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SPIP II I 1.1. S. LE NOM


231-233, 579 et même chez libertin de Casale au début du xiv siècle, Arbor Dite, iii, I. qui en, parlant de oiri

spirituales dans le même sens, appelle le Christ spiritualissimum virum. Nous verrons cependant qu’Ubertin emploie le mot le plus souvent dans un sens plus restreint. Olieu (Olivi) dans une lettre, écrite en 12e. »."), à Fr. Conrad d’Offlda (Archio. franc, hist., t. xi, 1918, p. 372), parle de professeurs spirituels de la règle, des hommes spirituels, et il entend par là des frères mineurs zélés, mais unis au reste de l’ordre.

Le terme spirituel pur et simple et comme substantif, pour désigner des membres du parti rigoriste de l’ordre, ne se rencontre pas chez les auteurs du parti en question. Quelle est donc l’origine de cette dénomination ? Différentes solutions ont été proposées. Déjà dans l’antiquité chrétienne il y axait des spirituels ou pneumatiques, nom que s’attribuaient les montanisles. pour qui les catholiques étaient des somatiques (corporels) ou des psychiques. Frappé sans doute par l’identité du nom, D. Saville Muzzey, Journal of theology, t.xii, 1908, p. 392-421, 588-608, s’est demandé si les spirituels franciscains n'étaient pas, par hasard, des montanistes attardés. Après une comparaison des deux mouvements, il concluait que, malgré certains rapprochements possibles entre les deux rigorismes, il y avait divergence de but et de méthode. K. lialthasar, Geschichle des Arrnutsstreites im Franziskanerorden, Munster-en-W., 1911, p. 115, a. 0, et, comme il semble, E. Benz, Ecclesia spiritualis, Stuttgart, 1934, p. 1 19, 132, pensent pouvoir dériver le nom du système de Joachim de Flore, où les viri spirituelles sont les apôtres de l'Évangile éternel dans le vr étal du monde et à l'époque du Saint-Esprit. Et vraiment il y a un certain nombre de textes dans Y Arbor oite d’Ubertin de Casale, notamment v, 8-12, qui semblent justifier cette hypothèse. Mais il faut se rappeler que V Arbor Dite a été écrit en 1305, donc longtemps après l’origine des spirituels. Une autre explication du nom de spirituels se rattache au texte de la règle, ex, où il est dit que les frères qui ne pourront pas observer la règle « spirituellement », doivent recourir à leurs ministres qui seront obligés d’y pourvoir ; et selon Ange de Clareno, Expositio regulw, éd. Oliger, p. 205, la rédaction primitive de saint François disait expressément que, si les ministres n’y pourvoyaient pas, les frères seraient libres d’aller où bon leur semblerait pour observer littéralement > la règle ; et cela fut précisément pratiqué par beaucoup de spirituels. Enfin, L. Fumi, Bollettino délia R. deputazione di sloria patria per l’Umbria, t. v, 1899. p. 264, a cru découvrir l’origine du nom de spirituels dans la secte de" l’esprit de li lier lé >, parce qu’un certain Paul Zoppo, fraticelle, qui avait suivi les pratiques immorales de la dite secte, en 1334, se disait i spirituel » ; d’où, conclut Fumi, il est évident que s’appeler spirituel, est la même chose que d'être de la secte de l’esprit de liberté. C’est une affirmation qui certainement porte à faux.

Si quelques-unes des hypothèses susdites peuvent avoir une certaine vraisemblance, nous axons des témoignages explicites et contemporains qui nous renseignent surla eritable origine do nom ; celui ci est dû

au peuple du midi de la France, .ban de Saint Victor atteste que les frères dissidents et, lient appelés par quelques uns sarabaltes et excommuniés, tandis que le peuple leur donna le nom de.spirituels ». Haluze, Vite paparum Aoenionensium, éd. * Mollat, l. t,

Taris, 191 I, p. 20. La même chose découle du procès

de Bertrand « le La Tour contre les spirituels d’Aqul

laine. OÙ l’on accuse ceux ci de se faire appeler spi

rituels par le peuple, Archio. franc, hist., t. xvi, 1923, p. 339, accusation qu’ils repoussent, en disant qu’ils ne veulent d’autre nom que celui de frères mineurs, imposé par saint François : Archio fur Literatur und

Kirchengeschichte, que dans la suite nous citerons simplement Archio, t. iv, p. 52. Les béguins, dont on parlera plus loin, dans les procès de l’Inquisition, vers 1320, appellent les zélateurs de la règle frères mineurs dits spirituels ». Ces trois textes, jusqu’ici trop négligés, nous fournissent les premiers exemples de l’emploi du mot spirituels tout court dans sa signification spécifique et historique et nous disent en même temps que ce nom a été d’abord le nom populaire dans le midi de la France, au début du xiv siècle.

2° Signification concrète. Si les auteurs ne sont

pas d’accord sur la provenance du nom, ils ne le sont pas plus sur sa signification réelle, en d’autres ternies, sur les buis et les tendances qui formaient le fond du mouvement des spirituels. Pour IL Holzapfel, Manuale, p. 48, la pauvreté que les spirituels prétendaient observer et défendre, n'était qu’un prétexte, l’essentiel étant le joacbiinisnie. 1 ".. lienz va encore plus loin : il veut découvrir dans ce mouvement des spirituels franciscains une nouvelle théorie de salut, une mission messianique dans une Église spirituelle, conçue d’après les idées joachimiles et en opposition à l'Église charnelle, officielle. Tout cela se trouverait même chez saint François. On peu ! facilement démontrer que, dans le saint d’Assise, il ne se trouve pas trace de joachimisme et encore moins un nouveau messianisme. Voir Archit). franc, hist.. t. xxix, 1930, p. 242251. Le joachimisme n’a été greffé sur la doctrine des spirituels que plus tard, et ne peut en être l’essence.

Lue Américaine, V. Dut ton Sembler. The Franciscan Adoenture, Londres-Toronto-NewYork, 1931, a voulu reconnaître les théories des socialistes dans le mouvement des spirituels, en tant que ceux ci repoussaient la propriété. Mais ici encore il faut observer que les spirituels, en rejetant la propriété, le faisaient pour eux et pour l’ordre franciscain et non pas pour l’Eglise el beaucoup moins pour la société en général.

Toutes ces opinions sont, ou fausses ou au moins unilatérales, en tant qu’elles ne relèvent qu’un détail : le vrai spiritualisme est beaucoup plus complexe et on ne peut le définir d’un mot, ni appliquer sans plus les attitudes ou attributs d’un groupe à un autre. Le mouvement des spirituels franciscains, comme l’a bien décrit E. Jordan, n’est pas une doctrine à contours arrêtés qui puisse se résumer en une formule, (/est un ensemble de tendances, de sentiments et d’opinions parfois réunis, parfois séparés, et plus ou moins marques, en sorte que le parti spirituel comprend bien des nuances. Le spirituel complet est d’abord un homme qui rejette ou ignore toutes les décisions pontificales sur la règle franciscaine, depuis et y compris la bulle Quo elongati de Grégoire IX (1230). Il fait profession d'être scrupuleusement fidèle a la pensée de saint François et de ses premiers disciples, c’est à dire d’observer la règle dans sa lettre et dans son esprit, sans atténuation ni glose, et de reconnaître l’autorité du testament de saint François déclaré non obligatoire par Grégoire IX. Il est donc très intransigeant sur la

pauvreté théorique et pratique, très ennemi des lielions légales, très sévère dans l’usus aretus. Comme François et ses premiers disciples, il éprouve souvent l’alliait de la vie éréniilique, il préfère la solitude de quelque montagne aux grands couvents des villes. Il serait presque enclin a l’aire passer la contemplation el son propre perfectionnement axant l’apostolat des niasses. Ange de Clareno dit expressément « pie la ie éréniilique est la perfection de la x ie cénohitique el pour ainsi dire son but. Archio, t. II, p. 1 1 1. Le spirituel franciscain se défie des études pour la raison tort simple qu’elles oui été souvent un dangereux prétexte au relâchement dans l’ordre. Paris a détruit Assise »

est un mol bien connu île.lacopone de l’odi. Cant., 31.

i n in on trou xe, a des degrés divers et en des temps diffé-