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-i [ENCE DE DIEU. DOCTRINES THÉOLOGIQ1 ES

L600

eau ajoute : ta etiam, quee libéra creaturarum actione futura sunt. Denz.-Bannw., m. L784.

Dieu connaît aussi Ion Êtres non existants, mais simplement possibles, Rom., iv, 17 : cf. Ps., cxlvi, 5j

Matlh.. xix. 26 ; il tonnait encore, sous la formalité

de détermination conditionnelle qui leur est propre, k’s

raturibles ». c’est-à-dire les futurs contingents qui

n’existeront jamais, mais qui auraient existé si telles conditions s'étaient vérifiées. David s’est enfui do Ceïla pour n'être pas livré par les habitants <le cette localité. Dieu lui ayant assure que ceux-ci le livreraient à Saiil. 1 Reg., xxiii, 7 si|. Voir aussi la prédic tion de la destruction éventuelle de Ninive, Joa., iii, 4. Cf..1er., xxxvin. 17. De même Jésus parle de la conversion éventuelle de Tyr et de Sidon. au cas où ces villes auraient été témoins des miracles accomplis à Bethsaïde et a Corozaïm. Mattli.. xi, 21-23. Voir

aussi LUC, XVI, 31.

2° Enseignement traditionnel. - (.'est par centaines qu’on pourrait recueillir les assertions patristiques touchant la science infinie de Dieu. I.e P. Rouët de Journel, dans l’Enchiridion patristicum a fait la sélection qui s’impose et qui permet de connaître les grandes et suffisantes lignes de la tradition. La doctrine patristique est résumée sous six chefs différents :

1. D’une sculr intuition, Dieu commit taules choses, non seulement celles qui sont, mais encore celles qui seront : Athénagore, Legatio, xxxi. /'. G., t. vi, col. 945 ; Théophile d’Antioche, Ail Autolycum, t. II, n. 3, /'. < ;., t. vi. coi. 1049 ; s. Irénée, Contra, hier., t. II, c.xxvi.n. 3, P. G., t. vii, col. 801 ; S. Hippolyte, Philosophoumena, t. X, c. xx.xii, P. G., t. xvi c, col. 31 16 ; Clément d’Alexandrie. Slroin.. VI, xvii, /'. G., t. ix, col. 388 ; Origène, In Genesim, t. iii, n. (i, P. G., t. xii, col. 64 ; S. Cyrille de Jérusalem, Cat., iv, c. v, /'. G., t. xxxiii, col. 460 ; S. Grégoire de Nysse, De infantibus qui præmature abripiuntur, P. G., t. xlvi, col. 184 ; S. Cyrille d’Alexandrie, Thésaurus, assert. xv, P. G., t. i.xxv, col. 292. Sur la doctrine de saint Augustin, voir ici t. i, col. 23t(>. Sur les choses futures, saint Grégoire s’exprime ainsi : Quia ea quee nohis futura sunt videt, quæ lumen ipsi semper præsto sunt, prœscius dicitur, quamvis nequaquam futurum preevideat, quoi ! prsesens videt. Moralia, t. XX, c. xxxii, n. 63, /'. /-., t. i.xxvi. col. 175.

2. Par sa prescience. Dieu n’apporte aucune contrainte au.r décisions futures des hommes. Cf. S. Augustin, De libero arbitrio, t. III, c. iv, n. 11, /'. L., t. xxxii, col. 1276. Cette assertion de saint Augustin, qu’on retrouve équivalemment dans les commentaires de saint Jérôme sur Jérémie, I. Y. c. xxvi, ꝟ. 3, /'. L., t. xxiv, col. SI), est plus d’une fois exprimée par les l'ères grecs : Origène, Contra. Celsum, t. II, c. xx, P. G., t. xi, col. 836 ; Eusèbe de Césarée, Prseparatio eoangelica, t. VI, c. xi, P. G., t. xxi, col. 192 ; S. Jean Chrysostome, In Mattli.. nom. i.ix. n. 1, /'. (.'..t. lviii, col. 574 ; S. Jean Damascène, Dial. contra, manicheeos, n. 7 ! », /'. G., i.. iv. col. 1577.

3. l’ai' application de ce second principe, Dieu a la prescience de tous les ailes futurs de la libre volonté humaine. Voir S. Justin..jhiI. I. xii, /'. G., t. vf, col. 311 : s. Cyrille d’Alexandrie, 'thésaurus, assert. xv, /'. G., t. lxxv, col. 292 ; Théodoret, In Rom., c. viii, . 30, /'. G., t.LXXXII, col. 1 1 1 ; S. Jean Damascène, De fuie orlli.. I. 1 1. c xx. /'. G., t. xerv, col. 969. Mais c’est surtout saint Augustin qui a directement abordé cette question. Voir ici t. i, col. 2390. Les textes principaux sont : De Genesi ad lilleram, I. XI, c. ix, n. 12, /'. L., t. xxxiv. col. 13 1 : /v civitate Dei, I. V, c ix. n. l : c. x. u. 2. t. xx, col. 152, 153 ; Enchiridion,

CIV, I. XL, col. 283. ' >n peut aussi citer chez les latins :

s. Vmbroise, De //de. I. Y, c. vi, u. 83, /'. L., t. xvi, « < i 665 ; S, Jérôme, dr. pelagianos, I. III, n. (i, /'. L.,

t. xxiii, col. ">7. r > : et. après Augustin, Fulgence, Ad

Monimum. t. I, c. xxv. /'. /… t. i.xv. col. 172.

I. Et cela sans que soil atteint le libre arbitre.

la plupart des textes précédents comportent cette conclusion, notamment ceux de saint Jérôme, de saint Augustin et de Théodoret. On peut y ajouter un beau commentaire de saint Jean Chrysostome sur le Xeecss, est ut veniant scundula..Malth.. xviii, 7 : cf. Luc, xvii, l. « Ce n’est pas parce qu’ils sont annoncés que ces scandales arrivent : le Christ les annonce parce qu’ils doivent se produire… Si ceux qui les donnent ne l’avaient pas voulu, jamais ils ne se seraient produits : et s’ils n’avaient pas dû se produire, ils n’auraient pas été annoncés. In Mattli., hom. i.ix, n. 1 ; /'. G., t. LVIII, col. 57 1.

ô. La prescience du mal et du péché est incluse dans la science parfaite de Dieu. — Voir lùisèbe de Césarée, déjà cité : S. Jean Chrysostome, ibid. : S. Jérôme, ibid. ; S. Augustin, De libero arbitrio. cité ; S. Augustin, De civitate Dei. cité : S. Fulgence, déjà cité : S. Jean Damascène. Contra manicha’os, xxxvii. /'. G., t. xciv, col. 1544.

(i. Enfin Dieu connu il les futurs conditionnels. — Tour saint Augustin, voir ici t. i. col. 23 16. On pourrait aussi apporter le texte déjà cité- de saint Grégoire de Nysse.

De tout cet ensemble, il résulte avec la dernière évidence que toute la tradition accorde a la science divine une perfection sans bornes. Aucun objet n’en est exclu, jias même le mal et le péché, pas même les événements dépendant de la liberté humaine.

3° Enseignement rationnel. L’existence d’une

science infinie en Dieu n’est pas seulement vérité de foi. c’est encore une vérité que la raison, avec ses seules lumières, peut atteindre. Saint Thomas a ainsi rationnellement démontré l’infinie perfection de la science divine en partant d’un double principe. Tout d’abord, la parfaite immatérialité de Dieu explique sa science parfaite. Sam. theol., I ii, q. xiv. a. l. Ensuite, l’essence divine -.tant infinie, la st-i&nte divine qui s identifie i cette essence doit pareillement être infinie. Ibid.. a. I. Cf. Contra gent., 1. I.e. xliv, xLv ; De veritate, q. ii, a. 2, ad ô um.

Si l’on voulait maintenant formuler le dogme sous ses aspects différents, on pourrait le réduire aux trois énoncés suivants : Dieu possède une science infinie : Dieu se connaît lui-même d’une manière infiniment parfaite ; Dieu connaît tout ce qui a existé, existe et existera, même le mal dans Tordre moral comme dans Tordre physique, même les actes libres des créatures intelligentes, auxquels d’ailleurs sa prescience n’impose aucune nécessité.

il. Doctrines ["héologiques. — A côté de ces dogmes, il faut relever des doctrines certaines ou communes, qui, sans appartenir à la révélation proposée par l'Église, présentent cependant l’enseignement reçu.

Propriétés de la science divine.

Cette science est :

1. Indépendante de toutes choses créées. Si la science divine dépendait des créatures, elle ne serait pas d’une infinie perfection. Cette vérité est indiquée par l'Écriture, T'.ccli., xxiii. 29 ;.1er., x. 12. et ainsi exprimée pai' saint Augustin : » Dieu connaît toutes ses créatures. Spirituelles et corporelles, non parce qu’elles sont ; mais elles sont, parce qu’il les connaît, i De Trin., t. XV, c. xiii. n. 22. /'. L., t. xi. ii, col. K>7(i. Voir plus loin, col. 1606.

2. Immuable et éternelle. A aucun point de vue. la science divine n’est discursive comme la nôtre : Dieu o voit tout ensemble et non pas successivement S. 'Thomas, [, q, xiv, a. 7. En effet, " la science de Dieu est sa substance même. Comme la substance divine est absolument immuable, il est nécessaire que sa science soit tout à fait invariable ». ld., q. Xiv.