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SUAREZ. THÉOLOGIE PRATIQUE, INFLUENCE


n’est pas tenu en conscience de répondre à l’appel des chefs, ne peut être tout au plus que probabilioriste. Sert, vi, n. 12, p. 751. Cf. sur ce point :.1. de Blic, Revue de philosophie, mai-juin 1930, p. 224-230 ; Robert Regout, La doctrine de la guerre juste de saint Augustin à nos jours, Paris, 1934, p. 194-230.

d. En somme la doctrine suarésicnuc de la guerre tend beaucoup plus a mettre celle ri dans la loi que hors la loi. Suarez insiste, peut-être plus qu’aucun de ses prédécesseurs, sur la juste manière (debitus modus) de faire la guerre et la nécessité de se conformer aux coutumes du temps, rattachées au fus ae/iHum, de manière à régulariser et à humaniser les luttes sanglantes des hommes ; cf. toute la section vii, p. 7.V2 s<|. Il ne paraît guère avoir envisagé la possibilité de débarrasser la terre de ce fléau et l’on chercherait en vain dans son œuvre un projet en forme d’arbitrage international.

Indiquons cependant deux textes, qui nous le montrent plus ouvert qu’on ne le croirait d’abord aux ucs d’avenir : le premier, sert, iii, n..">. p. 740, reconnaît au pape, en vertu de son pouvoir indirect in temporalibus, le droit, a l'égard des princes chrétiens, avocandi sibi causant brlli et potestatem ferendi sententiam cui partes Icncntur obedire, nisi manifestant facial injustitiam. Avec Soto, Suarez note que, dès lors, entre les princes chrétiens, bien peu de guerres justes peuvent exister, puisque le recours à cet arbitrage pontifical est toujours ouvert. Le second texte, sert. VI, n. 5, p. 749, porte que, tout à l’ait généralement et en droit naturel, le prince qui demeure dans le doute sur la justice de sa cause devrait soumettre ce doute arbitrio bonorum virorum : il est impossible « pie l’auteur de la nature ait laissé à la seule guerre le soin de décider les litiges humains, ce serait contre la prudence et le bien commun du genre humain, donc contre la justice ; de plus ainsi regulariter habereni ma jus jus qui potentiores essent, atque adeo ex armis effet metiendum, qund barbarum et absurdum s/dis apparet, paroles d’humanité, d’estime du droit et de confiance en Dieu, sur lesquelles nous nous plaisons à terminer cet exposé.

III. SlCCÈS ET INFLUENCE DE LA THÉOLOGIE PRATIQUE SUARÉSIENNE.

Suarez.. discuté et combattu au début de son enseignement, avait vu son autorité s’affermir et un incontestable succès couronner son opiniâtre effort. Ses livres achevèrent de fonder sa réputation doctrinale et la portèrent au loin. Il n’avait pas voulu séparer, dans son œuvre de théologien, théologie dogmatique et théologie pratique ; il fut

considéré, de son vivant même et plus encore après si mort, comme un maître dans cette dernière, non moins que dans la première.

Nous avons déjà signalé les consultations dont il fut

assailli vers la fin de sa vie ; le plus grand nombre portait, si nous en jugeons d’après celles qui oui pu être recueillies par le I'. de Scorraille, sur des points de morale et de droit canonique ; ces matières du reste y prêtaient davantage. De Scorraille, I. ii, p. 2'M sq. Sans essayer d'évaluer avec précision ce qu’a été l’influence posthume hors de pair du grand théologien, il convient cependant, pour conclure, d’indiquer en

gros quelle place doit lui être assignée dans le develop peinent de la théologie morale proprement dite, de la philosophie morale et juridique et du droit international.

I. / nu OLOOtl ""' i' /, ". PJU i// /" ; Suare/ aail pu oir les debuls mêmes du grand ctlorl Casuistique qui se manifesta a la fin du x r siècle et au début du XVIIe. Nous avons essayé de marquer la posi

hou qu’il prit devant lui : s’il n’a pas dédaigné la

Casuistique, s’il a même participe a son travail, il

parait bien avoir refuse, au moins dans ses ouvrages, d'être un pur casuiste. H n’en fut pas moins tenu par

les casuistes comme un de leurs maîtres. Sans doute Lohner, donnant dans son Instruclio practica sexta, Instiiutiones quintuplicis théologies, 2 éd.. 1689, p. 61 l.

une liste des auteurs les plus aptes à la formation du casuiste. cite des contemporains de Suarez. comme Azor, Molina. Th. Sanchez… et ne parle pas de Suarez. Mais Busenbaum, dont la Medulla (1645) est la meilleure réussite parmi les ouvrages scolaires du temps, se réfère souvent a lui. Les Provinciales le mentionnent dans la liste burlesque des nouveaux moralistes (V* Provinciale) au milieu de ses confrères à même consonnance finale, entre Martinez et Henriquez ; elles attaquent plusieurs de ses solutions, six au moins. Œuvres de Pascal, éd. des Grands Écrivains, 1914, t. xi. index, p. 3 11.

Au xvin 1 e siècle. Lacroix, Theologia moralis, 1. 1, De conscientia, n. 166, traitant des auteurs omni exceptione majores, se contente de donner une liste précédemment établie par C.ardenas (In II crisis. disp. I, C. xiii), et où Suarez est cite en premier lieu, suivi de Th. Sanchez. Yasquez, Yalentia. Molina. etc. : ce sont d’après l’expression d’Azor des auctores classici, à mettre au dessus de ceux de deuxième zone, appelés par ce vieux moraliste d’un nom qui fera de nos jours fortune sur un autre terrain, des auctores proletarii.

Concilia, .(/ theologiam christianam… appardtus, t. 1. Home, 177 ; {. I. I. div. III. c. xiii. n. I. p. 162, protestera là contre. Il se plaindra de voir mettre ainsi au rang des simples casuistes. objets de son mépris, Suarez. et d’autres, qu’il estime pour leur connaissance patristique ; Lacroix, dira-t-il, injuria summa detrudit c primo theologorum subsellio in infimam casuistarum classent doctissimos PP. Suarez. Vasquez, Valenliam, Becanum…

Vaine protestation, saint Alphonse de Ligori, ce docteur officiel de la casuistique, regardera Suarez comme un des moralistes les plus considérables du passé et l’utilisera Fréquemment dans sa Théologie morale. Établissant dans les premières éditions de son œuvre, en vue de déterminer la probabilité extrinsèque, une liste des auctores graves, dont les décisions sont particulièrement de poids, il citera Suarez. Il est même curieux de voir que notre théologien, qui, dans la L édition (1760), est nommé le second (sur 22 auteurs énumérés), passe dans la â' édition (1763, 35 auteurs) au premier rang, soit dit sans exagérer l’importance de ce palmarès, el finalement supprimé dès l'édition suivante (la sixième, où le traité de la Conscience fut totalement remanié). Dans la même Théologie morale, d’ailleurs t. III, n. 572, saint Alphonse appellera Lugo muralislarum post I). Thomam facile princeps.

Au xixe siècle et de nos jouis, les moralistes témoignent volontiers a Suarez une grande considération, surtout en raison du De legibus, du De religione, du De sacramentis, regardés comme des ouvrages classiques, les traites sur les Fondements île la morale paraissant moins estimés au point de vue pratique. Dans les

répertoires d’auteurs que donnent certaines théologies inorales, par exemple celles de l.ehnilviihl. dénient. Prummer, Suarez est traite d’auteur de premier ordre ; des témoignages d’hommage plus détaillés se rencontrent chez certains moralistes ; nous renvoyons spécialement comme n'étant pas suspects de confraternité religieuse, a ceux du cardinal d’Aiinibale et de BoU quillon. Le premier, Summula théologies moralis, pars 1,

.">' éd., I '.MIS. p. I. n. 34, déclare : Opéra ( Siiaresii) aerifodinas dixerim, qui, si distinclionibus et vel ineptissimarum opinionum refulalionibus pepercissel, ci brtviori stylo usas esset, forsilan m manibus omnium oersaretur, nocturna profecto diurnaque manu versandus… Le second, Theologia moralis fundamentalis, 3' éd., 1903, n. IT.'i. nota 9, p. 1 1 I. écrit : Suaicsii moralis est