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STOZ (M ATT II II I — STROSSMAYK H fJ.-G.)


des docteurs les autorisant, de leur plus grande bénignité », qui importe tant au salut dos âmes, par

exemple, t. I, p. I, a. 86… Parmi les pages les plus originales de ce manuel pénitentiel, on doit signaler l’exposé ample et particulièrement soigné de la doctrine du secret confessionnel. L. II, q. iv, c. v, n. 183330. Dans cet exposé, œuvre du P. Jean Stoz. l’obligation du secret est présentée d’une manière très précise, avec distinction beaucoup plus nette que chez la plupart des contemporains, du secret proprement dit et de la connaissance (notitia) acquise en confession, c’est déjà la doctrine qu'établira définitivement notre Code de droit canon ; cinq manières, admises par les docteurs du temps, de couvrir le secret de la confession devant une interrogation directe sont énumérées et une difficulté « singulière » proposée par Gobât et qui l’avait toute sa vie préoccupé, est étudiée sous toutes ses [aces ; ce casuiste alors célèbre se demandait comment l'Église pourrait poursuivre et condamner un confesseur prévenu d’avoir violé le secret de la confession sans porter elle-même atteinte au secret : il ne voyait de solution que dans la permission du pénitent intéressé ; le P. Jean Stoz croit la distinction des fors intérieur et extérieur suffisante à assurer l’exercice de la justice ecclésiastique.

Sommervogel. Dibl. de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 16021604 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 304 et 520521 ; Dôllinger-Reusch, Gcschichte der Moralslreitigkeiten… 1880, t. i, p. 647 et t. ii, p. 366-372 ; Allgemeine Deutsche Biographie, t. xxxiv, 1893, col. 479, art. Stoz Matlli. (Reusch).

R. Brouillard.

    1. STRAUCH Y VIDAL Raymond##


STRAUCH Y VIDAL Raymond, frère mineur espagnol (xviii'-xixe s.). — NéàTarragone le7 octobre 1700, il entra dans l’ordre des frères mineurs de la province de Majorque, le 4 septembre 1776, au couvent de Palma. Il exerça la charge de lecteur de philosophie et de théologie au couvent de Saint-François de Majorque et enseigna pendant treize ans à l’université lullienne dans la même ville. Il fut non seulement grand théologien et bon philosophe, mais aussi défenseur intrépide de la religion catholique. Ainsi pour faire face aux doctrines impies et corruptrices qui s’infiltraient dans la masse par la revue infâme : Aurora palriôtica Mallorquina, il fonda et dirigea pendant trois ans (18121815) le périodique : Semanario cristiano-politico de Mallorea. Dans les nombreux articles qu’il y écrivit, il se révéla non seulement polémiste redoutable, historien objectif et sincère, critique sagace et serein, mais aussi profond théologien. Dans le même dessein, il traduisit du français en espagnol les ouvrages suivants de l’abbé Barruel : Memorias para servir a la historia del jacobinismo, Palma, 1813-1814, 4 vol., et Historia del clero en tiempo de la revoluciôn francesa, Palma, 1814, 408 p., qu’il pourvut de précieuses notes se rapportant à la situation espagnole. Ses adversaires réussirent à le faire mettre en prison. Mais, quand Ferdinand VII rentra, en 1814, le peuple de Majorque ouvrit les portes de la prison au P. R. Strauch pour le porter en triomphe à travers la ville. R. Strauch fut promu au siège épiscopal de Vich le 23 septembre 1816. La défense intrépide de la religion et des bonnes mœurs ainsi que des droits sacrés de l'Église lui attirèrent la haine farouche des révolutionnaires, qui lui firent subir toutes sortes de vexations et de persécutions. Tenu prisonnier dans son palais épiscopal depuis le Il octobre 1822, il en fut enlevé le 6 novembre suivant et conduit à Barcelone, où il fut emprisonne dans une des tours de la citadelle. Dans la matinée du 16 avril 1823, les révolutionnaires lui firent quitter sa prison et le firent monter avec son compagnon sur un chariot sous le prétexte de le conduire à Tarragone, mais arrivés à Vallirana, à la distance d’une lieue et

demie de Molins de Rey. ils le fusillèrent, dans l’aprèsmidi du même jour, avec son compagnon Michel Qulngles, également frère mineur.

Raymond Strauch est l’auteur de nombreux discours et articles et d’un certain nombre d’ouvrages philosophiques, dans lesquels il se montre un disciple de Duns Scot et de Raymond I.ulle, au moins à en juger d’après les titres. On peut voir la liste détaillée de tous ses ouvrages, sermons, discours et articles dans Criterion, t. vi, 1930, p. 305-311. Parmi les principaux il faut citer sa Theologia lulliana, inédite, qui se conserve à Vich et ses Dogmata uninersæ veleris et recentioris philosopluæ, inédit.

L. Pérez, Regislro de las prouincias de la regular Observancia…, dans Archivo ibero-antericano, t. xviii, 1922, p. 122-123 ; Vna caria del P. Strauch, ibid., p. 126 ; P. Saura Lahoz, Il mo Fr. Iiaymundo Strauch y Vidal, obispo de Vich (1823-1923), dans la même revue, t. xx, 1923, p. 321335 ; Samuel d’Algaida, Fra Hamon Strauch, Ira menori bisbe de Vich, dans Criterion, t. VI, 1930, p. 305-311 ; Fr. Bover, Biblioteca de escritores Baléares, t. ii, Palma, 1868, p. 418421 ; Constante, Episodios tradicionalistas. Montalegre. Xarraciôn veridicae histôrica de los crimenes y asesinatos cometidos al grito de libertad en Manresa en 1822 y en Montalegre en 1869, Barcelone, 1883, p. 191-204.

A. Teetært.

    1. STROSSMAYER Joseph-Georges##


STROSSMAYER Joseph-Georges, évêque de Djakovo en Yougoslavie (Croatie) de 1850-1905, propagateur remarquable de l’idée de l’union des Églises, connu aussi pour son attitude anti-infaillibiliste au concile du Vatican. I. Vie ; II. Activité pour l’union des Églises. III. Attitude au concile du Vatican.

I. Vie.

- Mgr Strossmayer est né le 4 février 1815 à Osijek (l’ancienne Mursa), d’une famille d’origine allemande. Après avoir fait ses études philosophiques à Budapest et ses études théologiques à Vienne, il fut quelque temps vicaire dans le diocèse de Djakovo, son diocèse d’origine, puis fut nommé directeur au collège ecclésiastique Augustineum de Vienne. C’est à ce poste que le trouva, en 1850, sa nomination au siège épiscopal de Djakovo, une petite localité de la Croatie qui à ce moment-là faisait partie de la monarchie austro-hongroise. Par ses qualités intellectuelles et par son intrépidité dans la défense des droits de l'Église et des nations slaves, alors plus ou moins opprimées, Mgr Strossmayer rendit célèbre Djakovo, siège de l'évêché de Sirmium et de Bosnie.

La grande personnalité de Strossmayer est intimement mêlée à la vie politique de la double monarchie à la deuxième moitié du xixe siècle. En Croatie, il est le personnage central autour duquel un mouvement très prononcé se dessine pour l’indépendance des nations slaves du Sud. A cette époque l’on pensait plutôt à une indépendance culturelle, car personne n’osait alors croire à l'écroulement de la puissante monarchie. Mgr Strossmayer s’employa de toutes ses forces à cette œuvre. C’est grâce à lui que fut fondée à Zagreb, capitale de la Croatie, l’académie yougoslave des arts et des sciences, en 1867, et l’université croate, pareillement à Zagreb, en 1874. Mgr Strossmayer puisait à pleines mains dans les riches fonds dont disposait alors son évèché, pour subvenir à de nombreuses institutions nationales.

Mgr Strossmayer entretenait aussi de nombreuses relations avec l'étranger. C'était naturellement dans les pays slaves qu’il comptait le plus d’amis. Mais il en avait aussi à Rome, où il séjournait souvent, et en France. Il n’est allé, il est vrai, qu’une seule fois en France, en 1867, mais il en suivait les événements avec un très sympathique intérêt. Le 7 février 1870, prenant part à la discussion du schéma De vita et honutate clericorum au concile du Vatican, Mgr Strossmayer eutl’occasion d’affirmer ses sentiments à l'égard de l'Église de France : « Qu’il me soit permis d’expri-