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SUFFISANTE (GRACE) — SUFFRAGE


une correction de l’opinion thomiste en ce sens. Pour lui, la grâce suffisante donne déjà à la volonté humaine une prédétermination véritable à l’acte du consentement : mais, parce que cette prédétermination s’accommode à la nature défectible de l’agent libre, il restera toujours au pouvoir de celui-ci de défaillir et, par conséquent, par sa défaillance même, d’empêcher le passage à l’acte second sous l’influence de la grâce qui, par là-même, demeure simplement sullisante. Toutefois le P. Guillermin admet que seule la grâce efficace écarte infailliblement les obstacles au bon consentement. Revue thomiste, 1901-1903 (série d’articles). De la grâce suffisante. Voir ici Grâce, col. 1676, et Prédestination, col. 29X1-2985.

On ne sera pas étonné que la position prise par Guillermin ait été jugée difficilement concevable. Voir Hugon, Tractatus dogmatici, t. n. Paris, 1931, p. 21 1. Oui ou non, la grâce suffisante confère-t-elle, en soi, le même pouvoir que la grâce efficace ? Pour répondre à la question, il semble qu’on puisse poser un principe de solution indiqué par Billot. d’abord dans une simple note du traité De virtutibus infusis, puis dans un exposé plus long du De gratia, Prato, 1912. Le passade de la volonté mue par la grâce à l’acte second du consentement ne s’expliquerait pas physiquement par l’influence de la grâce, mais simplement par le concours général divin.

L’exercice de notre liberté vers un acte ultérieur est un passage de la puissance à l’acte ; il requiert donc physiquement le concours divin. En quoi consiste ce nouveau concours divin ? Beaucoup de théologiens, appartenant d’ailleurs aux écoles les pins diverses, V voient une grâce actuelle proprement dite…

Eh bien ! en toute sincérité, on peut se demander si telle

est la vérité, si même c’est la pensée (le saint Thomas.

Volwntas non secundum idem mooei et mooetur, nec secundum

idem est in aetu et in potentia, sed in quantum nctu ouït

finem, reducit se de potentia in ueium respectu connu quee sunt ad finem, ut scilicet actu eu petit (l^-U", q. i, a. 3, ad l um). Or, le mouvement indélibéré de la grâce a déjà placé la volonté en face du bien, de la fin a atteindre. La volonté n’a donc plus besoin d'être mue d’une façon déterminée <t spéciale vers ce bien ; il suffira que librement elle s’emploie à atteindre effectivement ce bien ou cette lin par les moyens propres a l’y conduire. Simple exercice de

la liberté par rapport a un acte déjà spécifié.

Nous pensons qu’une grâce nouvelle n’est pas nécessaire pour permettre l’exercice de cette libelle : /< concours ordinaire et général de Dieu suffit, La grâce, d’ordre spécifiquement surnaturel, ne sérail nécessaire que dans la mesure où il faudrait recourir a elle pour expliquer le caractère surnaturel de l’acte bine. Mais ce recoins est absolument

inutile, car la molion surnaturelle qui a produit dans la volonté le premier acte indélibéré agit encoie ; c’est par son influence que la volonté est dirigée vers le bien. Donc, même

chez les pécheurs destitués de la vie surnaturelle, le second acte, délibéré, demeure sons l’inlluenee de la grâce actuelle et, par là, en retire mi caractère surnaturel. Reste simplement à expliquer physiquement le passage de puissance à

acte ; et ici le concours divin ordinaire sullil. Ami du elenjé, 1930, p. 679.

Il sérail facile de montrer qu’aucun texte conciliaire, aucun document du magistère, ne s’oppose à cci le interprétât ion. Voir sur ce point Billot, De gratia, p. 168. Et de plus, cette interprétation est un excellent point de départ pour supprimer les irritantes controverses sur la grâce suffisante et la grâce efficace, ou tout au moins pour transposer ces controverses sur le. terrain philosophique qu’elles n’auraient jamais dû

quitter : l’accord du concours divin et de la libelle humaine. I.a grave difficulté Inhérente au système thomiste d’une double grâce, l’une intrinsèquement différente de l’autre, l’une suffisante ci rien que sufflsante, l’autre efficace par elle même, avec toutes les conséquences pénibles qu’en tiraient les jansénistes,

est supprimée dans son londenient même. Car, si au cune molion nouvelle de la grâce n’est requise même che/ les pécheurs, pour l’acte délibéré, on doit en conclure que la grâce actuelle en elle-même est toujours de même nature, soit qu’elle ait, soit qu’elle n’ait pas son dernier effet qui est le consentement de la volonté ; tout comme l' efficacité des sacrements reste Intacte, même quand, par un obstacle du sujet, ils ne produisent pas la grâce en son àrne. l£t, du coup, se trouve supprimée toute controverse relativement à la distinction de la grâce purement suffisante et de la grâce efficace.

Une seule difficulté, une seule controverse subsiste ; mais on la rapporte a son véritable objet : l’accord de la liberté et de la motion divine. Et c’est ici que le thomisme, que l’on paraissait contredire il n’y a qu’un instant (tout aussi bien d’ailleurs que le molinismei, peut reprendre tous ses droits, selon l’explication qu’on entend apporter à cet aspect du problème de la liberté humaine. Dans l’explication thomiste de ce système, la grâce efficace serait donc la motion surnaturelle à laquelle, pour réaliser le consentement de la volonté, est jointe, en vertu du décret divin, la motion ordinaire dans le sens de l’acquiescement libre de la volonté. Certes, la difficulté quant à la liberté 1 reste entière : mais la controverse est replacée sur le plan du gouvernement divin en général, libérant ainsi d’une façon complète le plan très spécial de la grâce.

lue dernière observation complétera la perspective du système. Nulle prédétermination de la volonté au mal. Toute prédétermination est simplement causale ; elle n’existe que dans le décret divin, voir Prémotion PHYSIQUE, t. xiii, col. 1 1. Mais ici encore, uneautre idée de Billot. De Deo uno et trino, Rome, 1926, thèse xxxii, § 3, p. 312-313, peut être féconde : l’idée d’une prédestination globale, le décret divin visant d’abord l’ensemble des élus et seulement par voie de conséquence chacun d’eux eu particulier. Nous sommes, même dans l’ordre du salut, plus ou moins dépendants les uns des autres, et ainsi c’est une véritable erreur de perspective de ne considérer, dans la réalisation de l’ordre providentiel, que les individus pris à part. Dans chaque ordre providentiel possible, les différents éléments du momie apparaissent à Dieu comme liés entre eux par des connexions qui nous sont impénétrables et ne laissent pas d'être absolument certaines. C’est sur toul l’ensemble que porte le décret divin, décret positif en ce qui concerne le bien contenu dans cet ordre de choses, décret simplement permissif en ce qui concerne le mal. Ce que Dieu a voulu et uniquement voulu, c’est l’ordre du monde, le bien réalisé, la gloire des élus, nonobstant le mal qu’un Ici état de choses a pour ainsi dire comme corollaire ou comme présupposé. Dieu ne prédétermine personne au mal : il veut dans l’ensemble, avec les éléments dont il dispose dans ici ordre possible, réaliser le meilleur bien possible tout en permettant le mal qui se trouve en connexion avec le bien ainsi voulu et réalisé.

On consultera les différents articles du Dictionnaire cités an début de cet expose. De plus les différentes

réflexions faites sur ce sujet dans l’Ami du dente : 1930,

p. (j" ; t (recenston du De <iratia du l'. Lange, S. J.)j ltiiiti, p. 77'.l-7s : i ; 1938, p. 101-102 ; 7IÔ-717 et 1938, p. 188-495.

A..Micin i.. SUFFRAGE. Explication de ce terme :

f° fin liturgie ; 2° lài droit canonique ; -ï' lai théologie. [.En LITURGIE.- Avant la reforme du bréviaire par l’ie X, on appelait « Suffrages des saints », un certain nombre de ménioires-anlienncs avec versets et oraisons qui avaient leur place après l’office des laudes ou des épi es, de] mis l’oclav c de Il '.pi plia nie jusqu’au dimanche de la Passion exclusivement, et depuis

l’octave de la Pentecôte jusqu'à l’Avent exclusivement aux dimanches, fériés et fêtes, exception faite