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STAPHYLUS (FREDERIC)

STAPLETON THOMAS)

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prendre et de mener à terme les travaux du concile de Trente. Staphylus fut officiellement prié de rédiger

un avis sur les reformes à réaliser dans l'Église. Il s’acquitta de cette mission dans un mémoire a Pie IV, qu’il compléta en y annexant l’avis de la commission

pour la reforme des monastères, Consilium de ernentltiihlis monasteriis, qui ne s’est pas conservé, et aussi le mémoire ei-dessus. Il y mettait en garde contre l’emploi prématuré de la forée, recommandait quelques mesures propres à amener l’apaisement des esprits, entre autres la concession du calice aux laïques et du mariage aux prêtres : il insistait sur une meilleure formation du clergé, une rédaction plus soignée des livres d’enseignement. Saluant avec joie la réunion du concile, il insistait, dans son avis à Pie IV, sur la nécessité d’agir vite. Mais, en même temps que le concile poursuivrait ses travaux, il convenait de négocier avec les protestants pour les amener à prendre part à un concile vraiment général et libre. Il faudrait s’entendre d’abord entre les deux partis sur la reconnaissance du texte biblique, et Staphylus signalait l’avantage qu’il y aurait à publier au plus vite le texte grec de la Bible que donnait le Valicanus. four ce qui concernait les discussions, il conviendrait, du côté romain, de faire moins appel à la viva vox Sedis apostolicæ qu'à des preuves plus positives et appuyées sur la tradition. Knfin il y aurait à faire état des divisions entre protestants ; il ne serait pas très malaisé d’amener un accord entre tel théologien luthérien et tel catholique contre les zwingliens. A bien des reprises Luther, dans sa lutte contre Zwingle, Œcolampade, les anabaptistes, n'était-il pas parti de « l’interprétation catholique de l'Écriture ? Était-il impossible d’amener les plus modères d’entre les protestants à reconnaître le catholicus Scriplune sacne intellectus comme la norme à laquelle devrait se rapporter le concile ?

Ces vues intéressantes exprimées par Staphylus le désignaient pour avoir au concile une mission officielle. Ferdinand voulait l’y envoyer comme conseiller de ses « orateurs ». Staphylus s’y refusa avec énergie : il n’irait à Trente que si les protestants devaient eux-mêmes s’y rendre ; il se tenait du reste à la disposition de l’empereur pour négocier avec ceux-ci. Il ne se refusa pas, d’ailleurs, à rédiger le mémoire que le souverain voulait envoyer au concile : Consulialio imperatoris Ferdinandi 1 jussu instituta de urticulis reformationis in concilio Tridentino proponendis.

Mais au cours de 1563, où le concile s’achevait, Staphylus tombait gravement malade à Inspruck, où il avait passé la plus grande partie de l’année avec l’empereur. Il se remit néanmoins ; mais une rechute l’emporta le 5 mars 1564. Son testament spirituel, si l’on peut dire, fut publié l’année suivante par son secrétaire : Vom lelzlen und grossen Abfall, so vor der Zukunjl des Antichrist geschehen soll (De la grande apostasie qui doit se produire avant la venue de l' Antéchrist), Ingolstadt, 1565. Cette grande apostasie, c’est évidemment le luthéranisme ; et Staphylus, dans toute cette œuvre, reste fidèle au principe qui l’avait ramené au catholicisme : la nécessité d’un magistère vivant, fort des traditions du passé, si l’on veut prévenir l'émiettement dogmatique dont le protestantisme donne le spectacle. C’est a ce point de vue que l'œuvre et la personne de Staphylus ont conservé un réel intérêt.

oeuvres de Staphylus ont été rassemblées par son Bis I r ; -.l rk Iritenci Slaplu/li. Cstsarei quondam consiliurii in causa religionis, sparsim edltl libelli In unum uolumen digesti, intoi., Ingolstadt, 1613. Quelques textes dans J.-G. Scliclhorn, Amœnitales hUtorim ecrlesinsticie, Leipzig, 17.17,

17., H, entre antres la Detiberatto de Instaaranda religione

in archiflucatu Austriæ, t. i, |>. (ilo-(, 7H et la ConiullaUo imp. Ferdinandi, ibid., p. 501-575, que l’on touvera ; mssi dans

.J. Le Plat, Monum. ad liist. conc. Trident, illustrandam, t. v, p. 232-259 ; dans J.-G. Schelhorn, Ergôtzlichkeiten, t. ii, p. 136 sq., 337 s<|., 469 sq., le texte du Itathschlag an Pius IV. ; cf. Th. Sickel, Reformationslibel Ferdinands I. von 1562, dans Archiv /<ir osterreich. Geschichte, t. i v, 1871, p. 21 sq.

Il y a une Vie de Staphylus en tête des Œuvres ; voir aussi l’art, de N. Paulus dans Kirchenlexikon, t. xi.col. 730 sq., el l’excellente monographie de I*. Tschackert, dans la I’rotest. Recdencgclop&die, qui donnera une bibliographie plus complète.

É. Amann.
    1. STAPLETON Thomas##


STAPLETON Thomas, théologien, historien et controversiste anglais (1535-1598). — Thomas Sta piéton naquit à Henfield (Sussex), en 1535, au sein d’une noble famille du Yorkshire ; il fit d’abord ses éludes à Caritorbéry, puis à Winchester et les cou ronna à Oxford, en 1556, par la maîtrise es arts. Devenu professeur à Oxford et chanoine de Winchester, Stapleton dut fuir son pays au début de la persécution d’Elisabeth ; il se réfugia d’abord à Louvain où il étudia la théologie, puis il se rendit à Paris et à Rome. Rappelé en Angleterre, il refusa de prêter le serment d’allégeance et pour ce motif fut destitué de son canonicat ; il revint alors à Louvain où il fut reçu docteur en théologie (1571). C’est à cette époque que le futur cardinal Allen établit les fondements du célèbre Collège anglais de Douai ; il y appela dès les débuts son ami Stapleton ; celui-ci devait être recteur de l'établissement de 1574 à 1578. A cette date Stapleton quitta sa charge pour entrer dans la Compagnie de Jésus, à Rome, mais il n’y resta pas longtemps ; on le retrouve bientôt à Louvain où il est nommé, quelques années plus tard, à la chaire royale de théologie, en remplacement de Baïus (1590). Recteur de l’université de Louvain en 1595, Stapleton fut appelé à Rome par le pape Clément VIII — qui avait, disait-on, l’intention de le créer cardinal — à la fin de l’année 1597 ; mais la santé de Stapleton ne lui permit pas d’entreprendre le voyage, il mourut en effet quelques mois plus tard après une longue et douloureuse maladie, le 3 ou le 12 octobre 1598.

Œuvres. — Stapleton a laissé de nombreux écrits qui sont loin de présenter tous un intérêt égal ; nous citons ici ceux qui méritent d'être retenus : Anlidota apostolica contra noslri temporis hæreses, Anvers, 15951598, 3 vol. in-fol. ; Lyon, mêmes dates, in-8° ; Principiorum fidei doctrinalium relectio scholastica et compendiana per controversias, quæstiones et articulos trudila. Accessit per modum appendicis triplicatio inchoata aduersus Gulielmum Whilakerum anglo-calvinistam, pro authoritale Ecclesise, Anvers, 1596, in-4° ; Universa juslificationis doctrina hodie controversa…, Paris, 1582, in-fol. ; Prompluarium morale super evangelia dominicalia lotius anni, ouvrage qui eut un très gros succès et dont on connaît de nombreuses éditions : Lyon, 1596, in-8° ; Mayence, 1610, 2 vol. in-8° ; Paris, 1627, 2 vol. in-8° ; Lyon, 1652, 2 vol. in-8°, etc. ; Authorilatis ecclesiaslicx circa S. Scriplurarum approbationem adeoque in universum luculenta et aeewata dejensio libris III digesta, Anvers, 1592, in-8° ; An polilici horum temporum in numéro christianorum siid habendi ; oralio academica, Munich, 1602, in-12, et 1608 ; Manuale peccalorum, sioe de vu peccatis capi talibus orationes catechetiesexii, Lyon, 1599, in 8° ; Apologia pro rege catholico Plulippo II contra varias et falsas accusutiones Elisabethaz reginse… authore Didijmo veridico Henfddano [Thomas de Henfield], Constance, 15'.'?, in-16 ; Très Thomæ, sive de saneti Thomæ aposloli i/rslis, de sancti Tlwmæ Canlorb., de Thomæ Mori… pila, etc., Cologne, 1612, in-12 ; la vie de Thomas Mona été traduite en français par Audin cl.Martin sous h ; titre Histoire de Thomas More, Liège, 1819. Les œuvres de Stapleton ont été réunies dans