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SCIENCE DE DIEU. DOCTRINES THÉOLOGIQUES

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Cf. Contra cent., t. I, c. lv-lvii. On peut trouver de cette immutabilité éternelle de la science divine une analogie dans l’intuition intellectuelle immédiate des premiers principes ; simple analogie. Voir l’expression

intuition ou vision employée pour désigner la science divine dans Gen., i. Si : Eccli., xxiii, 29 ; Mattli.. vi. 1 : 1 lebr.. îv. 13. Saint Augustin a donné de eette vérité un beau commentaire dans le De diversis qutestionibus ad Simplicianum, 1. II. q. ii, n. 3, /'. L., I m. eol. 140.

3. Compréhensioe. Elle épuise en un acte unique l.i COgnoscibilité de son objet dans toute son amplitude, qu’il s’agisse de l’objet premier de la connaissance divine, lequel est Dieu lui-même. S. Thomas, 1'. q. xiv. a. 3 : et. a. 2. ou qu’il s’agisse de l’objet seeondaire. les choses autres que Dieu, connues distinctement et complètement, telles qu’elles sont en leur cause première et telles qu’elles sont en elles-mêmes. Id.. ibid., a. tî. Toute erreur, toute obscurité, toute hésitation doivent être complètement exclues de la science divine. Aussi la science divine ne saurait-elle être discursive comme la nôtre : « Dieu voit ses efîets en lui-même comme en leur cause ; sa connaissance n’est pas discursive. > Id., ibid., a. 7.

Divisions de la science divine.

L’absolue simplicité divine nous interdit de placer dans la science

de Dieu considérée en elle-même la moindre distinction. C’est par un acte unique et absolument simple que Dieu se connaît lui-même et toutes choses en luimême. Mais la diversité dans la science divine doit être envisagée du côté des objets. Et, sous cet aspect, on distingue :

1. Science spéculative et science pratique.

La science spéculative se termine à un objet intelligible ; la science à la fois spéculative et pratique se termine à un objet à la fois intelligible et réalisable. De lui-même. Dieu n’a et ne peut avoir qu’une science spéculative : de tout ce qui est en dehors de lui, et même des êtres simplement possibles, Dieu a une science à la fois spéculative et pratique. Des êtres qui seront réalisés, même dans l’ordre des futurs libres, la science divine est pratique, en même temps que spéculative, car la science divine est la cause de tout ce qui existe en dehors de Dieu, l.e mal lui-même, bien que Dieu n’en puisse être l’auteur, n’en tombe pas moins, comme le bien, sous la connaissance pratique, pour autant que Dieu le permet, l’empêche ou y introduit un ordre ». Id., ibid., a. 10. Quant aux simples possibles, la connaissance pratique qu’en a Dieu est qu’ils sont réalisables, bien que Dieu ne doive jamais les réaliser. Id.. ibid. ; cf. De veritale, q, iii, a. 3.

2. Science nécessaire et science libre.

Cette distinction se justifie selon que l’objet ne dépend pas ou dépend du libre décret de la volonté divine. C’est d’une science nécessaire que Dieu se connaît lui-même et connaît les possibles en nombre infini. Tous les autres êtres dépendant de l’acte créateur parfaitement libre de Dieu, sont donc l’objet de sa science libre. Cette science est dite libre, non parce qu’elle peut être absente de l’intelligence divine dans l’ordre présent de sa providence, mais parce qu’elle aurait pu en être absente, si Dieu n’avait pas décidé de réaliser son objet. Elle est donc hypothétiquement nécessaire.

3. Science d’approbation et science d’improbation. — Cette distinction est faite par rapport au bien ou au mal moral objet de la science divine. Saint Thomas appelle la science divine, science d’approbation, se< undum quod est causa rerum. I », q. xiv, a. X. Il s’agit ici de la science qui est cause véritable des choses, ce qui ne peut se vérifier que par rapport au bien. Ces termes semblent empruntés a saint Augustin, Quæstiones in Hepttdeuchum, I. I, q. uni, /'. /… t. xxxiv, col. 563. Doctrine clairement exposée par !.. Billot,

De Deo uno et trmo. thèse xxiii, § 2. On applique a la

science d’improbation Mat th., vii, 23 : XXV, 12.

I. Science de simple intelligence et science de vision. I a distinction est ainsi formulée par saint Thomas. I », q. xiv. a. 9. Après avoir rappelé que Dieu sait tout. même les choses qui n’ont pas d’existence actuelle, saint Thomas ajoute : i Entre les choses qui n’ont pas d’existence actuelle, une distinction est a établir. lien est qui, bien que n'étant point actuellement, ont été ou seront, et celles-là, on dit que Dieu les connaît d’une science de vision : car l’intelligence de Dieu, qui est identique à son être, ayant pour mesure l'éternité, bien que privée de succession, comprenant tout le temps, le regard de Dieu, éternellement présent, porte sur tout le temps, et tout ce qui est dans le temps s’offre à lui en manière de chose présente. D’autres réalités non existantes en acte sont au pouvoir de Dieu ou de la créature, et cependant ni ne sont, ni ne seront, ni n’ont jamais été. A l'égard de celles-là. I)ieu est dit avoir non une science de vision, mais une science de simple Intel ligence. F.t l’on s’exprime ainsi parce que parmi nous, les choses qu’on voit ont un être propre en dehors du sujet qui voit. »

Ainsi donc, la science de simple intelligence a pour objet les possibles qui n’ont pas d’autre être que celui qu’ils possèdent dans l’essence divine, miroir universel où sont contenues toutes les intelligibilités. La science de vision a pour objet les êtres réels, soit ayant existé, soit devant exister, soit actuellement existants, et ce, dans le domaine des êtres nécessaires comme dans celui des déterminations libres.

5. Science moyenne.

La conciliation de la prescience divine avec la liberté des déterminations des créatures intelligentes a amené Molina à distinguer dans la science de simple intelligence, une science dite moyenne, qui a pour objet les choses qui ne sont pas. mais qui seraient si telle condition était vérifiée. A ce I fait contingent qui serait si… on a donné le nom de fulurible. Le futurible est ainsi quelque chose de plus que le simple possible, mais quelque chose de moins qu’un être réel. Qu’il y ait de ces événements futuribles, c’est indiscutable. Cf. Matth., XI, 21. Que Dieu les connaisse, c’est chose certaine. La sainte Écriture, on l’a vii, l’affirme explicitement. Voir col. 1599. N’est-ce pas sm l’existence d’une telle science en Dieu que nous fondons la meilleure consolation à donner aux parents frappés dans leurs plus chères affections par la mort d’un enfant chéri : « Il est bien raisonnable, disait déjà saint Orégoire de Nysse, que Celui qui connaît l’avenir comme le passé, empêche cet enfant d’arriver à l'âge adulte, de peur qu’il ne commette le mal que, par sa prescience, Dieu sait qu’il aurait commis s’il avait vécu. » De infantibus qui mature abripiunliir, P. G., t. xi.vi, col. 184. Cf. Catéchisme du concile de Trente, part. IV, c. ii, n. 4. Sur ces points l’accord est complet entre théologiens, quel que soit leur sentiment sur l’opportunité du nom de i science moyenne » et sur le rapport de cette science à la science de simple intelligence ou de vision. Voir plus loin. Sur l’histoire de la science moyenne, on consultera, dans un sens qui prétend la faire dériver de saint Thomas, P. Dumont, S..).. Liberté humaine et concours divin. Paris, 1936, p. 76 233, et dans le sens opposé, l’ouvrage classique du P. N. de] Prado, De gratia et libero arbitrio, t. iii, l-'ribourg (Suisse). 1 ! >i>7. p. 1 17 186.

3° Moyen de lu connaissance divine. Nous plaçons encore ce sujet parmi les doctrines théologiques couramment enseignées, bien qu’il comporte déjà, comme ou le verra, certaines adultérations qui en rendent l’enseignement moins consistant, on a dit plus liant.

que toute la science divine se réduit a un acte unique,

intuitif, compréhensif, indépendant îles objets ci

Quand ils parlent du moyen de la connaissance di-