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STAPF (AMBHOISE) — STAPHYLUS (FRÉDÉRIC)


3 vol., 1848-1850, et dont un Epitome en latin a paru, 2 vol., 1832 ; 4 « éd.. 1863-1865. Cet abrégé avait été introduit officiellement dans les séminaires d’Autriche.

Wurzbach, Biographisches Lexikon des Katserthuira Œslernicli, t. xxxvii, p. il 1 ; I lui loi, Nomenelator, 3° éd., t. v ii, col. 1379 ; Lexikon fur Théologie und Kirche, t. ix, col. 77 : ï.

É. Amann.
    1. STAPHYLUS Frédéric##


STAPHYLUS Frédéric, théologien protestant passé au catholicisme et qui joua un certain rôle dans la contre-réforme (1512-15(11). — Né à (Knahruck le 27 août 1512, Frédéric Stapellage, qui, selon la mode

du temps, donner. i a son nom un accoutrement grécolatin, en si' nommant Staphylus, subit dès l’enfance les influences les plus variées. Orphelin de bonne heure, il avait été élevé a Dantzig, d’où il passa à Kovno, a YVilna, à Cracovie. C’est dans cette dernière ville qu’il se lia avec son compatriote Jean Hodtfilter, lequel devait entrer plus tard au service du cardinal Campeggio et faire son chemin à la Curie. Hodtfilter attira en Italie Staphylus, lequel étudia deux ans, à Padoue, la philosophie et la théologie. Mais, dès 1533, il était de retour a Dantzig, d’où, en 1536, il partait pour Wittenberg, où il devait demeurer dix ans. Dans cette citadelle de la Réforme, il est en relation assez étroites avec Mélanchthon, qui l’apprécie comme humaniste et l’encourage a des travaux littéraires, en particulier à une traduction de Diodore de Sicile. Au fait, c’est la faculté des arts plus que celle de théologie que fréquente Staphylus. Cela ne veut pas dire qu’il se désintéresse des questions religieuses. Une Disputatio de justifteationis articulo, de cette date, montre qu’il est inféodé aux idées luthériennes. Mais, dès ce moment aussi, il se îend compte des impasses où le libre examen engage les réformateurs, des luttes doctrinales qui commencent à éclater entre eux, de l’absence chez eux d’une autorité enseignante, capable de mettre fin aux divergences de vue. Pour lui, il envisage déjà dans le consensus primitivse aposloliav et catholicse Ecctesiæ la nonne qui permettrait de rallier tous les esprits.

C’est ce qui éclate dans la manière dont il répond aux offres que lui fait le duc Albert de Prusse de venir à Kœnigsberg professer la théologie à l’université qui vient de s’y fonder en 1541. Staphylus ne s’engage d’abord que pour un an : que si, dans le pays, des erreurs se glissaient en choses religieuses, qui fussent contre l'Écriture ou l’accord de l'Église primitive, apostolique et catholique et auxquelles le duc ne voudrait pas s’opposer, il se trouverait lui-même délié de ses engagements.

La précaution n'était pas inutile. On commençait à parleret certainement Staphylus en avait eu vent — d’un Hollandais, Guillaume (Inaplneus, que le duc Albert avait mis à la tête d’une des écoles de Kunigsberg et qui donnait plus ou moins ouvertement dans les erreurs des anabaptistes. Dès l’arrivée de Staphylus a Kœnigsberg, la lutte commença entre les deux hommes ; malgré l’appui qu’il aurait dû recevoir d’Albert l, r, Gnaphseus, frappé de sentence ecclésiastique, dut quitter l’université et la ville et rentrer dans la Frise orientale sa pairie quin 1517). Trois mois plus lard, Staphylus devenait le premier recteur élu de l’université ; mais, dés l’automne de 1548, il cessait ses leçons de théologie ; peu ! être se rendait-il déjà compte de l’impossibilité de fonder sur les principes protestants une théologie de quelque solidité. Il ne laissa pas néanmoins de demeurer aux ordres « lu souverain. L’arrivée d’Osiander au printemps de 1549 n'était pas faite pour le retenir à Kœnigsberg ; Staphj lus m à ce protestant radical une opposition acharnée et chercha

a se dégager du service d’Albert de Prusse. Ballotté

pendant quelque temps entre Kœnigsberg et Brestau, OÙ il s VI ait marié en 1549, il Hnil par obtenir sa liberté. i n aoûl 1551 il est a Dantzig où il écrit le livre Inti

tulé : Synodus sanctorum patrmn antiquorum contra nova dogmata Andreæ Osiandri, Nuremberg, 1553. Là s’exprime au mieux l’idée essentielle de Staphylus : la nécessité de l’accord avec la tradition constante de l'Église, l’impossibilité de s’en remettre purement et simplement a l'Écriture. Staphylus est déjà très loin de l'évangélisme et de la perspicuitas Scripturæ sacra- : seule l'Église est qualifiée pour donner des Livres saints une interprétation authentique.

De telles dispositions d’esprit ne pouvaient que pousser Staphylus à rentrer dans l'Église romaine. Au cours d’une grave maladie qu’il fit à Brestau à la fin de 1552, il reçut la sainte communion suivant le rite romain, après avoir renoncé aux erreurs protestantes. A Xeisse, résidence de l’archevêque de Brestau, où il se retire d’abord, il est mis par celui-ci à la tête d’une école. Il ne tarde pas à entrer en rapports avec saint Pierre Canisius, à qui il dédie, en 1555, une traduction latine des Sentences de Marc l’Ermite. Dans la préface il souligne que, selon le vieil auteur, la justification ne s’obtient pas seulement par la foi, qu’il y faut la charité, tout comme l’espérance, que, dans les actes méritoires de l’homme, il y a collaboration de la grâce divine et de l’effort personnel.

Cependant Staphylus avait été remarqué par la chancellerie impériale ; en 1554 il était nommé par Ferdinand I er conseiller aulique et, au colloque de Worms, 1557, il représenta les catholiques, y discutant avec les chefs du protestantisme, tout spécialement avec Mélanchthon, son ancien protecteur. On sait que ce colloque aboutit surtout à mettre en évidence les dissensions des protestants. Staphylus en triompha et rédigea, l’année suivante, sa Théologies Martini Lullieri trimembris epitome qu’il faut compléter par le compte rendu du colloque : Scriptum colloquenlium Augustanse conjessionis cum oppositis annotationibus et Historia et apologia… de dissolutione colloquii nuper Wormatiæ inslituti. Le premier de ces écrits était dur à l’endroit de Luther ; faisant état des déchirements qui se marquaient de plus en plus entre protestants, il mettait le doigt sur leur cause essentielle, l’absence de toute norme objective de la croyance. Anabaptistes et sacramentaires, contre qui Luther s'était élevé avec tant de véhémence, étaient aussi autorisés que les « confessionistes » (partisans de la Confession d’Augsbourg), avec toutes leurs différenccs plus ou moins radicales, à se dire les authentiques interprètes de l'Écriture. Aux multiples réponses qui partirent du cédé protestant, Staphylus répliqua par une Defensio pro trimembri theologia, datée d’Augsbourg, 15 mai 1559, et parue à Neisse en 1500.

En rapports désormais avec les principaux artisans de la contre-réforme, avec Canisius qui travaillait pour lors à la restauration catholique en Autriche et en Bavière, avec Hosius, avec l’archevêque de Salzbourg, avec le cardinal d’Augsbourg, Staphylus secondait de tout son pouvoir la politique du duc Albert Y de Bavière. Sur un désir qu’avait exprimé Canisius, il fut appelé par ce dernier comme professeur à l’université d’Ingolsladl, où il ne devait pas seulement enseigner les humanités et l’histoire, niais encore les sciences sacrées. Au fait, il avait obtenu de Rome, en mai 1559, en dépit de sa situation de laïque marié, le grade de docteur en théologie. Arrivé à [ngolstadt en mai 1560, il était, dès le début de l’année suivante, nommé cura leur de l’université, qu’il orientait dans le sens de la réaction catholique, lai même temps il se préoccupait du succès des réformes ecclésiastiques que l’empereur Ferdinand l, r s’efforçail de réaliser dans ses États héréditaires. Telle est la pensée qui Inspire un mémoire De instauranda religione in twehiducatu Austriæ que l’on a toides raisons de lui attribuer.

C'était le moment où Pie IV se préoccupai ! de re-