanité. Schwenckfeld conçoit la rédemption, a la suite de certains Pères grecs, comme une rançon payée au diable, qui nous possédait tous. Une fois qu’il nous a rachetés, le Christ nous purifie du péché en nous justifiant par la foi en lui. mais pour cela, il est mecs sainqu’il nous élève au-dessus de notre condition de créatures pour faire de nous les lils adoptils de Dieu et nous régénérer, c’est-à-dire nous communiquer une vie nouvelle. Pour cela, il entre en nous, il devient la nourriture et le breuvage de nos âmes. Mais, sa chair étant spii it ualisée et son sang également, il ne peut nous alimenter que d’une façon spirituelle.

Le sang du Christ, écrit il. étant maintenant glorillé. est complètement spirituel et di iii, il est donc aujourd’hui Versé, par le Saint Esprit, dans toute sa force, et il étanche la soi ! des âmes par la loi. Epistolar.,

t. II, 2° part., p. 943. Schwenckfeld ne peut donc pas admettre que la chair et le sang du ('.luist soient présents localement dans le pain et le vin eucharistiques, comme le pensait Luther (impanation). Il assure que l’on doit traduire les paroles de l’institution : « Mou corps est ceci et non pas : « Ceci est mon corps. Le sens serait donc : De même que ce pain nourrit votre corps, de même ma chair (spiril ualisée et divinisée) nourrit votre aine, est le pain de votre âme. Schwenckfeld insistait surtout sur le c. vi de saint Jean, pour démontrer son interprétation : « Ma chair est une vraie nourriture et mon sang un véritable breuvage… La chair ne sert de rien, mes paroles sont esprit et vie. » Il tirait de là toute une théorie de l’union au Christ, devenu notre aliment spirituel. Et il rattachait à cette doctrine celle de l’inspiration scripturaire. Pour lui, la Bible n’est que le produit humain, imparfait, extérieur de l’inspiration. « Les saints hommes de Dieu, dit-il, qui sont poussés par le Saint-Espril à parler et à écrire, n’ont pas pu livrer aux autres par la parole ou l'écriture le don et la richesse qu’ils possédaient en leurs cœurs et qu’ils sentaient vivre en eux… la plume n’a pas pu coucher le cœur tout entier sur le papier, ni la bouche faire jaillir toute la source et son contenu. » Il suit de là que l'Écriture ne doit être interprétée que par FEsprit-Saint et avec l’Esprit-Saint. On ne doit pas s’attacher à la lettre d’une façon servile. Ce n’est que lorsque le Christ est vivant en nous par son Esprit que nous pouvons lire la sainte Écriture avec fruit.

Et par-dessus tout cela plane le mystère de la prédestination. Dieu veut, en effet, déclare Schwenckfeld, que tous ses dons ex eodem fonte eœlesti in corda electorum, per Jesum Christum, eaput Ecclesiæ in Spiritu Sancto, scaturire interque eu nullum externum médium ut neque inter eaput et corpus, cutlocari posse. De cursu verbi Dei, origine fidei, el rutione justifteationis, I3àle, 1527, p. 13. Donc, pas d’intermédiaires entre le Christ et l'âme, pas de sacrements, pas d'Écritures à prendre à la lettre, pas de confession de foi ni d’orthodoxie rigide, pas d'Église hiérarchisée. Schwenckfeld aboutit à une sorte d’individualisme mystique, par quoi il prétend continuer le luthéranisme primitif, abandonné, en cours de route, par Luther lui-même.

III. Les schwenckfeldiens.

Ce que l’on vient de dire de Schwenckfeld et de ses doctrines fait comprendre le caractère particulier des groupes schwenckfeldiens. Ils ne formaient pas des Églises proprement dites, mais des conventicules restreints, à tendances rigorisles ou, comme l’on devait dire plus tard, puritaines. Par des hommes tels que Weigel, Johann Arndt, Schwenckfeld a transmis, au sein du protestantisme, mais en marge des grandes Églises, et mal supporté par elles, la tradition du mysticisme médiéval, qui s’est épanouie plus tard dans le piétisme (voir ce mot). Si la révolution protestante n’avait pas éclaté, de tels hommes auraient trouvé dans les cloîtres un refuge naturel et peut-être auraient-ils puissamment servi la réforme monastique. Peut-être aussi auraient-ils versé dans l’illuminisme.

Quoi qu’il en soit, les partisans de Schwenckfeld se tinrent soigneusement à l'écart des grandes Églises, tant (le (elles de Lut lui que de celles de Zwingli et de s(^ successeurs. IN se donnaient le nom de confesseurs de la gloire du <.hrist. par allusion ; i la théorie christologique du maître. A partir de 1539 environ,

ils sont connus sous le nom deSI liw enek leldielis.

qu’ils acceptent <u reste. Bon gré nul gré, Ils constl tuèrent des lors unisecte définie. Leui groupe