Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/556

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1613

STETZING (KILIAN)

J01 i

sarium, licet sit possibile, ibidem. Il termina toutefois cette Tabula a Erfurt, où il continua ses études de. théologie à l’université. On l’y trouve Immatriculé en 1433. Voir II. Weissenborn, Acten der Erfurter L’niversitùt, dans Geschichtsquellen der Provinz Sachsen, t. vin. 1** partie, Halle. 1881, p. 158 ;  !.. Meier, Studien zur Franziskanertheologie an der i’niversitàten Leipzig und Erfurt, dans Franzisk. Studien, t. xx, 1933, p. 267-268. C’est très probablement à l’université d’Erfurt qu’il commenta pendant deux années les Sentences, à savoir, en 1430-1131 : les 1. I et II et, en 1431-1432. les 1. III et IV. Voir I.. Meier. Lebensgang und Lebenswerk des Erfurter Franziskanertheulogen Kilianus Stetzing. dans Franzisk. Studien, t. XXIII, 1936, p. 197-198. Il y fut promu bachelier en théologie, mais il ne paraît pas avoir poussé ses études jusqu’au doctorat. La dernière donnée biographique que nous possédions jusqu’ici sur lui est qu’il fut immatriculé a l’université d’Erfurt en 1433. Après quoi son nom disparaît de l’histoire.

Outre la Tabula super Metaphijsicam Anlonii Andreæ. K. Stetzing composa un commentaire sur les quatre livres des Sentences, dont les 1. III et IV ont seuls été retrouvés. Il ne peut toutefois exister de doute qu’il ait commenté également les 1. I et II, puisqu’il y renvoie dans les 1. III et IV ; cf. I.. Meier, art. cit., p. 266-267 et De schola franciscana Erjordiensi sseculi xv, dans Antonianum, t. v, 1930, p. 82. Le 1. III est conservé dans le ms. Th. 81, fol. 227 r°-289 v°, de la bibl. publique de Bamberg et le ms. I. F. 186, fol. 1 r°-77 r°, de la bibl. de l’université de Brestau. Il débute : Cum venit pleniludo temporis. Hic incipil lertius liber Sententiarum, in quo Magister tractât de Christo, secundum quod humanam naturam assumpsil, et finit : Hœc itaque est lex vitæ et disciplinas, Is.. 4ô, quam qui custodit legem beatus est hic in spe et in palria in re. Amen. Le 1. IV est contenu dans les mss. lat. 563 (theol. lat. Fol. 174), fol. 3 r°-135 v », et lat. 572 (theol. lat. Fol. 97), M. 173r°-335 v°, de la bibliothèque d'État de Berlin ; le ms. 1. F. 186, fol. 78 r°-166 r°, de la bibl. de l’université de Brestau ; le ms. 50, fol. 277 r°-393 r°, de la bibl. munie, de Magdebourg ; le ms. lat. 8946, fol. 1 r°-403 r°, de la bibl. de l'État à Munich. Pour la description détaillée de ces mss. et de celui de la Tabula in Meiaphusicam Antonii Andreæ, voir L. Meier, art. cit., des Franzisk. Studien, t. xxiii, 1936, p. 177-194. L. Meier a édité la dist. III du 1. III : Caro assumenda a Verbo fuit obnoxia peccato a quo sicut et Yirgo hanc minislrans fuit purgata sicque munda Verbo juil unita, art. cit. de V Antonianum, t. v, 1930, p. 84-94 ; V. Bose a publié une question sur les indulgences de la dist. XLV du 1. IV dans Verzeichnis der laleinischen Handschriflen der kônigl. Bibliothek Berlin, Berlin, 1901-1905, t. ii, p. 505-511. Il faut très probablement identifier le Kilianus, O. M., à qui des Quæstiones theologico-morales sont attribuées dans le ms. lat. 4U<)4, de la bibl. nationale de Vienne avec notre Kilian. Voir L. Meier. art. cit. de l' Anton., t. v, 1930, p. 474.

Le procédé suivi dans le commentaire du texte des Sentences de Pierre Lombard est très méthodique et présente une unité remarquable, qui permet de saisir sans difficulté chaque distinction dans tout son contenu. A un bref aperçu sur le texte du Lombard suit pour chaque distinction une sententia conclusiva ou une conclusio, qui est divisée en plusieurs articles. Dans la conclusio on trouve l'énoncé de la thèse admise par K. Stetzing, qu’il prouve ensuite dans divers articles. Les conclusions de toutes les distinctions des I. III et IV ont été éditées par L. Meier, art. cit. des Franzisk. Studien, t. xxiii, 1936, p. 268-277, de sorte que par cette publication on peut avoir un aperçu général de la doctrine de K. Stetzing sur l’incarnation, la ré demption, les vertus, les préceptes de Dieu, les sacrements en général et en particulier les fins de l’homme. Quant à la manière de procéder dans la démonstration des thèses ou des conclusiones, il est a remarquer que K. Stetzing divise les articles en opiniones. Dans la première opinio il expose la pensée opposée à la sienne, apporte en sa faveur les auctorilates et les rationes et réfute les arguments allégués. Dans la seconde opinio, il énonce sa thèse, cju’il divise le cas échéant en plusieurs propositions, appelées dicta, qui sont prouvées successivement par des auctorilates et des rationes. K. Stetzing a introduit aussi le droit canon et la casuistique dans sa théologie, principalement dans son traité des sacrements, où à chaque distinction il a ajouté des casus, pour élucider la doctrine morale et juridique. Quant aux sources dont il dépend, K. Stetzing confesse lui-même qu’il a suivi en général les enseignements des docteurs franciscains, surtout de Duns Scot dans les spéculations et de saint Bonaventure dans la théologie positive ou pratique, de sorte qu'à la spéculation de Duns Scot il joint l’onction et la componction de saint Bonaventure. Il affirme, en outre, que, s’il ne cite pas littéralement les textes de ces docteurs ou de leurs disciples, il a cependant toujours suivi leurs doctrines ou du moins embrassé les thèses de l’un ou de l’autre, dans le cas où ils ne s’accordaient pas entre eux. Ce texte caractéristique se trouvera dans L. Meier, art. cit. des Franzisk. Studien, t. xxiii, 1936, p. 277-278. K. Stetzing se révèle surtout un fidèle disciple de Duns Scot. Son scotisme n’est pourtant pas si exclusif qu’il ne laisse de place aux doctrines d’autres scolastiques, comme saint Bonaventure, saint Thomas d’Aquin, Bichard de Mediavilla, Pierre de Tarentaise, etc., dont les thèses sont alléguées très souvent et même suivies par notre auteur ou du moins jugées conformes à celles de Duns Scot. Les théories occamistes toutefois y font complètement défaut et cette constatation confirme la thèse selon laquelle le nominalisme occamiste fut relégué au cours du xve siècle à l’arrière-plan et banni peu à peu des écoles. Une autre constatation intéressante est que K. Stetzing, qui rejette complètement le nominalisme pour adhérer au réalisme de Duns Scot, se compte parmi ceux qui adhèrent à la via moderna, de sorte que la via moderna, par opposition à la via antiqua du réalisme, ne désigne pas seulement le nominalisme occamiste, comme on l’a cru généralement jusqu’ici, mais aussi le réalisme scotiste et même peutêtre thomiste. D’où il suit qu’il faut donner aux termes via antiqua et via moderna une signification plutôt méthodique que compréhensive.

La théologie de K. Stetzing ne se caractérise cependant pas seulement par la spéculation scotiste, mais aussi par la contemplation bonaventurienne et elle ne tend pas seulement à enrichir l’intelligence de nouvelles connaissances mais aussi à enflammer la volonté d’un amour toujours plus élevé pour Dieu. Cette application à nourrir non seulement la vie intellectuelle, mais aussi la vie intérieure par la théologie se fait jour presque dans chaque distinction du commentaire de K. Stetzing ; c’est surtout à ce point de vue que cet auteur se rapproche beaucoup de saint Bonaventure, de sorte qu’on pourrait l’appeler le VÎT contemplalivus de l'école franciscaine d’Erfurt.

L. Meier, De schola franciscana Erjordiensi seeculi XV, dans Antonianum, t. v, 1930, p. 81-94, 157, 161, 163, 166, 173, 187-188, 333, 336, 356, 446-448, 450, 15$1-$258, 466-467, 470, 472, 474 ; le même, Die Erforschung der miltelalterliclien deutschen l’ranziskancrscholastik, dans Franzisk. Studien, I. xviii, 1931, p. 128, 143-144 ; le même, Die Lclirc vom Primai in der deutschen Franziskanertheologie des ausgehend<n Miltelalters, ibid., t. xix, 1932, p. 278-279, 2M7-2N.S ; le même, Lebensgang und Lebenswerk des Erfurter Franziskanertheologen Kilianus Stetzing, ibid., t. xxiii, 1936, >. 175200, 265-295, où l’on trouvera une bibliographie plus ample ;