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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/509

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SIMUIT18MK. CONDAMNATION l’Ali I.'KGLISE


précédemment. Ces réincarnations prendront On quand l’esprit sera pleinement purifié. El il arrivera fatalement un moment où la purification parfaite sera obtenue, eela en l’absence d’un vrai repentir. Comment lésâmes pourraient-elles regretter des fautes dont elles n’ont pas conscience ? Quel qu’ail été le passé, toutes les âmes arriveront automatiquement au salut.

Dans les pays anglo-saxons, qui sont la terre d'élection du spiritisme, on n’est guère amateur de réincarnation. On ne se résigne pas à la perspective d'être réincarné dans le corps d’un nègre. Vérité en deçà de l’Atlantique ou de la Manche, erreur au-delà !

Quelques-uns des spirites qui n’admettent pas la réincarnation nous montrent les esprits qui arrivent trop imparfaits au seuil de l’au-delà, condamnés à faire un stage avant d’entrer en possession de leur destinée. Stage qui rappelle notre purgatoire, mais où ne paraît pas ce regret des péchés commis, cette douleur d’avoir offensé Dieu que la foi chrétienne nous dit essentiels au pardon.

On le voit, la religion spirite n’est qu’un déisme vague, un protestantisme rationaliste, sans sève, sans chaleur de vie, où abondent les affirmations et les négations hérétiques, démuni de toute efficacité pour élever les âmes à Dieu. Religion sans esprit religieux, sans amour de Dieu, sans détestation du péché, faite non pour contenter niais pour étouffer l’inquiétude religieuse, en assoupissant le sens des responsabilités et en rassurant contre la crainte des sanctions sévères. Religion sans idéal, sans flamme, sans grandeur, où tout est rapetissé à la mesure d’une humanité très mesquine et très vulgaire.

IV. Le spiritisme et l’Esprit mauvais. — On demandera peut-être : quelle est la part de l’Esprit mauvais dans les manifestations spirites ?

Disons que le spiritisme porte toutes les marques de celui qui a été dit « trompeur dès le commencement ». Il entretient des espérances qu’il ne peut satisfaire, il nourrit des illusions qui restent vaines. Il prodigue des réponses qui se présentent avec assurance, et qui, à l’expérience, apparaissent vides, sans consistance, désespérément banales et finalement mensongères. On y reconnaît aussi les procédés de celui qui, pour se jouer de la crédulité humaine, aime, selon l’expression des auteurs ascétiques, à « se transformer en ange de lumière ». Ses premières démarches sem blent parfois respirer l’amour du vrai et du bien. Il est question de vertu, d’honnêteté, de patience, d’amour filial ; il est parlé de Dieu. Puis, un doute est élevé sur les choses de la religion, lui fin, un dogme chrétien se trouve catégoriquement nié : efficacité de la prière, sacrements, divinité de l'Église et vérité de ses enseignements, surtout éternité des peines de l’enfer. Par la brèche ouverte, c’est la foi au catholicisme qui s'écoule, puis la foi à toute religion révélée, à toute religion. On arrive à un philosophisme nébuleux, à un rationalisme sec, bientôt à l’indifférence religieuse, parfois au désespoir.

Il est certain, par ailleurs, que la plupart des messages que l’on cite sont d’une banalité désespérante. Leur contenu correspond aux réminiscences, plus ou moins conscientes, des consultants et reflète leurs préoccupations plus ou moins a onces. On peut donc admettre que, dans l’immense majorité des cas, ce sont les consultants qui, de bonne toi sans dOUte, se répondent à eux-mêmes. Si la séance est menée parmi médium de profession, on peut le tenir sans témérité pour un charlatan qui exploite la crédulité des assistants. Mais, quelle qu’en soit la forme, le spiritisme selon une expression vulgaire Ici plus particulièrement de mise, fait excellemment le « jeu du diable i.

Le spiritisme jette le trouble dans les cerveaux et les

consciences. Pratiqué avec assiduité el le besoin

comme la passion en naissent vite — il se tourne en obsession.cn idée fixe. Il est vrai de dire des pratiques spirites ce que saint Augustin dit des pratiques magiques, qu’elles ont à leur origine le désir immodéré d’expérimenter et de connaître », Confess., t. X, C. xxxv, et qu’elles exaspèrent ce désir, d’où l’attente fiévreuse, hallucinante du merveilleux. Trop nombreux sont, hélas ! ceux dont ce breuvage empoisonné a égaré la raison. Saura-t-on jamais combien de recrues les pratiques spirites fournissent à la pitoyable clientèle des maisons d’aliénés ? Et les relations que le spiritisme entretient avec l’occultisme ne sont pas pour diminuer ce danger.

Péril d’erreur pour les esprits. On substitue une pseudo-philosophie étroite, mesquine, terre à terre, aux dogmes chrétiens. Péril pour la morale. On énerve la notion de législateur suprême, le sens des responsabilités, le sens des sanctions futures. Péril souvent direct de corruption pour les mœurs. Dans les séances publiques ou privées, des badinages scabreux, des plaisanteries de mauvais goût, de grossières obscénités se sont mêlés, dès le début, aux réponses sur l’autre monde.

Tout cela ne fait-il pas merveilleusement « les affaires du Mauvais ? Qu’a-t-il besoin d’intervenirdirectement ? Il l’a fait sans doute avec plus de fréquence aux origines du mouvement. Il peut le faire encore, quand il le juge à propos, pour entretenir les illusions, amorcer les curiosités, donner aux séances le piquant d’un préternaturel toujours escompté. Le plus souvent, croyons-nous, il se contentera d’entretenir les désirs pour les tromper, de jeter dans les esprits le désarroi et le doute, de les détacher des réalités et des vérités sacrées pour les livrer aux chimères. Par là même n’exerce-t-il pas son empire sur les âmes, les détournant de Dieu et de son Christ ?

V. L'Églisb catholique et le spiritisme. — Les enseignements spirites contraires au dogme ou à la morale catholiques tombent évidemment sous les condamnations de l'Église, L'Église ne peut que les maintenir sans avoir besoin de le spécifier à nouveau. La question qui se pose est celle-ci : quelle est l’attitude de l'Église en face du spiritisme considéré comme évocation des esprits, indépendamment de renseignement donné?

L'Église a traduit sa pensée dans un certain nombre de documents, qui sont surtout des réponses faites par l’autorité ecclésiastique à des questions proposées. Réponses prudentes et réservées sur certains cas, formelles et décisives sur d’autres. D’ordinaire, il y est parlé à la fois du magnétisme, de l’hypnotisme et du spiritisme. C’est que non seulement les questions posées portaient sur le magnétisme et l’hypnotisme autant que sur le spiritisme, niais l’examen d’une de ces pratiques conduit, par une voie naturelle, à envisager aussi les autres. Par exemple, le mouvement des tables tournantes ne serait-il pas l’effet d’un fluide magnétique ? Certaines connaissances et certains états du médium ne relèvent-ils pas de l’hypnotisme ? Ces documents ne condamnent pas le magnétisme et l’hypnotisme en soi : ils en condamnent l’abus. Sont repu tées abus la recherche de fins criminelles OU immorales, la prétention d’obtenir par des moyens naturels des lins d’ordre vraiment préternaturel. Le spiritisme proprement dit comporte l'évocation des esprits : pareille évocation est toujours répudiée comme entachée de superstition et de divination.

Cette condamnation est formulée solennellement

dans une lettre adressée, le I août 1856, par le tribunal

de l’Inquisition romaine, aux évêques du monde catholique contre les abus du magnétisme. La lettre rappelle d’abord quelques actes antérieurs : Réponse

particulière du 21 avril l.sn, condamnant l’usage